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Revue Humanitaire n°13 - décembre 2005 - Médecins du Monde

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Dossier<br />

La vérité, c’est que MSF avait raison pour ce qui relève de<br />

l’urgence. Le tsunami a provoqué beaucoup plus de morts que<br />

de blessés, si bien que, très vite, les humanitaires sont entrés<br />

dans la phase de post-urgence, domaine dans lequel nombre<br />

d’associations humanitaires sont impliquées de longue date,<br />

MSF inclus. Au regard des sommes en jeu, l’urgence et la<br />

posturgence absorbent en effet des volumes relativement<br />

limités, ce qui pourrait accréditer la thèse défen<strong>du</strong>e unilatéralement<br />

par MSF.<br />

En revanche, cette association considère que la reconstruction<br />

ne relève pas de l’humanitaire mais de la responsabilité des<br />

États. C’est sur ce point que nous divergeons. Sans nier, bien<br />

sûr, les compétences spécifiques des États et des organisations<br />

humanitaires, notre position est différente. Nous considérons<br />

que lorsque la générosité fait se tendre des mains pour<br />

donner, il ne faut pas les repousser mais les saisir. C’est la<br />

seule façon qu’ont certains de se sentir impliqués dans un malheur<br />

qui les touche. On ne refuse jamais une bonne volonté<br />

sans prendre le risque de la décourager et la con<strong>du</strong>ire au<br />

repliement déçu. En revanche, accepter la générosité oblige<br />

au regard de celui qui donne. Il faut donner une signification à<br />

cette relation en rendant intelligible nos choix et nos engagements.<br />

Or, je considère justement que la reconstruction des<br />

personnes passe aussi par la reconstruction de leur environnement<br />

nécessaire pour reprendre pied dans la vie.<br />

Cette controverse n’est pas anodine. A travers elle, c’est le<br />

sens même que nous assignons à l’action humanitaire qui est<br />

en jeu.<br />

> Les conquêtes <strong>du</strong> sans-frontiérisme<br />

L’humanitaire est devenu une référence dans l’esprit <strong>du</strong><br />

public, qui l’assimile davantage à la seule action d’urgence.<br />

Plus encore, à l’urgence médicale. La passion de l’humanitaire<br />

se résumerait à la passion <strong>du</strong> secours, de sauver des<br />

vies, là-bas et maintenant. Cette vision a ses défenseurs opiniâtres<br />

et elle s’est imposée, <strong>du</strong> moins en France, comme une<br />

forme d’évidence.<br />

Cela n’a pas toujours été ainsi. L’humanitaire, il y a deux siècles,<br />

désignait les idéalistes et les penseurs qui « visaient le<br />

bien de l’humanité ». Comment est-on passé <strong>du</strong> « bien de l’humanité<br />

» à l’urgence ? Le tournant s’est opéré dans les années<br />

1970-1980, avec la percée <strong>du</strong> mouvement sans-frontiériste. Sa<br />

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