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LG 174

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Coverstory<br />

Vers une refonte du management<br />

dans le secteur public<br />

Même si les administrations au Luxembourg échappent aux coupes budgétaires drastiques<br />

contrairement à leurs homologues européens, il n’en demeure pas moins qu’elles doivent<br />

faire évoluer leur modèle de leadership. C’est l’avis de Pierre Mangers, responsable du<br />

secteur public auprès d’EY Luxembourg. Interview.<br />

La modernisation du secteur public à une<br />

époque de rationalisation des dépenses<br />

publiques est un enjeu de taille pour bon<br />

nombre de pays du monde. Quels sont<br />

les défis que rencontre le secteur public<br />

luxembourgeois dans ce cadre, et en quoi<br />

diffèrent-ils (ou pas) de ceux de nos partenaires<br />

européens?<br />

Certains pays européens ont dû faire face à des<br />

coupes budgétaires significatives. Toutefois, le<br />

Luxembourg est parvenu à maintenir un<br />

niveau suffisant de moyens financiers pour<br />

financer à la fois le fonctionnement et la<br />

modernisation de son dispositif administratif.<br />

En ce qui concerne les défis au niveau du secteur<br />

public luxembourgeois, ils sont de plusieurs<br />

ordres. Le Luxembourg doit avant<br />

toute chose être considéré, tant par ses concitoyens<br />

que par les entrepreneurs actifs sur<br />

son sol, comme un acteur fiable, ce qui suppose<br />

un service public efficace et efficient.<br />

Pour ce faire, il doit se montrer proactif et<br />

savoir anticiper les changements de demain,<br />

ce qui passe notamment par une transposition<br />

plus rapide de la législation européenne<br />

au Luxembourg que dans d’autres pays<br />

membres de l’Union européenne.<br />

Un deuxième défi du secteur public réside<br />

dans le maintien et le renforcement des compétences<br />

techniques et comportementales de<br />

son personnel dirigeant, à savoir ses hauts<br />

fonctionnaires. Ici, force est de constater que<br />

gérer un personnel n’est pas tâche facile dans<br />

la mesure où la nouvelle génération des jeunes<br />

dite «C» (Communication, Collaboration,<br />

Connexion et Créativité) arrivant sur le marché<br />

du travail ne présente parfois pas le<br />

même degré de connaissances et de compétences<br />

que celle de ses aînés. De surcroît,<br />

cette nouvelle génération requiert plus d’interactivité<br />

et de transparence ainsi qu’un<br />

feedback continu sur la qualité de sa contribution<br />

personnelle. Cette exigence plus marquée<br />

des jeunes envers leurs chefs «chevronnés»<br />

crée une attente à laquelle le style de<br />

management «traditionnel» du secteur public<br />

n’offre pas toujours les bonnes réponses.<br />

Le troisième et dernier défi du secteur public<br />

luxembourgeois réside dans sa capacité à<br />

conduire des réformes, à se moderniser grâce<br />

àl’implication de son personnel motivé pouvant<br />

s’identifier aux objectifs stratégiques de<br />

leurs chefs politiques. Ces défis sont certes<br />

ambitieux mais les moyens budgétaires mis à<br />

disposition par notre pays sont à la mesure des<br />

efforts requis. Dans d’autres pays de l’OCDE,<br />

le financement de la modernisation du secteur<br />

public représente par contre le plus grand défi.<br />

Dans ce contexte, il est souvent question<br />

d’introduire une démarche de<br />

«gestion par objectifs». Quelles sont<br />

les étapes de cette démarche et ses facteurs<br />

clés de succès?<br />

Dans une démarche de «gestion par objectifs»,<br />

tout ministre, chef ou directeur d’administration<br />

doit formuler des objectifs stratégiques<br />

à atteindre à moyen terme, qu’il doit<br />

êtrecapable de décliner en objectifs organisationnels<br />

par service, voire individuellement.<br />

Pour cela, le personnel encadrant doit pouvoir<br />

mobiliser son personnel et s’assurer de la compréhension<br />

par ces derniers de la démarche et<br />

des objectifs opérationnels à atteindre.<br />

S’ensuit le déploiement d’un plan, revu à miparcours,<br />

si nécessaire, puis un point sur les<br />

objectifs réalisés en fin de période, qui courtle<br />

plus souvent sur une année calendaire.<br />

Les administrations qui revêtent un caractère<br />

plus sophistiqué définissent par ailleurs un<br />

inventaire de compétences composé de ce que<br />

l’on dénomme «savoir-faire», soit les compétences<br />

techniques, et «savoir-être», c’est-àdire<br />

le comportement sur le lieu de travail, une<br />

composante qui gagne en importance dans un<br />

contexte toujours plus marqué par les échanges<br />

interministériels et le besoin d’interactivité<br />

requis par la jeune génération C.<br />

In fine, la «gestion par objectifs» doit permettre<br />

de traduire des objectifs organisationnels<br />

en objectifs personnels et de pouvoir piloter<br />

leur état d'avancement à travers l’évolution<br />

des compétences managériales. Afin de<br />

mesurer cette évolution, il faut créer une<br />

documentation professionnelle alimentant la<br />

gestion prévisionnelle des compétences.<br />

En vue de couronner cette démarche du succès<br />

qu’elle mérite, il faut combiner trois facteurs<br />

clefs de succès: premièrement, la capacité<br />

des ministres et hauts fonctionnaires à<br />

définir des objectifs SMART (Spécifiques,<br />

Mesurables, Acceptés, Réalisables et<br />

20<br />

<strong>LG</strong> - Mars 2015

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