analyse de la situation des fistules obstetricales dans les provinces ...

VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
A long terme, cette recherche vise à contribuer à l’élimination des fistules obstétricales au
Cameroun. Egalement, elle devra fournir une base pour l’évaluation des performances du
personnel sanitaire par rapport à la prévention et la prise en charge de cette pathologie. En ce
qui concerne les objectifs immédiats de cette recherche, ils sont au nombre de quatre :
rechercher l’existence des fistules obstétricales dans les deux provinces septentrionales du
pays ; évaluer les connaissances sur les fistules du personnel de santé impliqué sur la prise en
charge des grossesses et des accouchements, sur les fistules ; analyser les retentissements du
l’handicap sur les femmes porteuses de fistule et comment elles vivent leur handicap
(situation économique et psychologique) et enfin ; évaluer les capacités actuelles des
structures de santé à prendre en charge les cas de fistules.
La présente étude a permis d’avoir une connaissance de base sur la situation des fistules
obstétricales dans la partie septentrionale du Cameroun et d’évaluer la capacité des formations
sanitaires à prendre en charge des cas diagnostiqués ou référés. En effet, au terme de l’évaluation
de la situation qui a été menée dans les provinces du Nord et de l’Extrême-nord, les principales
hypothèses énoncées ont pu être vérifiées à savoir que : il existe des cas de fistules obstétricales
dans la partie septentrionale du pays ; il existe une perception négative de la fistule au sein de la
communauté et l’écrasante majorité des structures sanitaires des provinces concernées n’ont pas
la capacité de prendre en charge des cas de fistules obstétricales, même si les structures existent.
Cette étude exploratoire qui s’est déroulée dans deux provinces de la partie septentrionale du
pays (Nord et Extrême-nord) a permis d’identifier 162 femmes porteuses de fistule dont 63
ont pu être retrouvées et interrogées à savoir 53 dans la province du Nord et 10 dans celle de
l’Extrême-nord. Egalement, 101 accoucheuses traditionnelles, 40 formations sanitaires, 67
professionnels de santé et 286 membres de la communauté ont été interviewés. Les principaux
résultats montrent que la fistule obstétricale est une pathologie connue presque de tous. Très
peu de professionnels de santé maîtrisent l’itinéraire thérapeutique pouvant conduire à la prise
en charge globale. La communauté également a une perception négative de la maladie, ce qui
marginalise davantage les femmes victimes de la fistule qui restent des paria de la société.
Les causes de cette maladie, telles que évoquées par la communauté tournent autour de la
sorcellerie, la malédiction, les IST/Sida, et autres attitudes qui n’innocentent pas toujours la
femme victime. Cette perception de la maladie agit également sur le recours aux soins.
Sachant qu’il s’agit d’une maladie punitive ou d’origine obscure, les femmes ont tendance à
garder l’affection d’une façon résignée. Elles ignorent d’ailleurs que cette maladie se soigne à
la médecine moderne. Beaucoup de personnes enquêtées ont relié la maladie à une précocité
dans la vie féconde. En règle générale, la communauté pense que la menstruation est signe de
fécondité et de maturité pour une femme. L’entrée en vie féconde pour une femme doit se
faire entre 14 et 18 ans qui présente la tranche d’âge au cours de laquelle toute femme est
supposée avoir vu ses premières règles.
Composante Projet ROS/UNFPA Rapport d’évaluation des FO 76