analyse de la situation des fistules obstetricales dans les provinces ...

La majorité des femmes porteuses de fistules a affirmé avoir été en consultation prénatale sans
pour autant aller jusqu’aux normes requises. Les raisons de cette discontinuité seraient
essentiellement le manque d’argent ou l’absence d’une infection au cours de la première visite.
Sachant que le fait de ne pas aller en consultation prénatale augmente le risque de survenue
d’une fistule, le combat contre ce type de souffrance doit intégrer le volet sensibilisation. Cette
stratégie devrait permettre d’amener, de convaincre l’ensemble des femmes à fréquenter les
formations sanitaires durant la grossesse et l’accouchement. Les parents et les conjoints devraient
aussi être pris en compte afin que ces femmes soient autorisées à aller en consultation prénatale,
leur influence étant majeure dans la prise de décision.
Les formations sanitaires sont relativement bien équipées en matériel d’accouchement, mais
la communauté pense que ce matériel est insuffisant pour faire face aux difficultés éventuelles
qui peuvent survenir au cours d’un accouchement difficile, à l’administration des soins postpartum
à la mère. Les GDD ont mis en relief les inquiétudes de la communauté qui estime que
pour un meilleur « encadrement du nouveau-né et de la mère », il est mieux de recourir aux
services d’une accoucheuse traditionnelle formée et expérimentée qu’à un agent de santé.
Néanmoins, ils estiment que les prestations sont bonnes si le personnel est un accoucheur
qualifié, et qu’ils n’ont pas de reproches à faire quant à la qualité de l’accueil. Ceci met en
exergue le souhait de la communauté de voir affecter des femmes plutôt que des hommes dans
les salles d’accouchement.
Toutes les accoucheuses traditionnelles enquêtées exercent dans leur communauté depuis
plusieurs années (supérieure à 20 ans) contribuant à leur notoriété dans leur zone de
couverture. On constate également que les accoucheuses du milieu rural ont le plus bénéficié
d’une formation en techniques d’accouchement que leurs homologues du milieu urbain.
Deux questions ont été posées pour rendre compte à la fois des perceptions des enquêtés sur
les fistules obstétricales et de l’attitude de la communauté vis-à-vis des femmes porteuses de
fistule. Elles sont ainsi formulées : « De quelle manière les femmes atteintes de fistules
obstétricales sont perçues dans votre communauté » et « Que faites-vous lorsque quelqu’une
qui vous est proche est atteinte de fistule obstétricale ». Les réponses issues de ces
différentes questions ont permis de relever deux types de discours, chacun des enquêtés
voulant apparaître, aux yeux des chercheurs et de l’ensemble de la communauté comme étant
le plus humaniste. Cependant, certaines personnes ont pu relever de nombreux préjugés
négatifs développés autour de cette affection. Ces préjugés naissent des représentations que la
communauté se fait de la pathologie elle-même.
D’autres par contre, ont fait ressortir des éléments qui permettent de rendre compte de
l’attitude d’un nombre non négligeable de personnes. Elles jugent que ces femmes qui sont
toujours entrain de dégager des odeurs mettent les autres mal à l’aise. La priorité qui leur est
accordée dans les lieux publics n’est pas du tout une sympathie par rapport à leur handicap,
mais bien une façon d’éviter tout contact malheureux avec le sort que véhicule la femme
porteuse de fistule.
Composante Projet ROS/UNFPA Rapport d’évaluation des FO 72