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FINANCES
Séminaire international à Casablanca sur la micro finance
CRÉDIT SOLIDAIRE
La loi 18-97 permet à toute association qui
opère dans le domaine de la micro finance de
profiter de certains avantages fiscaux sous
forme d'exonération de la TVA ou des droits
de douane. Elle leur donne aussi la possibili-
Hier exclus du système
bancaire traditionnel,
une couturière
à Casablanca, un vendeur
d'avocat à Manille ou un
paysan pauvre en Bolivie
Par Seddik MOUAFFAK
peuvent désormais, grâce à
la micro-finance, accéder au
financement de leur activité.
Formule prisée depuis peu
par les organismes financiers
internationaux, le micro-crédit
s'avère de plus en plus être
une solution financière viable
pour les plus pauvres, notamment
les femmes, populations
généralement les plus
démunies en termes de patrimoine
et d'épargne et les populations
rurales soumises à
tous les risques du fait de leur
dépendance vis à vis des aléas
naturels.
En effet, plusieurs initiatives
de microcrédit se sont
avérées capables à travers le
monde, d'identifier et de rencontrer
les plus pauvres, incapables,
d'exercer leurs
droits les plus élémentaires
et ont pu les préparer à participer
à la vie des communautés
en les introduisant
dans l'engrenage du microcrédit.
En organisant du 3 au
6 octobre un séminaire international
sur la question, la
Fondation Banque Populaire
pour le micro-crédit et la fondation
espagnole Codespa
nous plongent dans cet engrenage
du micro-crédit.
Expériences
Quatre jours durant, expert
et praticiens nationaux
et étrangers, bailleurs de
fonds et instances institutionnelles
ont échangé points
de vue et discuté de diverses
expériences pour pouvoir
ébaucher de manière pragmatique
quelques tentatives
de réponses aux interrogations
des jeunes structures engagées
dans la voie du développement
solidaire.
Les participants ont, tour
à tour, discuté aussi bien des
stratégies globales de lutte
contre la pauvreté, du cadre
juridico institutionnel de la
micro-finance au Maroc et à
l'étranger, notamment en
Amérique latine, que des expériences
plus pratiques:
Finca au Costa Rica,
Fondation Banque Populaire
pour le micro crédit,
Fondation Zakoura et association
Al Amana au Maroc.
Pour ailleurs, des atelier thématiques
ont pu élargir le débat,
au sein de groupes restreints,
sur des questions aussi
décisives que la situation
présente des associations qui
s'occupent du développement
social et les aspects ayant trait
à leur devenir.
Stabilité
Au Maroc, depuis l'adoption
en 1993 de la loi 18-97
sur le micro-crédit, une dizaine
d'associations, comme
AMSEAD, Zakoura,
ACAET, Al Amana et autres
sont déjà opérationnelles.
Grâce au soutien du PNUD,
de l'USAID et d'autres
bailleurs de fonds, plus d'une
centaine de milliers de prêts
allant de 500 à 50.000 dirhams
ont été accordés aux
nécessiteux: un porte-feuille
de plus de 120 millions de dirhams.
Toutefois le tournant
le plus décisif est l'octroi de
la dotation de 120 millions
de dirhams prévue par le
fonds Hassan II. Cette dotation
vient à point nommé non
seulement pour renforcer les
fonds propres de ces associations
mais aussi pour donner
une plus grande impulsion
à l'activité du micro-cré-
té de faire de l'intermédiation financière, à
condition de respecter certains principes de
bonne gestion: règles comptables uniformes,
règles prudentielles, obligation d'audit externe
et création d'un comité de suivi.
• M. Melenchon, délégué de la CODESPA pour le Maghreb et le Moyen Orient, et M. Belghazi de la CPM Bank.
dit au Maroc. Ces associations
sont à but non lucratif.
Elle n'exigent de leur clientèle
aucune garantie réelle. Seule
la garantie morale suffit.
Selon Pancho Otero de l'institut
bolivien de "Politica
Micro empresa", l'un des
avantages du micro-crédit
c'est que "le prêt est destiné
à la personne" non pour ce
qu'elle possède, mais "pour
ce qu'elle veut être".
Dans un pays, dit-il, qui
bénéficie d'une stabilité macro-économique,
un accès
aux services financiers, offerts
d'une manière progressive
et bien menée à terme,
peut permettre à une famille
marginale ou pauvre de multiplier
par deux fois ses revenus.
Après, 2 ou 3 ans, confirme-
t-il, cette famille peut même
tripler ses revenus, tout
en générant un emploi par an.
La stratégie de soutien à la
micro-entreprise est, donc,
aussi une stratégie de soutien
à l'emploi; l'auto-emploi.
Pancho Otero considère
que cette "stratégie est politiquement
viable. C'est pour
cela qu'elle a pris de l'ampleur
à l'étranger. Son impact
est quasi immédiat sur le bien
être des familles pauvres. Une
telle stratégie, souligne t-il,
se distingue des autres stratégies
de lutte contre la pauvreté.
Elle se distingue aussi
bien de la politique de "bonification
familiale" mise en
œuvre aux États-Unis que de
la stratégie de l'investissement
social", appliquée à
Cuba. Quant à la stratégie des
changements structurels, elle
s'avera la plus difficile et la
moins viable politiquement
puisqu'elle heurta de front les
intérêts des plus puissants
dans les sociétés du tiersmonde.
Les avantages du micro
crédit ne sont pas négligeables.
Même s'il est un service
financier, sa vocation est
tout de même sociale. C'est
un crédit destiné à financer
une activité génératrice de revenus.
De ce fait, la loi marocaine
18-97 sur le micro
crédit exclut tous les crédits
destinés à la consommation.
Le montant du prêt ne peut
dépasser le plafond de 50.000
dirhams.
Régulation
Une association qui désire
bénéficier de l'agrément du
ministère des Finances doit
respecter un certain nombre
de conditions, notamment
disposer des moyens humains
et financiers nécessaires. À
partir de ces moyens, les projections
financières doivent
faire ressortir la viabilité de
l'institution de développement
social dans une délai de 5 ans.
Pour atteindre cette viabilité,
la loi 18-97 permet à toute
association qui opère dans le
domaine de la micro finance
de profiter de certains avantages
fiscaux sous forme
©DR
Maroc Hebdo International n° 434 - Du 6 au 12 oct. 2000
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d'exonération de la TVA ou
des droits de douane. Elle leur
donne aussi la possibilité de
faire de l'intermédiation financière,
à condition de respecter
certains principes de
bonne gestion: règles comptables
uniformes, règles prudentielles,
obligation d'audit
externe et création d'un comité
de suivi. La loi marocaine
sur le micro-crédit prévoit
enfin, aussi bien la mise
en place d'un conseil consultatif
du microcrédit que celle
d'une fédération des associations
de microcrédit dans
le but d'autoréguler le fonctionnement
de ces associations.
Après six années d'existence,
les associations de microcrédit
n'ont pas encore fédéré
leurs efforts. Elles ont
intérêt à le faire le plus tôt
possible, ne serait-ce que pour
faire face aux problèmes qui
risquent de se poser dans
l'avenir. Malgré ses aspects
positifs le micro crédit n'est
toutefois pas une panacée,
pour la simple raison que le
fait d'accorder un micro crédit
n'est pas suffisant pour
changer le sort des plus
pauvres parmi les pauvres.
En effet, pour obtenir un
impact optimal, permettant
le développement des microentreprises
et de la micro finance,
il faut parallèlement
les accompagner d'actions
complémentaires: formation,
éducation, aide à la commercialisation,
développement
des marchés locaux, accès
aux marchés régionaux. Bien
que la micro finance soit un
moyen de coopération au développement,
elle ne peut résoudre
tous les problèmes de
développement. Les autres
formes de coopération restent
nécessaires, dans les domaines
de la santé, de l'hygiène,
de l'éducation et autres
infrastructures économiques
et sociales.
Quant à la question plus
générale de la lutte contre la
pauvreté, elle ne saurait être
réduite ni à celle de l'aide aux
pauvres, ni à celle de la recherche
de la croissance, tant
l'ampleur des inégalités nationales
et intranationales apparaît
comme le problème
principal.❏