un fauteuil périlleux bousculade pour un perchoir une dame de ...

© Ph. DR
POST-SCRIPTUM
CYBERCONFRÈRES
Les Communistes américains ont la pêche
"DANS LE VENTRE DE LA BETE"
Au coeur de Manhattan,
une affiche géante clame
: "Répandez le capitalisme".
Pas que quoi décourager
Sam Webb, président du
Parti Communiste Américain,
ni la centaine de
membres ou sympathisants
venus l'écouter.
Entre les tours de Wall
Street et les néons de Times
Square, "nous avons parfois
le sentiment d'être dans le
ventre de la bête", sourit
Israël Smith, président de la
Ligue des jeunes communistes,
deuxième orateur, dimanche,
d'une réunion publique
au siège national du
parti dont le mot d'ordre est
clair: barrer la route à George
Bush.
"Mais pensez un peu à ce
que c'est que d'être pauvre
à Manhattan. La réalité que
doivent affronter de nombreuses
personnes dans cette
ville n'a rien à voir avec
ce que vous pouvez voir dans
les grands médias".
S'il ne revendique que
quelque 20.000 membres
aux Etats-Unis, et des cellules
dans 28 des cinquante
États, le PCUS n'est plus, depuis
longtemps, l'objet d'aucun
ostracisme officiel.
Pas de faucille et marteau
au fronton de son discret immeuble
de la 23ème rue,
mais sa profession de foi affirme
sans détour que, "Nous
sommes un parti de travailleursmarxiste-léniniste".
"Nous vivons à l'aube
d'une ère nouvelle", lance à
une assistance où dominent
les cheveux blancs Sam
Webb, élu en mars à la direction
du parti, qui ajoute:
"La guerre froide est terminée,
notre parti est bien reçu
dans le pays.
Les mouvements de protestation
croissent. Et il est
important de tout faire pour
empêcher l'élection de Bush
le 7 novembre".
A 88 ans, Charlotte
Sinovoi boit en souriant les
paroles de l'orateur.
Membre du parti depuis
les années 30, elle a connu la
montée du nazisme en
Europe, les affres du
McCarthysme et, toujours,
la toute-puissance de la culture
dominante aux Etats-
Unis, largement anti-communiste.
Mais rien ne l'empêchera
de penser que "le capitalisme
est auto-destructeur,
cannibale: il ne se développe
qu'en se dévorant lui-même.
Comme un arbre dont
vous coupez les racines: cela
prend du temps, mais il
meurt".
A l'entrée de la salle, une
de ses amies à peine plus jeune
vend d'une main tremblante,
pour un dollar, des
badges "Le capitalisme pue"
ou "Stop Bush".
Mobilisation
Derrière la grande table,
deux autres mamies distribuent
des parts de tarte et des
encouragements. Gabe
Falsetta, 57 ans, est là en sa
qualité de "compagnon de
route" du parti. "Je n'ai jamais
adhéré à cause de la
peur du Rouge. Cela faisait
effet, même sur moi. Mais
Toujours. Jeunes
mariés se préparant à
entrer en période de
troubles,
d’insomnies,
d’assiettes volantes,
de lessives en
montagne
entrecoupées de
câlins pacificateurs.
Les tourtereaux sont
emmêlés dans la
voiture qui roule
vers Malaga où ils
passeront une nuit de
noces bien tiède.
Avant la banquise de
la confrontation
domestique. Faites la
vaiselle pas la
guerre.
j'utilise les ressources du PC
pour dissiper le rideau de
fumée que répandent les
grands médias", dit-elle.
Israël Smith s'empare du
micro: "C'est super de voir
tout le monde ici pour cet
événement ! ". "Plus fort !
plus fort !" répond la salle.
Il professe, comme son
aîné, un inébranlable optimisme:
le mouvement social
"croît", la colère des travailleurs
"augmente" et "la
mobilisation contre le pouvoir
des grandes entreprises
progresse".
"Le socialisme aux Etats-
Unis sera différent de tout
ce qui a existé dans le monde",
assure-t-il plus tard. Et
quand on lui demande s'il
pense vivre assez vieux pour
voir son avènement, il hésite,
sourit et répond: "Au
moins, assez vieux pour voir
le mouvement anti-globalisation
sérieusement menacer
le pouvoir des grandes
firmes".
Après l'effondrement du
bloc soviétique, qui a mis fin
aux accusations de collusion
avec l'ennemi, l'autre tournant
dans la vie du parti fut
la mobilisation contre la
Banque Mondiale et le FMI,
qui a surpris le monde l'an
dernier à Seattle, assure Sam
Webb.
"Nous ne nous sentons
pas isolés. Nous sommes les
bienvenus dans ces coalitions
anti-mondialisation.
Les gens voient que tout le
monde n'accepte pas le pouvoir
des grandes entreprises.
Les gens avant les profits".
AFP
FAUT-IL VOUS L’ENVELOPPER ?
" L’INABOUTISCAPHE "
Par Amale SAMIE
39
Toutes les idées nouvelles ne
sont pas fatalement bonnes et y
en a de vieilles qui sont
éprouvées
Palestine. Travaillistes ? Socialistes des clous. On a vu un gamin
froidement abattu dans les bras de son père. Enfin son père
présumé, parce que les Arabes, ça se ressemble. Ils ont tous des
gueules de canailles moustachues, c’est sournois et compagnie. Si
ça se trouve c’est juste son frère aîné, pas son père. Tous pareils.
D’ailleurs, le caméraman qui a filmé le meurtre en direct, il est arabe
aussi donc c’est un montage financé par le Hamas, pas un vrai
film. Shimon Peres, socialiste des nèfles, est un " condamneur "
inabouti. Au lieu de dire que ce film c’était la mort en direct et s’en
tenir là, pour une condamnation aboutie, il a fait avorter l’indignation
en ajoutant que le meurtre ne pouvait pas être consécutif à une volonté
délibérée. Rien qu’une petite volée de balles perdues. Les projectiles
israéliens ont une fâcheuse tendance à s’égarer. On va vers
les cents victimes d’un mauvais placement sur le court où fusent
toutes sortes de projectiles. Patates, grenades, ferrailles et quincaillerie,
hélicos, chars et sous-marins à Gaza. Et même, y a encore
LA bombe, au cas où.
Ben oui, le gamin aurait été israélien, Ariel Sharon, charcutier
qui a profané l’Esplanade des Mosquées, aurait mené une expédition
punitive. Trois cents balles perdues allongées à la morgue.
Le gamin, il est arabe. Perforé au cœur. Ceci est un incident regrettable.
Surtout pour le père présumé qui l’a enterré. Israël va
ouvrir une enquête. Comme celles de Cana ou encore Sabra et
Chatila. Inabouties.
Entre un gamin irakien et un marmot palestinien, y a pas de différence
: ils sont plus arabes l’un que l’autre. Quand ils grandiront,
ils arboreront tous deux une mâle moustache, comme Saddam.
Pour faire plaisir à tous ceux qui ont peur que les petits Américains
qui naviguent sur Internet ne prêtent au Maroc le comportement
de Saddam Hussein juste parce qu’ils pourraient confondre invasion
du Koweït et libération du Sahara et que le Maroc sèche les
auditions du congrès américain sur la question. Heureusement
qu’on a des journalistes qui se battent sur tous les fronts, menant
sans relâche leur œuvre héroïque d’édification du citoyen.
Les diplomates marocains sèchent-ils vraiment les auditions du
congrès relatives au Sahara ? Toutes ? Même celles où l’on pionce
? Mais il y était bien, lui, le pisse copie, à la dernière audition.
Alors le pays est sauf, nous avons été représentés au " hearing "
du congrès par un témoin dont la vigilance n’est jamais prise en
défaut. Vous avez remarqué qu’il dit " hearing ", lui. Affranchi, le
mec. C’est d’ailleurs lui qui se prépare à dénoncer le consul du
Maroc dans l’île de Pâques pour intelligence avec l’ennemi.
C’est comme ça que les journalistes finissent fielleux, qu’ils exigent
qu’on se mortifie à longueur de temps, qu’on se flagelle,
qu’on s’immole parce que rien ne marchera jamais dans notre
pays qui est toujours le plus nul.
Eux, c’est des pro, des new, des in, des up to date, etc… Ben,
ils nous avaient avertis. Très merci.
Y a des gens qui vous font de grands signes de loin pour vous
avertir que vous avez le derrière sur un poêle et que ça sent le
mouton grillé. Ils ont pas peur pour votre " individu " mais pour
le poêle. Alors nous, forcément, on vit sur des charbons ardents,
des fois qu’on nous apprenne que c’est tout le mec qui brûle, pas
seulement son fondement. Merci, on a pigé : on est en plein dedans,
mais il s’agit surtout de ne pas nager pour en sortir. Le néolibéralisme
est une plaie. Dans la presse, il est mortel, y compris
pour des besoins strictement domestiques. Je vous le dis, je suis
préhistorique. Toutes les idées nouvelles ne sont pas fatalement
bonnes et y en a de vieilles qui sont éprouvées.
N’empêche que certains journalistes d’avant-garde devraient
passer une semaine à Laâyoune, de temps en temps. Comme ça
ils nous expliqueraient mieux comment gérer la question de nos
provinces du sud. Du point de vue strictement sécuritaire puisque
avec eux, on ne craint rien pour les droits de l’homme. À condition
quand même qu’ils arrêtent de dire des conneries inabouties.
Le monde des journalistes est aussi fermé qu’une secte, ils se
trucident allègrement mais entre eux. Y en a qui savent même
l’adresse de la maîtresse du cousin du collègue. On sait généralement
où chacun puise ses infos et on a une idée globale de ses mobiles
réels. Au milieu de ce panier de scorpions, y a évidemment
des gens qu’on aime bien revoir. Nous eûmes quelques heures de
démantibulage de mandibules qui ne demandaient rien à personne.
Ceux-là ne se pressent jamais pour se faire voir au premier
rang. Ils restent bien planqués, au fond du bathyscaphe.❏
Maroc Hebdo International n° 434 - Du 6 au 12 oct. 2000