un fauteuil périlleux bousculade pour un perchoir une dame de ...

MARITIME
Les gens de la mer attendent toujours des réponses à leurs doléances
L’AMÈRE DÉCEPTION
Grâce à la virulente agitation des pêcheurs espagnols,
les Marocains se sont rendu compte de
l'importance de nos richesses halieutiques et le
danger qui guête leur épuisement définitif. Quant
aux ports il est évident qu’ils ne peuvent demeurer
rentables en faisant cavalier seul et doivent
être intégrés dans une stratégie maritime globa-
Le Maroc vient de se
doter d'une nouvelle
composition gouvernementale,
mais pas vraiment
d'un nouveau gouvernement.
Sans vouloir jouer sur les
Par Abdelekader TIMOULE
mots, le temps ne s'y prêtant
guère, si ce remaniement ministériel
tant attendu est loin
de faire l'unanimité en général,
pour les gens de mer ce
fut une amère déception.
Ceux ci attendaient avec impatience,
et cette fois-ci plus
que jamais, la création d'un
ministère des affaires maritimes
ou de l'économie de la
mer, qui était supposé placer
sous la même tutelle dans
l'ordre logique, les pêches
maritimes, la marine marchande
et les ports, en vain.
Déconvenue
Plus qu'une déception, ce
fut une déconvenue de taille,
d'autant que lors des nécessaires
tractations, et autres habituels
conciliabules pendant
les négociations pour la formation
de la nouvelle équipe
gouvernementale, la presse
avait annoncé, à la grande joie
des professionnels du secteur,
l'émergence d'un département
spécifiquement marin. Hélas!
ce ne fut pas le cas. Encore un
grand rendez-vous historique
manqué, perdu pour le
Maroc, pour unir, recentrer
l’organisation de ses multiples
activités maritimes.
Comment est-ce possible
que nos gouvernants soient
totalement en dehors des réalités
du pays et si primitifs en
matière de réflexion sur la vision
océane du Royaume? Il
faut se rendre à l'évidence,
les "politiques" sont des gens
autrement différents, le métier
veut, entre autres, qu'ils soient
• Les pêcheurs attendent des mesures concrètes.
excellents bluffeurs, ils raisonnent
différemment, que le
commun des mortels que
nous sommes, probablement
capables en tant que tels de
réussir la prouesse de séparer
les nobles humaines émotions
du cœur du froid raisonnement
de l'esprit. En
principe, plus pragmatiques
que nationalistes, éminemment
théoriques, ils deviennent
«profitablement» pratiques
quand ils s'agit de négocier
un bénéfice politique,
un intérêt matériel.
Lors du “conclave” ils se
sont donc âprement disputé
à grands coups de pression et
de chantage, l'obtention
d'abord de nombre de portefeuilles
et ensuite le choix de
ceux des plus conséquents.
Nul autre mobile n’a guidé
leurs dévorantes ambitions
du pouvoir. On a été jusqu'à
créer des départements rien
que pour redresser une formation
politique boiteuse ou
pour repêcher un candidat à
la dérive. Bravo Messieurs
pour le suspens dans lequel
vous avez inutilement susprendu
le pays pour finalement
le surprendre désagréablement
avec une formation
mutilée de ses
le au niveau national avec la marine marchande
et les pêches.Tant de questions qui ne peuvent
rester indéfiniment posées. C'est à croire qu'il n'y
a pas de courant politique capable d’appréhender
ces enjeux.C'est une grave, une impadonnable
erreur «des gens de l'alternance» d'avoir
sous estimé le maritime.
meilleurs animateurs, dans la
foulée, on a décidé qu’il n’y
a pas de place pour un département
de la mer.
Il n'y a pas de raison à son
existence, que nos 3500km
de littoral ne représentent pas
grand chose, que le million
de km2 de notre territoire ou
zone économique exclusive
n'est rien d'autre qu'une immense
flaque d'eau salée. Il en
est de même de la couverture
du transport maritime qui
représente 96% de notre commerce
extérieur; il est vrai
qu’il peut être assuré par le
pavillon étranger et tant pis
pour les milliards de dh en
devises perdus annuellement
pour le Maroc.
Perdition
Ajouter à cela le constant
désarroi des compagnies de
navigation en proie à l’anarchie
de revendications disproportionnées
ou infondées
des syndicats profitant du vide
sidéral qui caractérise, par
ce temps, le processus de prise
de décision.
Sans oublier la détresse
des armements de pêche obérés
facheusement et donc
otages des créanciers qui menacent
liquidations.
Souligner la confusion, ou
aligner des chiffres, aussi impressionnants
soient-ils, ne
change strictement rien à la
situation actuelle.
Et quoi qu'il en soit, nos
braves marins pêcheurs, ou
de la marine marchande et
ceux assurant toutes sortes de
prestations de service dans
les ports (pilotes, marins et
officiers de remorquage, de
pilotage, officiers et capitaines
de ports), et en dépit
des prétentions insensées du
FFD, tout ce monde de gens
de mer, de virulents inconditionnels
militants de l'UNFP,
de l'USFP et du P.I ont été,
après tant d’années d’attente
amérement déçus par la
"gauche" au pouvoir qui,
maladroitement, lamentablement
a raté une opportunité
inespérée pour faire renouer
le Maroc avec l'une de ses
plus glorieuses traditions en
créant un département maritime.
Fort heureusement, pas
plus que notre gouvernement
de composition et de compétences
disparates, le grand
public marocain n'a pas vraiment
conscience des énormes
enjeux que représente la force
économique de l’unicité
© Ph. MHI
Maroc Hebdo International n° 434- Du 6 au 12 oct. 2000
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des sensibilités des composantes
maritimes en un
unique département ministériel.
Pas plus qu'il n'a connaissance,
du reste au même titre
que nos parlementaires, de la
haute stratégie que peut représenter
pour le Maroc la
gestion de l’observatoire de
contrôle du détroit de Tarik
côté Afrique, totalement négligé
et ce en dépit de l'existence
de coûteuses structures
mises en place et inexploitées
depuis une décennie faute de
décideurs identifiés dans ce
domaine, où on ne sait plus
qui fait quoi?
Espoir
Cependant et grâce à la virulente
agitation des pêcheurs
espagnols, les Marocains se
sont rendu compte de l'importance
de nos richesses halieutiques
et le danger qui
guête leur épuisement définitif.
Quant aux ports il est évident
qu’ils ne peuvent demeurer
rentables en faisant
cavalier seul et doivent être
intégrés dans une stratégie
maritime globale au niveau
national avec la marine marchande
et les pêches.
Tant de questions qui ne
peuvent rester indéfiniment
posées. C'est à croire qu'il n'y
a pas de courant politique capable
d’appréhender ces enjeux.C'est
une grave, une impadonnable
erreur «des gens
de l'alternance» d'avoir sous
estimé le maritime. Mais
peut-être n'est-ce que partie
remise, le prochain gouvernement
est dans moins de 24
mois, il sera réellement issu
des urnes et donc solide car
crédité de la double confiance
royale et populaire et sans
nul doute, le Maroc aura-t-il
enfin l'honneur de compter
dans son gouvernement, le
grand ministère de la mer qui
depuis si longtemps lui faisait
cruellement défaut. En
tout cas c’est l’espoir le plus
ardent d’une immense population
de gens de mer.❏