14.08.2013 Views

La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

d’eau finissant l’état <strong>de</strong> <strong>bonheur</strong> argenté (la pure solitu<strong>de</strong>).<br />

En effet à côté <strong>de</strong>s autres, bien que le <strong>bonheur</strong> soit ressenti, il est<br />

toujours menacé par l’attaque <strong>du</strong> temps qui coule. C’est là que<br />

l’imaginaire <strong>de</strong> <strong>Bobin</strong> appelle l’« eau » pour mieux faire comprendre<br />

l’écoulement <strong>du</strong> temps et le passage <strong>de</strong> la vie éphémère d’un <strong>bonheur</strong><br />

partagé entre <strong>de</strong>ux êtres. Ce recours à l’eau se voit <strong>dans</strong> la tonalité<br />

bleue <strong>de</strong> la neige-flamme, comme nous l’avons remarqué ci-<strong>de</strong>ssus, où<br />

la flamme se liquéfie. C’est tout un dynamisme qui commence <strong>dans</strong> la<br />

substance <strong>de</strong> rêverie <strong>de</strong> <strong>Bobin</strong>. En passant par une nature liqui<strong>de</strong>, ce<br />

dynamisme arrive aux nouvelles images <strong>du</strong> <strong>bonheur</strong>.<br />

Être en <strong>bonheur</strong> et l’amour<br />

Une évolution importante se pro<strong>du</strong>it <strong>dans</strong> la situation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux êtres<br />

goûtant le <strong>bonheur</strong> partagé quand naît entre eux l’amour :<br />

Elle entre <strong>dans</strong> l’amour comme <strong>dans</strong> une eau verte,<br />

d’abord peu sûre, peu engageante. On en ignore la<br />

profon<strong>de</strong>ur et la fraîcheur. On y entre quand même le<br />

cœur brûlant…le visage ouvert par la fraîcheur à venir,<br />

le visage ruisselant <strong>de</strong> peur et <strong>de</strong> joie, et voilà, c’est<br />

aussi bête que ça : on nage. Quel <strong>bonheur</strong>. Mon Dieu<br />

quel <strong>bonheur</strong>. On est <strong>dans</strong> l’eau verte comme <strong>dans</strong> un<br />

morceau <strong>de</strong> ciel. On est <strong>dans</strong> l’amour naissant comme<br />

<strong>dans</strong> les bras <strong>de</strong> Dieu. Jouissance <strong>de</strong> perdre pied […]<br />

Jouissance d’attendre et <strong>de</strong> désespérer d’attendre.<br />

Jouissance <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> l’attente, jouissance sur<br />

jouissance. (IB, p. 91)<br />

L’amour commence tout doucement. Il pousse <strong>dans</strong> la ver<strong>du</strong>re <strong>de</strong> l’eau.<br />

Cette ver<strong>du</strong>re métaphorise en effet la fraîcheur substantifiée d’une eau<br />

charnelle 1<br />

et elle réveille les valeurs sensuelles attachées à cette<br />

1 Gaston Bachelard, L’eau et les rêves, p. 46.<br />

50

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!