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SCRE95 F1 M1 - Revue des sciences sociales

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Les autres ont suivi une filière technique<br />

«classique» à partir <strong>des</strong> secon<strong>des</strong> technologiques,<br />

pour aboutir aux baccalauréats de<br />

séries <strong>F1</strong>, F2, F3, E (12) .<br />

On peut noter la position particulière du<br />

baccalauréat E qui se démarque <strong>des</strong> baccalauréats<br />

F par un niveau théorique supérieur,<br />

proche du Baccalauréat C, mais comprenant<br />

une partie technique importante.<br />

Cette filière doit tout droit mener aux<br />

classes préparatoires, entraînant un recrutement<br />

social plus large. Ceci ne va pas sans<br />

mettre cette population, en porte à faux,<br />

comme le souligne Jean Pierre<br />

FAGUER (13) , par rapport à une filière qui<br />

n’a pas comme les baccalauréats techniques<br />

une vocation finalisée et qui pourtant se dispense<br />

dans les lycées techniques et non pas<br />

d’enseignements généraux.<br />

Les bacheliers E qui poursuivent en section<br />

de technicien supérieur sont pour la<br />

”Les temps modernes”, Charlie Chaplin © Odyssée, Strasbourg<br />

plupart <strong>des</strong> lycéens qui ont échoué au<br />

classes préparatoires, voulant finaliser leurs<br />

étu<strong>des</strong> dans un cursus court.<br />

«(...) sortant du bac, j’ai un bac E, j’avais<br />

deux solutions, prépa ou bac +2, bon mon<br />

choix s’est fait maintenant je dirais peutêtre<br />

un peu malheureusement (rires), mon<br />

frangin a fait devant moi cinq demi en prépa<br />

donc cela m’a un peu refroidi.<br />

Bon il a bien intégré après, ça refroidi<br />

quand même.<br />

Et j’ai un peu hésité à rentrer en prépa,<br />

puis...j’étais peut -être pas assez sûr de moi<br />

(...).»<br />

(technicien maintenance informatique,<br />

BTS ET 1980)<br />

La plupart <strong>des</strong> techniciens sont<br />

conscients d’avoir choisi une filière à finalité<br />

professionnelle, qui pour certains correspond<br />

à leur capacité scolaire. L’orientation<br />

scolaire vers les filières techniques se<br />

pose, il ne faut pas le cacher, en terme de<br />

niveau scolaire. Les choix vers le technique<br />

sont trop souvent <strong>des</strong> choix par défaut dans<br />

un premier temps.<br />

«(...)...jusqu’au bac on était ...j’étais , je<br />

veux dire bon, j’ai redoublé ma terminale,<br />

donc j’avais une bonne base pour aller en<br />

BTS après donc j’ai passé mon bachot très<br />

simplement, donc je suis arrivé en BTS, les<br />

premiers mois j’étais sur un nuage, je ne<br />

comprenais rien.....je ne comprenais rien,<br />

mais il faut dire qu’on était 90% <strong>des</strong> gens<br />

qui ne comprenaient rien. On planait on<br />

avait Einstein qui venait nous faire un petit<br />

tour, tout ce qu’on savait on a du le foutre<br />

à la poubelle, parce qu’en terminale tout ce<br />

qui était constante, ou un peu emmerdant à<br />

calculer, on disait ça c’est négligeable, on<br />

l’élimine, et arrivé en BTS, on calcule plus<br />

que le négligeable (rires)...»<br />

(responsable technique BTS<br />

ET 1982)<br />

Les techniciens<br />

sont avant tout <strong>des</strong> techniciens<br />

Au regard <strong>des</strong> résultats de l’enquête,<br />

analysons les trajectoires professionnelles<br />

de notre population.<br />

La section de technicien suivie va déterminer<br />

le secteur d’activité, la profession et<br />

le service en entreprise dans lesquels le sortant<br />

va exercer son premier emploi.<br />

C’est à dire que, la majorité <strong>des</strong> titulaires<br />

d’un diplôme de technicien supérieur industriel<br />

de notre échantillon, travaillent dans<br />

l’industrie (71%), de façon prédominante<br />

dans l’industrie «mécanique» (24%) et<br />

l’industrie «électrique» (25.5%).<br />

Si l’on considère la profession déclarée,<br />

en première situation d’emploi, 72% de la<br />

population totale de notre échantillon se<br />

définissent comme techniciens, 3.6%<br />

comme agents de maîtrise, 3.6% comme<br />

ouvriers qualifiés, 6.6% comme cadres<br />

ingénieurs techniques, 1.8% comme commerciaux.<br />

De façon globale, on peut constater <strong>des</strong><br />

évolutions contrastées entre les différentes<br />

générations de sortants <strong>des</strong> sections de techniciens<br />

supérieurs. La réalité du marché de<br />

l’emploi et la réalité <strong>des</strong> entreprises ont été<br />

plus favorables pour certains, plus que pour<br />

d’autres.<br />

Certains techniciens ont profité de<br />

l’expansion économique, ils ont pu valoriser<br />

leur formation; de postes de technicien<br />

de production ils ont évolués vers <strong>des</strong> poste<br />

d’encadrement, où l’on recruterait<br />

aujourd’hui <strong>des</strong> profils d’ingénieur. Ils ont<br />

sous leur responsabilité une petite entreprise<br />

ou un service et valorisent une certaine<br />

réussite professionnelle, tout en ayant un<br />

«habitus» de cadre moyen; souvent féru de<br />

technique, ils n’hésitent pas à retrousser les<br />

manches dès qu’il y a un incident technique.<br />

Une proportion d’entre eux investissent<br />

un profil cadres supérieurs souvent par le<br />

biais d’une poursuite d’étu<strong>des</strong>, on notera<br />

qu’ils développent autours <strong>des</strong> fonctions<br />

organisationnelles leurs pratiques et leurs<br />

discours.<br />

Une petite part (6%) <strong>des</strong> jeunes sortants<br />

se dirige vers <strong>des</strong> professions de commerciaux,<br />

après avoir occupé un ou deux<br />

emplois techniques.<br />

Au moment de l’enquête sur la population<br />

globale, 44% se déclarent encore techniciens,<br />

9.3% agents de maîtrise, 22% ingénieurs<br />

et cadres techniques.<br />

Les sortants embauchés en tant<br />

qu’ouvrier qualifié retrouvent rapidement<br />

une situation appropriée à leur niveau de<br />

diplôme.<br />

Le choix de trajectoire<br />

Regard sur l’école<br />

Les choix <strong>des</strong> lycéens entre les filières<br />

«mécaniques» ou «électriques» font intervenir<br />

les affinités de chacun, mais révèlent<br />

également <strong>des</strong> choix volontaires par rapport<br />

au rendement <strong>des</strong> filières, en terme de<br />

niveau d’étude d’une part et en terme de<br />

spécialité d’autre part.<br />

Les lycéens sont tout a fait conscients de<br />

s’être investis dans une formation courte, de<br />

niveau et de reconnaissance technique suffisant,<br />

pour leur assurer un accès à <strong>des</strong><br />

emploi industriels intermédiaires.<br />

Il savent également qu’ils se positionnement<br />

beaucoup mieux que les CAP/BEP et<br />

baccalauréats technologique ou professionnel,<br />

sur le marché de l’emploi et c’est la raison<br />

essentielle de leur choix dans ce type de<br />

formation.<br />

Le brevet de technicien est perçu, surtout<br />

par les jeunes générations, comme un<br />

niveau de diplôme minimun, pour accéder à<br />

l’emploi.<br />

Mais, c’est aussi le dernier échelon scolaire<br />

que certains graviront, car leur niveau,<br />

ils le savent, ne leur permettra pas de prétendre<br />

intégrer une école d’ingénieur, par<br />

exemple.<br />

Le choix dans les filières se fait par rapport<br />

à <strong>des</strong> spécialités techniques, dont les<br />

degrés de spécialisation dans un domaine de<br />

connaissance diffèrent, devant répondre,<br />

aux yeux <strong>des</strong> lycéens, à la meilleure adaptabilité<br />

aux exigences du marché de<br />

l’emploi. Certaines filières se développent<br />

autours d’évolutions techniques bien précises<br />

ou d’apparition de nouveaux métiers<br />

provoquant ainsi l’engouement <strong>des</strong> lycéens.<br />

«(...) c’est électrotechnique oui, pourquoi<br />

j’ai fait ce choix là?, parce qu’on m’a<br />

dit que l’électricité c’est l’avenir et parce<br />

que mes meilleurs copains y allaient, moi<br />

j’ai suivi un peu la masse, si on peut<br />

dire.(...)<br />

Cela permettait d’avoir un diplôme en<br />

moins de temps que de faire une école<br />

d’ingénieur diplômé, c’est tout , c’est un<br />

gain de temps parce que, je me rappelle pour<br />

mes parents c’était..donc moi j’ai arrêté à 18<br />

ans, 18 ans et demi, on m’a fait comprendre<br />

qu’il était maintenant temps d’arrêter les<br />

étu<strong>des</strong> et d’aller bosser, c’est un peu ça, il<br />

n’était pas concevable pour mes parents<br />

d’aller payer, d’ailleurs pour moi non plus,<br />

j’avais pas envie de rester sur ..<strong>des</strong> bancs<br />

quelconque, je veux aussi gagner ma<br />

vie.(...)»<br />

(chef entreprise, BTS EL 1956).<br />

L’analyse du passage scolaire fait apparaître<br />

un manque de motivation de la part<br />

<strong>des</strong> techniciens supérieurs, un bachotage<br />

<strong>des</strong> examens, l’envie la plus grande étant<br />

d’en finir avec l’école et de gagner sa vie.<br />

Rares sont les jeunes diplômés qui ont<br />

une vision de la réalité du monde professionnel;<br />

ils ont un certain canevas de ce vers<br />

quoi ils tendent, comme par exemple avoir<br />

une autonomie professionnelle, approcher<br />

<strong>des</strong> grosses entreprises pour pouvoir travailler<br />

sur <strong>des</strong> technologies de pointe, travailler<br />

dans <strong>des</strong> petites structures pour la<br />

diversité <strong>des</strong> fonctions, poser <strong>des</strong> exigences<br />

de salaire etc. C’est ce qui va orienter leurs<br />

recherches d’emplois et surtout les faire<br />

cibler <strong>des</strong> entreprises précises. Le stage en<br />

entreprise compris dans le cursus ainsi que<br />

<strong>des</strong> expériences temporaires, par le biais du<br />

travail intérimaire notamment, vont être<br />

pour certains le catalyseur <strong>des</strong> choix professionnels<br />

futurs.<br />

Le choix du métier<br />

Le diplôme en poche, les techniciens<br />

supérieurs occupent soit <strong>des</strong> postes d’«exécution»,<br />

<strong>des</strong> emplois en production notamment,<br />

qui peuvent être <strong>des</strong> emplois de technicien<br />

de maintenance ou de chef d’équipe,<br />

soit <strong>des</strong> emplois de «conception», dont les<br />

profils seraient plutôt <strong>des</strong> fonctions en<br />

bureau d’étu<strong>des</strong>, de métho<strong>des</strong>, de développement,<br />

où le technicien aura plus ou moins<br />

d’autonomie de la réalisation d’un <strong>des</strong>sin à<br />

la mise en place d’un projet.<br />

Un troisième pôle serait <strong>des</strong> emplois de<br />

type relationnel, de commerciaux notamment.<br />

Ainsi, les sortants de l’enseignement<br />

technique occupent <strong>des</strong> emplois à contenu<br />

technique plus ou moins fort.<br />

<strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22<br />

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<strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22<br />

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