rapport_annuel_2015
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Focus<br />
Cyril a su à 12 ans qu’il était gay. Il n’a rien dit<br />
à personne. Pourtant, les rumeurs et insultes<br />
ont commencé, et Cyril s’est tu. Il s’est renfermé<br />
sur lui-même, a cessé de communiquer, mais ce fut<br />
pire. Enfermé dans son statut de souffre-douleur,<br />
année après année, il a subi tous les mots qui<br />
blessent : « victime », « tafiole », « pédale » et<br />
les autres. Honteux, il a donné le change en famille,<br />
devant les adultes, ne laissant rien paraître du<br />
mal qui le ronge.<br />
Arrivé au lycée, en internat, son horizon s’est éclairci.<br />
Là, il se rapproche de Guillaume et ressent comme<br />
le plus beau jour de sa vie celui où pour la première<br />
fois il se sent amoureux. Les deux garçons deviennent<br />
amis. Cyril vit sa passion en secret. Mais, la fin de<br />
l’année approchant, il se décide à révéler ses<br />
sentiments. Il lui écrit une lettre dans laquelle il se<br />
livre, y mettant tout son cœur.<br />
A sa lecture, Guillaume se met à rire, puis,<br />
comprenant que ce n’est pas une blague, rassemble<br />
tous ses amis. Ensemble, ils lisent alors à haute voix<br />
des morceaux choisis devant tout l’établissement,<br />
riant de plus belle. Anéanti, Cyril n’arrive plus à<br />
bouger, à parler, il regarde les autres lui cracher<br />
dessus, lui mettre des claques, tourne les talons et<br />
s’enfuit. Puis les larmes coulent. Le soir cependant,<br />
par peur, il dissimule sa peine à ses parents.<br />
Le lendemain, il redevient souffre-douleur ; tout le<br />
monde le regarde, l’insulte, le bouscule, il rase<br />
les murs. Une semaine plus tard, de désespoir,<br />
il se taillade les veines.<br />
Remis, il a changé d’établissement. Quelques mois<br />
plus tard, il a oublié Guillaume mais reste à jamais<br />
marqué par le visage de sa haine. Surtout, il regrette<br />
de ne pas avoir su parler.<br />
103<br />
A 17 ans, Sylvain est en 3 e technique<br />
dans un établissement<br />
de l’Ariège.Traité de « chien »,<br />
« animal », « sous-merde » par<br />
des camarades qui menacent<br />
de l’ « enculer » en raison de<br />
son homosexualité supposée,<br />
il ne sait plus comment les<br />
affronter. Roué de coups à<br />
la sortie d’un cours de sport,<br />
le proviseur lui a conseillé<br />
« d’attendre la fin de l’année<br />
en faisant profil bas ». Il est<br />
depuis sous antidépresseurs.<br />
Depuis deux années qu’il est<br />
au collège à Nanterre, Fabien<br />
nous dit vivre l’enfer.<br />
Son quotidien est rythmé par<br />
les insultes et les coups d’un<br />
groupe l’ayant choisi comme<br />
souffre-douleur. On lui reproche<br />
des manières dont il ne se<br />
rend pas compte. Honteux,<br />
il n’a jamais osé évoquer<br />
le problème auprès de sa<br />
famille ou de l’encadrement<br />
mais nous dit être à bout<br />
de nerfs.<br />
Enseignant-e intolérant-e<br />
Au collège, en cours de<br />
mathématiques, le professeur<br />
reprend Laura : « Viens t’asseoir<br />
à côté de Paul, c’est plus naturel<br />
que de draguer Charlotte. »<br />
Si la classe éclate de rire,<br />
la jeune fille vit, elle, très mal<br />
cette remarque.<br />
Alors que Sacha, 16 ans, a du<br />
mal à assumer son homosexualité,<br />
sa professeure de français<br />
répond à toutes ses questions<br />
en adoptant une voix efféminée.<br />
Cela ajouté aux moqueries