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un fauteuil périlleux bousculade pour un perchoir une dame de ...

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© Ph. AFP<br />

COUVERTURE<br />

• Scène insoutenable d’<strong>un</strong> assassinat odieux commis par les militaires israéliens.<br />

Palestinien est nerveux, physiquement<br />

usé, décidé à ne cé<strong>de</strong>r, comme<br />

d'habitu<strong>de</strong>, qu'en <strong>de</strong>rnière limite. On<br />

lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra, <strong>un</strong>e fois encore, <strong>de</strong><br />

mettre <strong>un</strong> terme à la colère <strong>de</strong> son<br />

peuple.<br />

Insolence<br />

La maison <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong>ur américain<br />

se transforme en camp David<br />

parisien. Ma<strong>de</strong>leine Albright parvient<br />

à ré<strong>un</strong>ir Barak et Arafat. Ils se<br />

rencontrent, se parlent même, le<br />

temps d'<strong>un</strong> intermè<strong>de</strong> d'images soft<br />

<strong>pour</strong> les télévisions, et se séparent.<br />

Sur le terrain, la ron<strong>de</strong> mortuaire<br />

continue.<br />

Les enfants <strong>de</strong> l'Intifada et leurs<br />

petits frères <strong>de</strong> douze-quatorze ans ne<br />

croient plus à ces interminables<br />

conciliabules à grand spectacle, qui<br />

n'aboutissent à rien. La polémique<br />

sur la commission d'enquête internationale<br />

<strong>pour</strong> définir les responsabilités<br />

dans <strong>un</strong> massacre à sens<br />

<strong>un</strong>ique, ne les intéressent pas.<br />

D'ailleurs à Paris, ils parlent <strong>de</strong> cessez-le-feu.<br />

Or, les enfants palestiniens n'ont<br />

<strong>pour</strong> armes que <strong>de</strong>s pierres. Ils ne<br />

sont donc pas concernés. Ils sont plus<br />

les enfants <strong>de</strong> Cheikh Yassine et du<br />

mouvement Hamas que <strong>de</strong> Arafat et<br />

du Fatah. Ils tutoient la mort avec insouciance<br />

et interpellent le mon<strong>de</strong><br />

avec <strong>un</strong>e extrême insolence.<br />

Entre <strong>de</strong>ux accrochages et trois<br />

enterrements, ils font <strong>de</strong> l'humour.<br />

Que vaut <strong>un</strong>e vie palestinienne au<br />

jour d'aujourd'hui? Moins qu'<strong>un</strong> baril<br />

<strong>de</strong> pétrole, surtout au cours actuel.<br />

La Ligue arabe tient le compte.<br />

Il y aura <strong>un</strong>e prière <strong>pour</strong> nous, le vendredi,<br />

dans toutes les mosquées. Nous<br />

aussi, nous prierons <strong>pour</strong> tous nos<br />

frères arabes, leurs petits chefs et<br />

leurs grands gouvernements. Ce sera<br />

la prière <strong>de</strong> l'absent.<br />

Humour <strong>de</strong> dépit, humour <strong>de</strong><br />

désespoir. Ça continue. Il nous fau-<br />

dra, nous autres Palestiniens, transférer<br />

notre dossier <strong>de</strong> l'ONU à<br />

l'UNESCO. L'institution culturelle<br />

<strong>pour</strong>rait mieux nous protéger en nous<br />

déclarant "espèce humaine menacée<br />

d'extinction". Mieux vaut <strong>un</strong> aborigénat<br />

<strong>de</strong> survie, dans <strong>de</strong>s réserves à<br />

l'indienne, où nous serions régulièrement<br />

visités par <strong>de</strong>s touristes japonais,<br />

qu'<strong>un</strong>e disparition certaine.<br />

Question a <strong>un</strong> <strong>de</strong>mi-shekel. Y at-il<br />

plus menteur qu'<strong>un</strong> officiel israélien?<br />

Oui, <strong>un</strong> autre officiel israélien.<br />

À Tel Aviv, Shlomo Ben Ami<br />

et Ehud Barak ont reconnu l'acte provocateur<br />

<strong>de</strong> Ariel Sharon, le Goering<br />

israélien, qui avait délibérément profané<br />

l'esplana<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mosquées, à Al<br />

Qods.<br />

À Paris, le même Barak fait volte-face,<br />

rejetant toute la responsabilité<br />

sur l'Autorité palestinienne. Le<br />

mensonge et l'imposture sont les <strong>de</strong>ux<br />

principes fondateurs <strong>de</strong> l'idéologie<br />

sioniste. Barak a peur d'être chassé<br />

du pouvoir par plus extrémistes que<br />

lui. C'est presque acquis. Ce sera chose<br />

faite dès l'ouverture <strong>de</strong> la Knesset,<br />

le 30 octobre. Arafat, lui qui n'a ni<br />

État, ni capitale, ni armée, est prié<br />

<strong>de</strong> continuer à négocier <strong>pour</strong> rien.<br />

Délivrance<br />

Cheikh Yassine, chef spirituel du<br />

Hamas, a raison. Ce corps étranger,<br />

artificiellement implanté au Proche-<br />

Orient, ne prendra pas. Israël, État<br />

militaire, fanatiquement religieux et<br />

foncièrement raciste, ne conçoit son<br />

existence que par le conflit permanent.<br />

Il porte en lui les germes <strong>de</strong> sa<br />

décrépitu<strong>de</strong>. C'est écrit. Itshak Rabbin<br />

et Simon Pérès ont essayé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />

autrement. Ils ont été, l'<strong>un</strong> assassiné,<br />

l'autre méthodiquement marginalisé.<br />

Le chemin <strong>de</strong> la délivrance est<br />

long. Mais tant qu'il y aura <strong>de</strong>s enfants<br />

palestiniens, la liberté sera à <strong>un</strong><br />

jet <strong>de</strong> pierre.❏<br />

AUTREMENT<br />

UN NOUVEL HOLOCAUSTE<br />

Par Maïssa BATEH-SELHAMI<br />

À l'étonnement <strong>de</strong> la j<strong>un</strong>te militaire,<br />

les Palestiniens ont prouvé qu'ils<br />

étaient <strong>de</strong>s lions.<br />

Le message est à nouveau tombé, <strong>pour</strong> découvrir le visage hi<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> l'État<br />

usurpateur. Les images <strong>de</strong>s massacres perpétrés contre <strong>de</strong> je<strong>un</strong>es manifestants<br />

palestiniens armés <strong>de</strong> pierres, <strong>de</strong> leur foi et <strong>de</strong> leur volonté d'<strong>un</strong>e<br />

vie digne sur la terre <strong>de</strong> leurs ancêtres, ont fait le tour du mon<strong>de</strong>.<br />

Des je<strong>un</strong>es confrontés aux tireurs d'élite et aux chars <strong>de</strong> l'armée dite israélienne,<br />

qui réprime et tue les Palestiniens <strong>de</strong>puis l'occupation <strong>de</strong> leur pays,<br />

il y a plus d'<strong>un</strong> <strong>de</strong>mi-siècle. Un nouvel holocauste, qui dure et perdure sous<br />

l'œil complaisant <strong>de</strong> la comm<strong>un</strong>auté internationale.<br />

Cette nouvelle Intifada, la quatrième <strong>pour</strong> Al Aqsa <strong>de</strong>puis 1990, toujours<br />

après <strong>de</strong>s massacres et <strong>de</strong>s agressions israéliens, a été provoquée par la visite<br />

du rhinocéros du Likoud, Ariel Sharon, assassin <strong>de</strong> femmes et d'enfants,<br />

organisateur <strong>de</strong>s massacres <strong>de</strong> Sabra et Chatila au Liban, sur les esplana<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>s mosquées Al Aqsa. Sharon a souillé par sa présence avec <strong>un</strong> millier <strong>de</strong><br />

soldats armés, le sol <strong>de</strong> la mosquée Al Aqsa. Provocation que l'on attribue à<br />

<strong>un</strong> acte électoral qui se fait au détriment du peuple palestinien et qui prouve<br />

que l'État juif est hostile à la paix, contrairement à ce qu'il prétend. Car nul<br />

en Israël n’ignorait les conséquences que pouvait entraîner <strong>un</strong> acte qui ressemble<br />

surtout à <strong>un</strong>e déclaration <strong>de</strong> guerre. Souiller les lieux saints est <strong>un</strong> acte<br />

sacrilège <strong>pour</strong> les Palestiniens, ainsi que <strong>pour</strong> tous les Arabes et les<br />

Musulmans. Les manifestations dans les différents pays arabes, en Israël même<br />

où la comm<strong>un</strong>auté palestinienne a déploré plus <strong>de</strong> dix morts, et les réactions<br />

<strong>de</strong>s pays musulmans en sont la preuve. En fait, si le Likoud s'est déjà<br />

désolidarisé du gouvernement (parce que Barak a fait trop <strong>de</strong> concessions<br />

aux Palestiniens), ce <strong>de</strong>rnier ne pouvait ignorer les intentions du général assassin,<br />

puisqu'il était accompagné <strong>de</strong> l'armée. Cela prouve que Barak était partie<br />

prenante d'<strong>un</strong> complot qui visait à saboter les accords <strong>de</strong> paix. Il voulait<br />

certainement aussi jouer <strong>un</strong> tour <strong>de</strong> force <strong>pour</strong> montrer à l'Autorité palestinienne<br />

<strong>un</strong> exemple <strong>de</strong> ce qui <strong>pour</strong>rait arriver s'il lui venait à l'idée <strong>de</strong> déclarer<br />

l'État indépendant sans accord préalable. Ou encore <strong>pour</strong> la p<strong>un</strong>ir d’être<br />

resté ferme dans ses positions à Camp David. En ordonnant à l'armée <strong>de</strong> tirer<br />

à balles réelles, d'utiliser les armes lour<strong>de</strong>s et les hélicoptères, Barak pensait<br />

adresser <strong>un</strong> simple message aux Palestiniens. Le message a été reçu cinq<br />

sur cinq. Mais à l'étonnement <strong>de</strong> la j<strong>un</strong>te militaire qui par sa bêtise a réitéré<br />

comme à l'accoutumée les massacres <strong>de</strong> dizaines d'enfants et d'adolescents,<br />

les Palestiniens ont prouvé qu'ils étaient <strong>de</strong>s lions. Ils ont démontré aux dirigeants<br />

<strong>de</strong> l'État juif qu'ils n'accepteraient jamais que leurs lieux Saints soient<br />

administrés par Israël, que le peuple palestinien existe bel et bien, qu'ils ne<br />

réussiraient pas à le décimer, ni à lui faire oublier avec le temps sa patrie.<br />

La preuve est que trente-trois <strong>pour</strong> cent <strong>de</strong>s morts, dont le nombre était d'<strong>un</strong>e<br />

centaine <strong>de</strong> personnes les premiers six jours, sont <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> seize<br />

ans. Et trente-cinq <strong>pour</strong> cent <strong>de</strong>s mille neuf cents blessés sont du même âge.<br />

D'après les responsables <strong>de</strong>s hôpitaux, soixante-dix <strong>pour</strong> cent <strong>de</strong>s blessures<br />

sont au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'abdomen, et quarante <strong>pour</strong> cent dans la tête. Une preuve<br />

concrète <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> tuer. Les images en direct <strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong> l'enfant<br />

Mohamed Dorrah caché avec son père qui essayait <strong>de</strong> le protéger, <strong>de</strong>rrière <strong>un</strong>e<br />

poubelle, est <strong>un</strong> témoignage oculaire <strong>de</strong> la barbarie <strong>de</strong>s soldats israéliens. Ils<br />

ont tiré <strong>de</strong> sang froid sur <strong>de</strong>s civils sans armes qui criaient au secours. Jamal<br />

Dorrah était parti avec son fils <strong>pour</strong> acheter <strong>un</strong>e voiture d'occasion, et le hasard<br />

a fait qu'ils soient tous <strong>de</strong>ux coincés à ce carrefour. Il gît aujourd'hui sur<br />

<strong>un</strong> lit d'hôpital à Amman dans <strong>un</strong> état critique, sans avoir pu assister aux f<strong>un</strong>érailles<br />

<strong>de</strong> son fils. Mohamed Dorrah n'est pas le plus je<strong>un</strong>e enfant assassiné<br />

par les Israéliens, qui d'après Barak ne faisaient que se défendre. Quant à<br />

la police palestinienne qui essayait <strong>de</strong> protéger ses concitoyens, elle est tenue<br />

<strong>pour</strong> responsable par Israël.<br />

Mais contre qui se défen<strong>de</strong>nt les soldats israéliens ? Est-ce contre cette petite<br />

fille d'<strong>un</strong> an et <strong>de</strong>mi, qui a été tuée dans la voiture <strong>de</strong> ses parents ? Ou contre<br />

<strong>un</strong> autre enfant <strong>de</strong> neuf ans qui ne faisait que <strong>de</strong>scendre le drapeau israélien,<br />

parce qu'il ne voulait pas qu'<strong>un</strong> drapeau étranger flotte dans son pays?<br />

Elles seront gravées à jamais dans la conscience du mon<strong>de</strong> libre, les images<br />

<strong>de</strong> ces enfants assassinés par les mains criminelles qui vont sécher, non pas<br />

parce qu'elle appartiennent à <strong>de</strong>s gens qui ont oublié Jérusalem. Mais parce<br />

que ce sont les mains <strong>de</strong> ceux qui veulent décimer <strong>un</strong> peuple enraciné dans<br />

cette terre <strong>de</strong> Palestine, bien avant le judaïsme, et éliminer <strong>un</strong>e présence musulmane<br />

continue <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> treize siècles.<br />

Le pogrom <strong>de</strong>s Palestiniens ne fait que noircir l'image <strong>de</strong> l'État soi-disant<br />

démocrate. La commission d'enquête internationale que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt les<br />

Palestiniens finira par se constituer, et <strong>pour</strong> juger les criminels <strong>de</strong> guerre, malgré<br />

le refus d'Ehud Barak, qui en connaît d’avance les résultats.<br />

Les généraux israéliens ne <strong>pour</strong>ront pas continuer à duper le mon<strong>de</strong> éternellement,<br />

en prétendant vouloir la paix alors qu'ils pilonnent les immeubles<br />

<strong>de</strong> Gaza. La position <strong>de</strong> la France qui irrite les dirigeants d'Israël en est <strong>un</strong>e<br />

preuve.❏<br />

Maroc Hebdo International n° 434 - Du 6 au 12 oct. 2000<br />

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