L'infirmier référent dans la prise en charge d'une ... - Infirmiers.com
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Le groupe familial a le plus souv<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dance <strong>dans</strong> un premier temps à banaliser<br />
et à faire preuve <strong>d'une</strong> certaine indiffér<strong>en</strong>ce avant d'ouvrir brutalem<strong>en</strong>t les yeux sur ce<br />
qui lui devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus insupportable. Un <strong>en</strong>tourage qui multipliera les<br />
t<strong>en</strong>tatives diverses, alternant suivant une chronologie variable et sans plus de résultats<br />
conduites de fermeté et de <strong>com</strong>préh<strong>en</strong>sion <strong>com</strong>p<strong>la</strong>isante, dramatisation et banalisation.<br />
"...Un soir, p<strong>en</strong>dant le repas, j'ai avoué que je m'étais fait vomir. Il y a eu un long<br />
sil<strong>en</strong>ce... "Je faisais pareil" a déc<strong>la</strong>ré ma mère. "Je le savais" s'est écrié mon père. J'ai<br />
pleuré <strong>en</strong> disant que j'avais arrêté. Pour des raisons que j'ignore, nous nous sommes tous<br />
mis à rire..." (1)<br />
Si les familles d'anorexiques sont souv<strong>en</strong>t qualifiées de normales, d'apparemm<strong>en</strong>t<br />
banales, de nombreux travaux ont montré que se cachait derrière cette façade de<br />
normalité une organisation familiale assez pathologique.<br />
"...Mon père, un homme bril<strong>la</strong>nt et gravem<strong>en</strong>t dépressif, était tout à tour adorable<br />
et <strong>en</strong>fermé. Ma mère, une femme bril<strong>la</strong>nte et gravem<strong>en</strong>t refoulée, était tour à tour t<strong>en</strong>dre<br />
et g<strong>la</strong>ciale. La maison t<strong>en</strong>ait de <strong>la</strong> piste d'autos tamponneuses. Tout le monde rou<strong>la</strong>it à<br />
une allure folle, se r<strong>en</strong>trait de<strong>dans</strong> et repartait de plus belle. Je n'y pr<strong>en</strong>ais<br />
personnellem<strong>en</strong>t aucun p<strong>la</strong>isir..." (2)<br />
Au cours des premiers <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s <strong>la</strong> famille se décrit <strong>com</strong>me n'ayant jamais<br />
connu le moindre problème. Les par<strong>en</strong>ts décriv<strong>en</strong>t leur fille anorexique <strong>com</strong>me une<br />
<strong>en</strong>fant modèle n'ayant jamais occasionné le moindre souci. Selon eux, ri<strong>en</strong> ne pouvait<br />
<strong>la</strong>isser prévoir un tel <strong>com</strong>portem<strong>en</strong>t. Il faut dire aussi que les par<strong>en</strong>ts n'accept<strong>en</strong>t pas de<br />
se s<strong>en</strong>tir concernés par ce qui se passe. Ces familles t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de montrer un visage sans<br />
faille, avec un souci d'appar<strong>en</strong>ce, <strong>d'une</strong> image parfaite à prés<strong>en</strong>ter aux autres al<strong>la</strong>nt de<br />
pair avec un défaut d'expressivité, d'auth<strong>en</strong>ticité <strong>dans</strong> l'expression des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts et les<br />
re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong> général.<br />
Pour illustrer mes propos, j'évoque maint<strong>en</strong>ant un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> pour une première<br />
hospitalisation auquel j'ai pu assister. Le père est pédiatre, <strong>la</strong> mère infirmière et <strong>la</strong> jeune<br />
fille est étudiante infirmière. P<strong>en</strong>dant ce premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, <strong>la</strong> famille se décrit<br />
effectivem<strong>en</strong>t sans aucun problème. Ils mett<strong>en</strong>t tous <strong>en</strong> avant, un mauvais cours de<br />
diététique qui aurait conduit cette jeune fille à cette perte de poids. On ne parle<br />
évidemm<strong>en</strong>t pas d'anorexie. Elle sera hospitalisée une semaine, selon le désir de toute <strong>la</strong><br />
famille, fille <strong>com</strong><strong>prise</strong>, pour faire un bi<strong>la</strong>n, du fait qu'elle doit retourner rapidem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
stage. Cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> montre bi<strong>en</strong> <strong>la</strong> banalisation et <strong>la</strong> dénégation de <strong>la</strong> pathologie.<br />
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1. HORNBACKER Marya "Piégée, mémoires <strong>d'une</strong> anorexique" Ed Bayard. 1999. p. 86<br />
2. HORNBACKER Marya "Piégée, mémoires <strong>d'une</strong> anorexique" Ed Bayard.1999. p. 28