un fauteuil périlleux bousculade pour un perchoir une dame de ...

É C L A I R A G E
PRÉCAMPAGNE
POUR 2002
Par Mustapha SEHIMI
Le PJD dans l'opposition. Le parti
des islamistes a laissé tomber le
soutien pour se cantonner dans la
critique.
Voilà un positionnement électoral et politique qui ne doit
pas tromper : en se situant désormais dans le camp d'opposition,
le PJD (Parti de la justice et du développement) effectue
une première grande manœuvre pour les élections législatives
normalement prévues en 2002. Il faut prendre
l'exacte mesure de la nature et de la portée de cette décision.
C'est le Conseil national de cette formation islamiste qui
a, en effet, décidé de retirer son "soutien critique" au cabinet
de M. Youssoufi pour se ranger dans l'opposition. Les arguments
mis en avant à cet égard ne manquent sans doute pas
d'intérêt : modestie des réformes, immobilisme de l'action
gouvernementale. Mais il faut bien voir que le PJD estime
surtout qu'à mi-législature, il lui faut adopter une autre posture.
Depuis la nomination du gouvernement d'alternance,
en mars 1998, le PJD avait adopté durant quelque trente mois
une attitude de "soutien critique". Il ne pouvait s'opposer à
un cabinet historique d'alternance constitué, pour une bonne
part, par des partis issus du mouvement national dirigé de
surcroît par un parti comme l'USFP et un Premier ministre
comme Me. Abderrahmane Youssoufi. Mais, dans le même
temps, il ne pouvait pas pratiquer un "suivisme" inconditionnel
à la remorque des partis de la Koutla par exemple. Ne
restait alors que cette formule médiane du "soutien critique"
adoptée aussi d'ailleurs par le parti de l'Istiqlal.
Avec un groupe parlementaire dans la première Chambre,
le PJD avait une tribune et une visibilité. L'affaire du fameux
projet de plan d'intégration de la femme et la manifestation
exceptionnelle de Casablanca du 12 mars dernier avaient été
du pain béni pour une formation qui a pu ainsi faire la preuve
de ses capacités d'organisation et de mobilisation. Tel était
le (nouveau?) rapport de forces qui s'articulait au grand jour.
Comment gérer cette situation? Les inviter à participer au
gouvernement remanié d'il y a quatre semaines en y intégrant
certains des dirigeants de ce parti? Une telle procédure
peut donner des résultats avec une formation comme le parti
de l'Istiqlal prêt à tous les accommodements depuis des
lustres; mais avec le PJD, elle se serait heurtée à une porte
close. Pourquoi?
Parce que ce segment-là voit au delà de deux ou trois ministères
à gérer durant deux ans à peine et qu'il se préoccupe
davantage de la carte politique et de l'articulation issues
des élections de 2002.
À l'ancien schéma de notre système de partis – avec d'un
côté les formations issues du mouvement national et de l'autre
celles nées depuis la "Marche Verte" – pourrait se substituer
une bipolarisation d'une autre nature. Celle-ci mettrait en face
et compétition tous les partis traditionnels actuels, toutes
tendances confondues, et le PJD appuyé par les associations
de la nébuleuse islamiste. Les élections partielles du 31 août
dernier ont déjà illustré ce clivage ; et nombreux sont ceux
qui estiment que les élections de 2002 ne seront pas seulement
celles de l'argent et de la démocratie mais aussi celles
qui permettront de départager les candidats islamistes de tous
les autres candidats. Cette évaluation est d'autant plus probante
que d'ici deux ans, la référence au mouvement national – qui
est celle de l'USFP et du PI surtout – aura largement épuisé
ses effets: parce qu'un demi-siècle après, elle n'aura guère
les mêmes vertus mobilisatrices; mais aussi du fait de la banalisation
qu'impose, jour après jour, la gestion gouvernementale;
enfin, parce que ce cabinet - à la différence de toutes
les élections qui ont eu lieu depuis 1960 – ne pourra pas ne
pas être jugé sur son bilan de cabinet sortant...
Si être démocrate c'est accepter le verdict des urnes, il y
a de quoi s'interroger sur les menées médiatiques "activistes"
d'un certain microcosme jouant à se faire peur. Laissons les
électeurs juger qui fait quoi et qui mérite la confiance. La
diabolisation d'ores et déjà des islamistes ne doit pas être un
rideau de fumée visant à masquer les contradictions et les
insuffisances de ceux qui ont aujourd'hui la charge gouvernementale.❏
ADMINISTRATION
Promotion interne de grande ampleur dans les rangs
de la police
LE RETOUR
DE L’ESPOIR
Si cette promotion de grande ampleur a eu
un effet psychologique important parmi la
police, il n’en demeure pas moins qu’il existe
nombre de problèmes dont souffre la police
marocaine. Les policiers en tenue sont
les moins avantagés au niveau des salaires
et des droits sociaux.
Un vent de soulagement
a soufflé dans
les rangs de la police
nationale après la promotion
interne, tous grades
confondus, décidée vendredi
29 septembre par la direction
générale de la sûreté
nationale dirigée par
Abdelhafid Benhachem.
C’est l’avancement le plus
important qu’ait connu ce
corps depuis 1967.
En termes d’effectifs et
par le nombre des gradés.
Près de 2000 fonctionnaires
de la police ont pris du grade.
Les critères retenus dans
cette évolution sont l’ancienneté,
le mérite, les diplômes
et la responsabilité.
Ainsi, 11 divisionnaires
sont-ils passés au grade de
contrôleur général, 74 commissaires
à celui de commissaire
principal, 35 sont
devenus commissaires de
police et 78 des officiers de
police principale. Quant aux
inspecteurs de police élevés
au grade d’inspecteurs principaux,
ils sont au nombre
de 687.
D’officiers, 33 sont devenus
officiers principaux,
18 brigadiers chefs ont été
promus officiers de paix.
Parmi les brigadiers chefs,
18 ont été promus officiers
de paix, tandis que pas
moins de 900 gardiens de la
paix ont pris le grade de
sous-brigadiers et 371 ont
bénéficié de rang de brigadiers
chefs et 288 de celui de
brigadiers…
Les promotions ne
concernent pas uniquement
la police en tenue, les commandants
de groupement et
les commandants principaux,
mais aussi les assistants
de police (72 sont devenus
assistants principaux)
et les agents de police (26
ont été hissés à l’échelon
d’auxiliaires de police).
Par ailleurs, Brahim
Oussirou, qui a le grade de
contrôleur général -le grade
le plus élevé de la hiérarchie
de police- a obtenu
• Abdelhafid Benhachem, directeur général de la DGSN.
la fonction de préfet de
Casablanca qu’il exerce du
reste depuis quelques années
déjà. Respectivement
commandant national des
CMI (Compagnie mobile
d’intervention) et chef de
sûreté régionale d’El Jadida,
Ahmed Abrouk et Abdesslam
Badani ont été promus,
eux aussi, au rang de préfet.
Décalage
Si cette promotion de
grande ampleur a eu un effet
psychologique important
parmi la police, il n’en demeure
pas moins qu’il existe
nombre de problèmes
dont souffre la police marocaine.
Les policiers en tenue
sont les moins avantagés
au niveau des salaires
et des droits sociaux.
Ce qui est en décalage
avec la dureté de leur tâche
et la spécificité de leur fonction.
Hommes de terrain représentant
en uniforme l’autorité
de l’État, ils sont en
contact permanent avec le
public et mobilisés en per-
manence. Et pourtant, ils ne
sont pas justement rétribués
pour une fonction qui est
loin d’être une sinécure.
Salaires dérisoires, mutuelle
des moins efficaces, absence
de clinique mutualiste
pour les soins médicaux….
Et pour les autres aspects
sociaux, on ne connaît pas à
la sûreté nationale un véritable
COS, qui facilite à ses
membres l’accès au logement,
l’aménagement de
centres de repos pour familles
ou de centres de vacances
pour enfants.
Quant aux conditions et
aux moyens, il n’y a qu’à
faire un tour de travail dans
les commissariats pour se
rendre de visu qu’elles sont
déplorables… Il est temps
de doter la police d’un statut
spécial. Le directeur général
de la DGSN en est
conscient. Il est décidé à
contribuer à l’amélioration
des conditions matérielles
et morales des policiers. ❏
A.C.
Maroc Hebdo International n° 434 - Du 6 au 12 Oct. 2000
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