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La préoccupation maternelle primaire :
Winnicott décrit l'identification de la mère au nourrisson comme une capacité
d'empathie pour savoir ce dont le nourrisson a besoin. La préoccupation maternelle
primaire permet à la mère d'atteindre progressivement un degré de sensibilité accrue qui
dure pendant les premières semaines qui suivent la naissance. La préoccupation
maternelle primaire conditionne le début de la structuration du Moi ; celle-ci doit
reposer sur "un sentiment continu d'exister suffisant".
Selon Anna FREUD (1), dès les tout premiers mois, "la relation entre la mère et
l'enfant s'organise à travers la satisfaction des besoins de la sphère buccale et oro
alimentaire..."
"Je n'ai jamais eu un rapport normal à la nourriture, même lorsque j'étais bébé.
Ma mère a refusé de m'allaiter : elle disait qu'elle avait l'impression de se faire dévorer.
J'étais allergique au lait de vache, au lait de soja et lait de riz. Mes parents me
préparaient une mixture à base d'agneau haché et de lait de chèvre qui les rendait
littéralement malade".(2)
La mère : fonction de miroir.(3)
Il s'agit de la fonction de support que le Moi de la mère assure auprès du moi de
l'enfant. Quand le bébé au sein regarde le visage de la mère, il se voit en reflet dans le
visage maternel. C'est le stade de l'identification primaire (4). On passe progressivement
d'une dimension symbolique au sentiment de réalité.
L'enfant passe de la projection à la perception. Cela correspond au début du
processus de séparation du non Moi (la mère) et du Moi (l'enfant). L'enfant aboutit
progressivement à l'idée de la personne de la mère. On peut situer le début de ce
processus de différenciation et de perception aux alentours du troisième ou du quatrième
mois. Il n'est pas facile pour la mère de jouer un rôle de miroir.
"Mon père pouvait boire énormément, il mangeait constamment et il était sans
arrêt obnubilé par son poids... Ma mère, une ancienne boulimique ou une boulimique non
avouée avait de curieuses habitudes alimentaires... Les regarder manger donnait à peu
près ceci : mon père vorace, essayait de dévorer ma mère. Ma mère hautaine et raide
laissait mon père sur son assiette sans y avoir touché. Ils auraient mieux fait de se hurler,
j'ai besoin de toi/moi non plus... Pendant ce temps-là, j'étais assise sur ma chaise, à deux,
trois, quatre ans, essayant de dissiper la tension que je sentais monter entre eux en
refusant de manger. "Cochonou, je t'en prie, mange", me suppliaient-ils... J'étais le
porteur du symptôme".(5)
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1. ALLILLAIRE J.F., DES LAURIERS A. "Soins psychiatrie", "L'anorexie, les maigreurs"
septembre 1980. N°4. Page 11.
2. HORNBACKER Marya "Piégée, mémoires d'une anorexique" Ed Bayard.1999. p 20
3. WINNICOTT D.W. "Jeu et réalité" Ed. Gallimard. 1975. P 153-162
4. Identification primaire : Glossaire page 47
5. HORNBACKER Marya "Piégée, mémoires d'une anorexique" Ed Bayard.1999. p 29