LE CONTE MUSICAL Sous la direction de M ... - Peysseri

1
Institut Universitaire de Formation des Maîtres
De l’académie d’Aix-Marseille
Site d’Aix-en-Provence
Année universitaire 2003/2004
MÉMOIRE PROFESSIONEL
LE CONTE MUSICAL
Présenté par DHO Caroline
PE2, GFP 07
Sous la direction de M. TOURNEBISE Jean-Jacques
Soutenu le 13 mai 2004

2
Remerciements à:
Monsieur Jean-Jacques Tournebise, directeur de
mémoire.
Les élèves de la classe des moyens de l’école maternelle
Louis Pourcelly à La Ciotat.
L’équipe pédagogique de cette même école.
Mesdames et Messieurs les enseignants de l’I.U.F.M.
d’Aix-en-Provence.

A. Pourquoi ce mémoire?.........................................................................5
B. Présentation du projet. ....................................................................................6
C. Définition d’un conte musical.........................................................................7
1. Définition du conte. ..................................................................................................7
2.Qu’est-ce qu’un conte musical? .................................................................................8
3. Exemples de contes musicaux ...................................................................................8
a.Histoire de babar le petit éléphant..............................................................................8
b.L’enfant et les sortilèges. ..............................................................................9
D. Mise en oeuvre pédagogique. ...........................................................10
Présentation d’une démarche pour arriver à une pédagogie de projet.......................10
Choix de supports variés.................................................................................10
a.A partir d’activités d’écoute............................................................................11
b.A partir de lectures d’albums......................................................................................12
c.A partir d’autres spectacles......................................................................................12
E. Analyse des séances. .....................................................................................13
1.Les activités sensorielles, notamment le toucher. .....................................................13
2.La littérature/ maîtrise de la langue orale et écrite. ..................................................14
3.Les activités de construction. ...................................................................................15
a.Technique instrumentale. .........................................................................................15
Codage d’instruments. ..........................................................................................15
Composition .........................................................................................................16
3

4
Fabrication d’instruments ......................................................................................16
b.Le jeu de cartes. ......................................................................................................17
c.La règle du jeu. ........................................................................................................19
d.L’histoire. ................................................................................................................20
e.La musique en parallèle à des moments de l’histoire.................................................23
Composition de musiques. .....................................................................................23
Apprentissage de chansons. ...................................................................................23
4.La recherche esthétique. ...........................................................................................24
a.Visite d’une exposition. ............................................................................................24
b.Les décors du spectacle. ..........................................................................................24
5.La mise en scène du spectacle. .................................................................................25
F. Modes d’évaluation.........................................................................................27
1. Effets directs. ..........................................................................................................27
2. Effets indirects.........................................................................................................27
G. Conclusion...........................................................................................28
Annexes......................................................................................................29

5
Comment positiver la diversité de chacun des élèves à travers le conte musical?
A. Pourquoi ce mémoire?
Lors de mes différents premiers jours en classe, ce qui m’a le plus interpellé en
écoles maternelle ou élémentaire est la grande diversité des compétences dans le
rapport de communication avec plus ou moins de violence, plus ou moins d’écoute
de l’autre, de l’habileté motrice, de la capacité d’initiative des enfants réunis dans
une même classe. Leur goût, leur motivation pour une activité varient énormément
dès le plus jeune âge. Cette motivation qui demeure essentielle ne peut être activée
que par des échanges riches et variés qui puissent attirer tous les enfants pour que
chacun devienne créatif dans son domaine de préférence. J’ai choisi le support du
conte musical en raison de ma formation très motivante pour la musique que je
souhaitais faire partager avec toute sa richesse et le plaisir qui l’entoure. Il me
semblait alors que ce support était le plus adapté pour gérer l’hétérogénéité dans une
classe et pour que chaque enfant puisse y trouver intérêt et profit. Cette
expérimentation se propose d’exposer différentes étapes de la construction du conte
musical qui m’ont permis d’analyser les compétences transversales et disciplinaires
que tous les enfants ont pu acquérir et de les rassembler pour un même objectif.
Initialement, je projetais ce travail en cycle 3. Puis j’ai effectué des aménagements
pédagogiques pour réaliser mes recherches en cycle 1 avec des enfants beaucoup
plus jeunes.

6
B. Présentation du projet.
Il s’agit de construire un conte musical sur le thème de l’Afrique. Ce conte sera
présenté aux élèves de l’école sous la forme d’un spectacle mis en scène avec des
musiciens, des chanteurs-acteurs, un conteur et un décor.Pour cela, nous devons
répertorier le matériel et les outils nécessaires à la réalisation de ce projet et les
construire pour la production finale.

7
C. Définition d’un conte musical.
J’ai voulu donner une définition du conte musical pour transmettre aux enfants
les données nécessaires et les faire entrer dans le projet. A défaut d’en avoir trouvé une
précise dans un ouvrage, je vais essayer d’établir les paramètres d’un conte musical
avec les notions du conte et des exemples de productions sonores rencontrées.
1.Définition du conte
Le conte est une forme de récit; il se distingue par le fait qu’au niveau des
personnages, des lieux ou des éléments temporels, tout est possible. Par contre, en tant
que récit, il n’échappe pas à un ensemble d’éléments qui régissent de manière absolue
sa structure et sa syntaxe sous peine de perdre tout intérêt et toute crédibilité.
N’oublions pas que ce conte est fait par les enfants pour être écouté et chanté à d’autres,
c’est à dire à de nombreux destinataires, et donc que l’ensemble du produit se doit
d’être cohérent et structuré, même si l’histoire qui y est contée est imaginaire.
L’hypothèse générale consiste à supposer que, au-delà des différences de personnages,
d’actions...il existe une structure sous-jacente canonique du conte, invariante en dépit
des apparences et des variations de la structure de surface. Un conte est composé de
trois catégories narratives principales:
une situation initiale.
Il s’agit de la présentation du lieu et des personnages de l’histoire.
Un élément déclencheur.
C’est un obstacle qui empêche les personnages de poursuivre leur histoire linéairement.

8
Une résolution du problème rencontré.
C’est le récit d’une succession d’actions effectuées par les personnages pour surmonter
l’obstacle.
2.Qu’est-ce qu’un conte musical?
Marcel Ley, dans son ouvrage “la mise en scène du conte musical” rappelle que
l’on ne retient souvent du monde sonore que les deux extrêmes: le domaine des bruits et
celui de l’expression musicale traditionnelle. L’auteur dit qu’il existe entre ces deux
domaines de grandes possibilités ouvertes à la recherche, l’expression créative,
l’utilisation de moyens sonores comme moyens de communication et comme
instruments d’expression. Selon lui, le son peut remplacer l’image, une musique peut
faire naître des images de l’imaginaire et un texte peut être chanté, ou évoquer une
musique. C’est dans cette façon d’aborder le monde sonore que va se positionner
l’élaboration d’un conte musical. Selon la sensibilité de chaque élève, ils seront touchés
soit par la musique, les images, les activités créatrices ou par toutes ces activités.
3. Exemples de contes musicaux
a.Histoire de Babar le petit éléphant
Texte écrit par Jean de Brunhoff , musique composée par Francis Poulenc.
En 1940, à la demande d’une de ses nièces âgée de quatre ans, F. Poulenc improvise au
gré des images et des aventures de “babar” de J. de Brunhoff. Il avait raconté cette
histoire naïve et touchante dans un album pour les enfants, par le texte et l’image. Au
piano, F. Poulenc remplace les images par les sons. Il illustre ainsi, au fur et à mesure,

9
les divers épisodes du texte, dit par un récitant. Chaque partie musicale forme un tout en
soi. La musique est fidèle aux messages et aux impressions dont le texte est porteur.
b.L’enfant et les sortilèges
Texte écrit par Colette,musique composée par Maurice Ravel.
Composée en 1924, cette œuvre ne comporte aucun texte parlé. Toute l’histoire y est
chantée.
Grâce au livre qui accompagne le support auditif, on peut suivre le déroulement de
l’action.

10
D. Mise en œuvre pédagogique.
Selon Howard Gardner, “les intelligences se perçoivent à travers divers biais.
Ainsi le langage se manifeste au travers des histoires et des phrases, la musique au
travers des chansons, la compréhension spatiale au travers du dessin , l’intelligence
kinesthésique au travers de la gestuelle ou de la danse”. A partir de ces recherches, j’ai
essayé de cerner différentes façons d’entrer dans le projet en proposant des activités
variées qui respectent ces domaines et surtout les possibilités diverses que les enfants
ont en eux, la prise en compte des différentes formes d’intelligence.
Présentation d’une démarche pour arriver à une pédagogie de projet.
Il s’agit d’abord de faire entrer les élèves dans ce projet pédagogique pour que
chacun se sente motivé et devienne actif. Les élèves doivent pouvoir s’épanouir en
fonction de leur personnalité et jouer leur rôle.
C’est cette démarche qui permet de sélectionner les richesses de chaque enfant,
d’exploiter leur imaginaire pour un objectif final collectif. Il ne s’agit pas d’uniformiser
toutes les séquences c’est-à-dire d’exiger un même produit fini par rapport à des critères
stricts et précis mais de rassembler le plus possible d’idées et d’originalités pour que
chaque enfant ait la satisfaction de produire en fonction de ses propres possibilités qu’il
faut enrichir avec des supports variés et appropriés.
Choix de supports variés.
Voici quelques uns de ces supports pour le projet qui nous intéresse, projet qui
demandera à être évalué.

11
a.A partir d’activités d’écoute.
Le matin à l’accueil, les enfants par groupe ont la possibilité d’aller au coin
musique. Ils écoutent des voix, des sons, des instruments, des c.d., des contes musicaux
comme “Babar”, “Pierre et le loup”, “Le singe et les percussions”, “Emilie Jolie”.
Une deuxième étape consiste à dessiner ce que la musique a évoqué pour eux. Vient
ensuite le regroupement durant lequel les enfants expriment ce qu’ils ont voulu
produire.
J’ai constaté au cours de ces moments de grandes productions imaginatives. Alors que
lorsqu’on demande à un enfant de décrire une image par exemple, les productions sont
presque identiques. Dans le cas qui nous concerne, l’imagination est beaucoup plus
libre: traduire de la musique par un dessin n’est pas facile. A la première séance, les
enfants ont eu des difficultés de compréhension par rapport à ce que j’attendais d’eux.
Puis avec un questionnement sur ce qu’ils ont écouté et le rapprochement avec leur
dessin, les productions des matins suivants étaient de plus en plus explicites et surtout
de plus en plus oralisées devant le groupe classe au moment du regroupement. Ainsi les
élèves qui n’avaient pas entendu le c.d. décrit pouvait poser des questions et un élève
qui était au coin musique lui expliquait une partie de l’histoire. Les échanges entre
enfants ont été positifs au niveau de la langue orale (emploi de la forme interrogative,
écoute des autres).

12
b.A partir de lectures d’albums.
Les enfants prennent conscience des éléments narratifs d’une histoire, de la
succession des événements (situation initiale, ordre chronologique, situation finale) des
personnages, des objets, des décors.
c.A partir d’autres spectacles.
Les élèves sont capables de distinguer personnages, acteurs, musiciens, décors
par comparaison avec des spectacles déjà vus.
Ces éléments rassemblés, il nous appartient de créer nous-mêmes un conte
musical sur l’Afrique que nous jouerons devant les élèves des autres classes de l’école.
La répartition des tâches, des rôles est fait alors facilement et s’est enrichie au fur et à
mesure des diverses activités sur le thème. Chaque élève s’y est investi de manière
croissante.
Une deuxième raison qui m’a fait choisir la création d’un conte musical est la
richesse et la quantité d’activités pluridisciplinaires qui se recoupent toutes pour un
même objectif final.

13
E. Analyse des séances.
1.Les activités sensorielles, notamment le toucher.
L’enfant reçoit des informations du monde extérieur par les organes des sens,
c’est dire l’importance de les solliciter pour développer une sensibilité très fine. Si la
vue, l’ouïe sont sans cesse utilisées dans ce projet comme dans tous les autres, il m’a
paru intéressant d’accorder une grande place au toucher.
Domaine le
Compétence:
Activité:
Matériel:
regard et le geste affiner son geste
graphique
représenter un
élément de
l’alphabet
africain avec de
la terre
Feuilles format 10cm; 20cm
Terre blanche
Terre rouge
Eau
Portrait réalisé à la terre
Séance1: observation d’un portrait. Les élèves décrivent ce qu’ils voient et ressentent
sur la manière supposée de la fabrication de l’oeuvre qui a un aspect terreux. Il s’agit de
créer des fiches cadres pour les tableaux qui serviront de décor à notre spectacle en
s’inspirant du portrait observé.
Chaque enfant dispose du matériel inscrit dans le tableau et réalise un travail individuel
en respectant quatre consignes:
Consigne1: passez votre doigt sur la forme.
Consigne2: tracez la forme à la terre de votre choix.
Consigne3: si le dessin ne reste pas bien quand vous soulevez la feuille, mouillez votre
doigt avant de le mettre dans la terre puis repassez la forme.

14
Consigne4: remplissez la partie blanche avec la terre
Retour groupe classe: observation des productions. Les enfants s’expriment:
“- il reste du blanc sur nos feuilles.
- la prochaine fois nous commencerons par le fond.
- la forme ne se voit pas très bien avec la terre blanche. Elle se voit plus avec la
rouge.Quand on mouille notre doigt, la terre s’accroche plus à la feuille.”
Séance 2: Rappel des améliorations proposées par les élèves.
Consigne: réalisez le fond à la terre blanche puis la forme à la terre rouge.
Retour: Les formes se voient mieux. C’était plus facile.
Cet aspect kinesthésique des apprentissages a d’abord surpris les élèves qui
n’arrivaient pas facilement à faire tenir la terre. Lorsqu’un enfant a rouvé qu’il suffisait
de rajouter un peu plus d’eau, tous ont vite trouvé du plaisir à jouer avec des éléments
attirants. Dès l’apparition des premières réalisations par les plus rapides et dès que les
enfants ont réalisé leur utilité en tant que frise, les travaux ont été minutieusement
terminés par tous.
2.La littérature/ maîtrise de la langue orale et écrite.
Ce projet permet aussi de développer chez les enfants un éveil à la littérature. La
même histoire est lue par la maîtresse deux fois par jour, le matin et le soir. Voici
quelques titres d’albums exploités dans la classe sur le thème de l’Afrique: “Kalikoba et
le lion terrible”, “l’araignée et la famine”, “le singe et le crocodile”, “ petite masaï”,
Kirikou et la sorcière”, “Maître Margouillat et grenouille sa servante”. Les enfants se
placent dans le contexte et prennent conscience des éléments constitutifs de récit:

15
situation initiale et finale, déroulement des actions dans un ordre chronologique,
élément déclencheur, personnages, décors.
Un questionnement après lecture de chaque ouvrage m’a permis de constater de grandes
différences entre les enfants du point de vue de la maîtrise de la langue, de la
connaissance du vocabulaire et la suite logique des événements. Certains n’osent pas
s’exprimer. Le soir, en deuxième lecture, je fais appel à leur mémoire. Je donne des
marottes aux enfants pour qu’ils les situent dans le temps, les événements, l’arrivée des
personnages. Ils les manipulent dans l’ordre de l’histoire. Ces aménagements ont été
très positifs parce qu’ils ont permis aux enfants de se concentrer davantage.
3.Les activités de construction.
Elles sont très importantes pour les enfants parce qu’elles sont concrètes et font
appel à la manipulation.
a.Technique instrumentale.
Codage d’instruments.
Il sagit de coder un instrument par une forme géométrique voisine. Je propose
aux élèves trois instruments: le tambour, les chimes africains, les cloches africaines. Les
élèves au moment de l’accueil se familiarisent et jouent avec ces instruments et écoutent
les sons qu’ils produisent.
En groupe classe, je mets à leur disposition des formes géométriques simples: le
triangle, le disque, l’ovale, le rectangle, le carré.
Consigne: dans la boîte de chaque instrument, vous allez placer la forme qui y
ressemble le plus. La forme retenue sera celle qui, après comptage, aura obtenue le
plus grand nombre.

16
Difficultés rencontrées: les élèves ne plaçaient pas de formes pour les chimes africains.
Je demande des explications auxquelles les enfants répondent qu’il n’y avait pas de
forme ressemblante. Une fillette propose au tableau un codage adapté: un ovale avec
des boules sur le pourtour. Les enfants reproduisent ce schéma avec des gommettes et la
classe qui, après avoir compté et acceptée la proposition de Noémie, a pris conscience
du plus grand nombre et retient:
le tambour = un disque, les chimes africains = un ovale avec des gommettes rondes, et
les cloches africaines = un triangle.
Composition
Ces codages vont servir à produire des compositions de partitions au moment de
l’accueil avec ces trois instruments. Elles seront ensuite décodées par trois autres élèves
munis des instruments de musique adéquats. Exemple de composition:
triangle ovale disque disque ovale
A ce niveau là, les productions sont très riches et très variées. Certains après écoute de
leur production répètent le même schéma comme un algorithme, d’autres sont plus
fantaisistes. Les déchiffrages des partitions sont de plus en plus rapides grâce à plus de
concentration, plus d’attention. Les enfants donnent aussi avec intérêt leur avis sur la
beauté des sons obtenus.
Fabrication d’instruments .
Pendant l’accueil du matin un groupe d’enfants a à sa disposition les instruments
de musique concernés ainsi que divers matériaux et outils utiles pour construire un
instrument similaire.

17
Dans une première étape les enfants créent librement alors que dans une deuxième étape
et après dialogue, ils devront vérifier la fonctionnalité et la solidité de leur instrument.
Les productions sont variées: les chimes africains avec des capsules percées et du
fil.Les cloches africaines sont réalisées avec deux pots de yaourts différents et du fil.
Toutes les propositions sont intéressantes et s’enrichissent en prenant des idées aux
copains.
b.Le jeu de cartes.
L’objectif est de fabriquer un jeu pour faciliter la création de l’histoire à partir
des éléments sélectionnés dans les diverses lectures. Après des discussions fructifiantes,
nous décidons de dessiner les éléments sur des cartes à jouer de couleurs différentes
pour distinguer les catégories comme l’indique le tableau ci-dessous:
Les lieux en vert Les animaux gentils Les animaux qui font Les objets en bleu
en rouge
peur en jaune
Jungle épaisse éléphant panthère pirogue
forêt singe lion filet
village grenouille tortue cage
savane girafe crocodile
Les échanges verbaux conduisent à donner un point de vue, prendre la parole à bon
escient, écouter les autres, autant de compétences à acquérir et qui ne sont pas faciles à
gérer parce que certains enfants parlent toujours, d’autres jamais et que les écarts de
langage entre les uns et les autres sont très grands.
Les cartes servent de support aux activités langagières. Elles facilitent la création de
l’histoire pour ne pas dire qu’un tel support est indispensable. Ces cartes seront
fabriquées pendant l’atelier de graphisme.

18
Domaine
langage écrit
Activités
graphiques
Compétence
Reproduire un motif
graphique simple en
expliquant sa façon de
procéder
Objectif
Faire passer l’élève de l’état d’explorateur à
celui de créateur de formes par un contrôle de
plus en plus maîtrisé de la préhension de l’outil
qu’il utilise
Au préalable les images seront observées et décomposées en formes simples par les
enfants. Ils ont à leur disposition des formes, des documents, des médiums... Ils peuvent
alors dessiner au choix et en s’aidant de la schématisation trouvée en discussion
collective:
Des cases africaines.
Ainsi, une case africaine est la superposition d’un rectangle et d’un triangle.
Des girafes.
La tête est un losange. Un long chemin pour le cou puis le corps;
Des lions.
La tête est un rond la crinière ressemble aux pétales d’une fleur, comme des ponts.
Des zèbres.
Il s’agit surtout de jouer avec l’épaisseur des rayures avec le fusain.
Des crocodiles.
Deux vagues superposées pour le corps, un oeil comme un pont sur la tête.
Deux enfants qui avaient des difficultés pour s’exprimer et qui ne
s’investissaient pas dans le projet directement par le biais de la langue orale se sont
montrés particulièrement minutieux en graphisme et ont pu décrire leur dessin qui leur
servait alors de support. J’ai pris conscience que cette activité est dirigée puisqu’il

19
s’agissait de schématiser des animaux mais elle a eu l’avantage de permettre à chaque
enfant de produire un dessin qui lui apporte satisfaction.
Les cartes en main, il faut trouver une règle du jeu.
c.La règle du jeu.
Dans un premier temps, les enfants jouent en 4 ateliers de 7 élèves. J’explique
progressivement la règle que les élèves s’approprient pendant une semaine à raison
d’une séance quotidienne. Ils s’habituent à dicter leurs idées, écouter celles des autres et
comprennent la règle en jouant à l’aide de rappels éventuels. À la fin de cette semaine
d’expérimentation, les élèves rassemblés en groupe classe me dictent la règle du jeu. Il
s’agit pour chacun d’eux de piocher une carte parmi les paquets de couleur initialement
rangés au milieu de la table. Les 4 groupes interviennent dans l’ordre préétabli et
chaque enfant continue à son tour la suite logique de l’histoire dont la trame se précise
déjà:
1 ère étape: nous allons raconter l’histoire d’un groupe d’amis qui veut visiter
l’Afrique... “ Les trois premiers joueurs piochent une carte dans chacune des
catégories jaune, rouge, verte et continuent l’histoire en disant ce qui ce passe.”
2 ème étape: tout à coup un grand bruit retentit! Le groupe d’amis va voir d’où vient
le bruit... “ l’élève suivant dit ce qu’il pense pour expliquer.”
3 ème étape: le groupe d’amis va chercher de l’aide... “ un joueur pioche une carte
dans la catégorie bleue et explique comment est utilisé l’objet pioché dans l’histoire. Le
joueur suivant pioche une carte dans la catégorie verte pour définir le lieu dans lequel se
déroule l’action suivante.”

20
4 ème étape: maintenant nous faisons la fête... “Le joueur suivant pioche une carte lieu
où se déroulera la fête de fin de l’histoire avec tous les acteurs rencontrés.”
Cette activité présentée de façon ludique a démarré lentement puis l’attrait du
jeu l’a emporté. Les séquences demeurent assez difficiles et ne peuvent se pratiquer
qu’en petits groupes en prenant soin de reformuler la règle très souvent. A leur tour les
enfants essaient d’oraliser la règle du jeu, plus ou moins rapidement. Certains ne
reformulent pas très bien mais arrivent à jouer ce qui déjà est une preuve de leur
adhésion au jeu.
d.L’histoire.
Elle est basée sur les trouvailles réalisées en jouant aux cartes. La création de
l’histoire:4 groupes de 7 élèves qui correspondent à 4 groupes de lanceurs d’écriture,
chaque groupe construit la suite du précédent:
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
Étapes de 1 à 3 Étapes de 4 à 5 Étapes de 6 à 7 Étape 8
Les élèves qui ne piochent pas sont les vérificateurs du respect de la suite de
l’histoire.Pendant la semaine d’appropriation, ils ont intégré l’importance du pouvoir de
leur parole et ils sont maintenant plus attentifs aux récits de leurs camarades et aux
lectures de rappel que j’effectue.
Retour des élèves: “La mémoire de l’Afrique.
Nous allons vous raconter l’histoire d’un groupe d’amis qui veut visiter
l’Afrique pour la raconter à tout le monde.Ils décident d’aller dans un village africain et

21
de se promener dans les alentours..Ils aperçoivent de nombreux animaux dans la savane,
la forêt, près des rivières.
Musique: Dans la savane
“1) Camouflés dans la savane, nous guettons les éléphants,
Imposantes caravanes, grandes oreill’s en mouv’ment,
Refrain:Cachez cachez-vous,
Ne fait’s pas de bruit
Cachez cachez-vous,
Ne fait’s pas de bruit.
2) Plus loin blotti dans la brousse, à l’abri d’un baobab,
Un gros lion qui se réveille, calmement bâille et rebâille.
3) Une compagnie de zèbres passe devant nous au galop.
Préparez vos appareils, nous prenons une photo.
4) Sortant de la jungle épaisse, la tortue va lentement,
Boire une lapée d’eau fraîche dans la chaleur du couchant.”
À la fin de cette longue journée, remplie de surprises, les enfants décident de
rentrer au village pour découvrir la vie des villageois.Dans le village tout est calme. Les
mamans portent leurs enfants sur le dos(...) et préparent le repas(...) du soir. Les enfants
africains jouent en chantant(...) Nous allons les rejoindre pour jouer avec eux. Ils nous
apprennent leurs jeux et nous leur apprenons les nôtres. Nous décidons de jouer à la
poupée...Tout à coup, un grand bruit retentit!(...) Les enfants ont peur, mais ils sont
courageux et vont voir d’où vient le bruit.
Musique:Dzindzin kololo chanson de piroguiers

22
Nagé don
Met tou paré
Tomb lor li
Embarqué
Dzindzin kololo
Dzindzin kololo
Dzindzin kololo
Dzindzin kololo(2)
Zanimo divan nou
Nagé don
Piqué don
Embarqué
Dzindzin kololo(2)
Dzindzin kololo(2)
Dzindzin kololo(2)
Dzindzin kololo(2)
Le crocodile a fait couler la pirogue. Les enfants n’ont rien pu faire pour sauver la
pirogue, alors ils se mettent à crier pour effrayer le crocodile... Il les a vu et se réfugie
derrière un gros rocher.
Les enfants retournent au village prévenir que le crocodile a fait couler une pirogue.
C’est le plus courageux qui va faire fuir le crocodile pour ne plus qu’il abîme les
pirogues des pêcheurs. C’est celui qui vient d’arriver: c’est l’étranger! Il est très fatigué.
Personne ne voulait lui parler, mais il prépare un piège pour aider les habitants...C’est
une cage. Nous allons l’aider à effrayer le crocodile. Nous faisons le tour du rocher pour
obliger le crocodile à entrer dans la cage. Dès que le crocodile est dedans, l’étranger
ferme la cage.Les hommes du village l’aident à le porter loin dans la forêt.Nous
rentrons au village avec l’étranger et tous les habitants l’acclament... C’est le sauveur.
On lui chante une chanson pour lui souhaiter la bienvenue.
Musique: Toï to toï
Nan djou oh,
Toï to toï,
Nan djou oh,
Bo ni ma djou eh,
Toï to toï,
Mè nan yeh dji oh,
Toï to toï.”

23
Toï to toï,
Maintenant, tous les étrangers qui passent dans ce village sont bien accueillis.Au cours
de la construction de cette histoire, de plus en plus d’élèves ont pris conscience qu’ils
pouvaient faire une histoire “comme celle des livres”
e.La musique en parallèle à des moments de l’histoire.
Composition de musiques:
Chacun des trois instruments est associé à un élément du texte. Après un travail
collectif de recherche, nous adoptons les décisions suivantes: les chimes africains seront
joués quand le mot crocodile sera prononcé, le tambour retentira quand on entendra un
grand bruit et les cloches africaines s’agiteront pour entendre la page du livre tourner.
Au début les enfants qui avaient choisi d’être musiciens ont du s’adapter à la rapidité et
surtout être très attentifs. Le mot est vite prononcé et il ne faut pas continuer à jouer. Le
groupe des crocodiles respecte cet accord mais le groupe des cloches africaines a plus
de difficultés.
Apprentissage de chansons:
Pour “dans la savane” et “dzindzin kololo”, je commence par chanter la chanson
aux élèves. Dans les deux cas je leur demande de quoi parle l’histoire. Pour la première
chanson les élèves ont compris qu’il s’agit d’animaux. Pour la deuxième, ils ne se
rappellent pas parce que la chanson est dans une langue africaine.
Les deux chansons ont été apprises phrase par phrase puis “dans la savane” a été
travaillée dans les ateliers de mimes.
Tout au long de la journée, une fillette restait totalement muette face à moi. Elle
communiquait verbalement uniquement avec ses camarades. Mais durant les moments

24
de chants, elle participait activement et elle a même pris en charge l’intervention du
tambour dans l’histoire.
En ce qui concerne la chanson “toïtotoï” qui est très rythmée, les enfants devaient
reproduire avec leurs mains l’enchainement: long, court, court que je faisais. Comme ils
n’arrivaient pas à respecter la longueur des notes, nous essayons alors avec la bouche.
Nous disons 1, 2, 3 et nous tapons les mains sur les cuisses avec le rythme précédant.
Après trois essais, de la soixantaine de mains qui se trouvent devant moi sort un
ensemble régulier. L’apprentissage du texte peut alors commencer.
4.La recherche esthétique.
a.Visite d’une exposition.
Les élèves s’éveillent à l’art en développant leur goût du beau. Nous visitons
une exposition sur le thème de l’Afrique. Ils observent les différentes façons de créer
une œuvre: à l’huile, au pastel, à l’argile, les couleurs utilisées pour les
compositions.Les élèves réinvestissent leurs observations dans leur conte à partir de ces
enrichissements communs.
b.Les décors du spectacle.
Langage: observation d’images pour enrichir la vision de la culture africaine.
Domaine: observation et transformation des images
Objectifs: amener les élèves à utiliser un vocabulaire élémentaire de description d’une
image afin d’en réutiliser une partie dans une nouvelle production
Compétence: émettre des hypothèses sur l’origine d’une partie de l’image dévoilée
Matériel: Une photo de femmes africaines pillant le mil dans leur village, une feuille
blanche avec des portes sur l’image

25
Consigne: Je soulève une porte; vous regardez puis dîtes à quoi l’image vous fait
penser: la terre, le ciel, les vêtements ou la case.
Retour des élèves:Les élèves s’écoutent et à partir des éléments apportés par chacun,
ils font évoluer leurs hypothèses sur l’image cachée
A partir de l’histoire inventée, les élèves définissent trois tableaux:
Un village africain
L’illustration de “dans la savane”
La capture du crocodile.
Pour chacun des tableaux, les enfants réalisent un fond marron et un encadrement avec
les étiquettes de l’alphabet à la terre qu’ils ont construits.
5.La mise en scène du spectacle.
Il s’agit d’agir et de s’exprimer avec tout son corps.
“Mimer c’est faire sans parler” a trouvé Liam après une séance de découverte et de jeu
autour du mot mimer.
Il faut alors s’exercer pour que chacun découvre et comprenne cette notion sujette à une
grande diversité. Huit séances très brèves consistent à mimer des gestes très simples de
la vie quotidienne (gestes très connus des enfants concernant l’hygiène, le réveil, le
petit déjeuner) puis des paragraphes de notre histoire comme “dans la savane”,
“dzindzin kololo” en créant toujours des variantes. Les enfants sont placés
différemment en rondes chantées ou se font face en deux groupes: les uns chantent
pendant que les autres miment. Le même passage a été repris au cours de différentes
séances, ce qui a apporté de la variété et de la richesse dans les gestes. Le mime retenu

26
et choisi par les enfants était celui qui traduisait le mieux l’histoire après délibération
dans la classe.
Les difficultés rencontraient au début étaient de plusieurs ordres:
La timidité pour certains,
D’autres riaient et dérangeaient
Et aussi lorsque la classe a été divisée en deux groupes et que certains enfants
chantaient pendant que les autres mimaient et devaient s’exprimer seulement avec le
corps.
Néanmoins cette activité a été très fertile et les gestes ont été plus élaborés au fil
des séances et les plus timides ont pu s’exprimer. Cette activité théâtrale a servi aussi à
mémoriser le texte et mieux le comprendre. L’exercice inverse a été aussi utile pour
assimiler des mots abstraits comme “guetter”, “camoufler”. Les enfants devaient
essayer de les mimer.
Petit à petit ces activités à condition qu’elles soient très brèves sont devenues un jeu de
devinettes. Les enfants y ont trouvé du plaisir et ont éveillé leur sens critique. Ils ont
su dire le geste qui convenait le mieux et pourquoi.

27
F. Modes d’évaluation
Lorsqu’on fonctionne dans une pédagogie de projets, comme l’indique le groupe
français d’éducation nouvelle, il devient difficile de se retrouver dans une notation
traditionnelle. On peut dire que le projet produit des effets directs et des effets indirects.
1. Effets directs:
C’est savoir si la concrétisation de l’objectif de départ est atteint. Le spectacle a
été réussi et les enfants ont été motivé pour cette réalisation enregistrée sur cassette
vidéo. Avec des enfants plus grands, il pourrait être envisagé une réflexion pour
d’autres projets.
2. Effets indirects:
J’ai pu connaître rapidement les enfants. J’ai constaté un investissement croissant de
chaque enfant sans exception dans la maîtrise de la langue orale et écrite,
amélioration du geste, de la motricité en graphisme. La motivation et le plaisir
prenait une grande place.

28
G. Conclusion
Le conte musical est un moyen motivant pour les enfants car ils vont travailler dans
un environnement chargé de sens pour eux. Cette pédagogie réelle à finalité connue
leur permet de ne plus dépendre seulement des choix de l’adulte. Ils peuvent
décider, s’engager après avoir choisi, se projeter dans le temps en programmant
leurs actions, assumer leurs responsabilités et être acteurs de leurs apprentissages en
créant eux-mêmes. La diversité qui est en chaque enfant est source de richesse parce
qu’elle est exploitée. Ce n’est pas le produit fini qui est pris en compte mais le
cheminement de chaque enfant en tant que personnalité pour y arriver. Le conte
musical par les activités qu’il a suscitées, variées et intéressantes, a permis à chaque
enfant d’entrer dans le projet par le biais qui lui convient le mieux.

ANNEXES
29

30
Bibliographie
Internet:
www.wobeli.net
www.ac-montpellier.fr
http://perso.wanadoo.fr/mondo.guillaumot/plan.htlm
Magazines:
Jdi n° 4 décembre 2003 édition Nathan
Tdc n° 820 cndp réseau “chants du monde”
Livres:
Lire et écrire des contes” m. Sanz
“La mise en scène du conte musical” M. Ley
“Éveil au monde sonore” E. Bérel
“Le conte musical: de la composition à la représentation” Fort b. -Fuseau 1997- 2
disques compacts& 1 livre
“Les intelligences multiples” Howard Gardner - psychologie retz- 1996
“Agir ensemble à l’école” Groupe français d’éducation nouvelle-Casterman- 1982
Auditif:
“L’enfant et les sortilèges” Maurice Ravel Colette livre disque le petit menestrel

31
Résumé
J’ai voulu montrer dans ce mémoire professionnel que l’hétérogénéité d’une
classe si difficile à gérer peut devenir source de richesses par le choix d’un projet varié
et faisant vivre l’imagination des enfants. Ainsi chacun peut y entrer par le biais qui lui
convient le mieux.
C’est à travers le conte musical que j’ai essayé d’exploiter au mieux les
compétences des élèves pour que la diversité de la classe devienne créative. J’ai voulu
partager ma formation musicale avec tout le plaisir qui l’entoure. Le bilan de ce projet
s’est révélé positif à plusieurs points de vue. D’abord au niveau des compétences
acquises globalement par la classe entière (maîtrise de la langue, mémorisation des
textes, plaisir partagé pour la créativité et les activités ludiques), mais surtout au niveau
des compétences individuelles pour que chaque enfant ait sa place, et puisse éveiller sa
propre personnalité (progression de chacun).
Le spectacle qui en a été l’aboutissement a été très apprécié par les spectateurs
et très motivant pour les enfants qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes.
Mots clés: hétérogénéité, projet, compétences, diversité, personnalité.