rapport_annuel_2015
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Ce problème de devoir prouver son orientation<br />
sexuelle est récurrent, avec 67 % des personnes<br />
expliquant qu’elles ont été confrontées à un rejet,<br />
ou à l’ignorance, en raison de leur bisexualité.<br />
Sandra raconte la première fois qu’elle est sortie<br />
avec une fille : « Aucun de mes amis n’a<br />
cru en ma relation. Au sens propre. Pour<br />
eux c’était une passade.»Ces discriminations<br />
ne sont pas présentes uniquement<br />
chez les plus jeunes, et la remise en<br />
question des personnes n’est pas exclusivement<br />
faite par des hétéros. Car la<br />
biphobie, comme la transphobie, a pour<br />
triste particularité d’exister aussi chez les<br />
gays et les lesbiennes. Naïma en<br />
témoigne : « Les filles doutent de toi parce<br />
que tu n’es pas une vraie lesbienne. »<br />
Les stéréotypes étant difficiles à déconstruire,<br />
les bi-e-s sont souvent vu-e-s<br />
comme des « partenaires à risques », qui seraient<br />
infidèles,instables,car ils-elles n’ont pas choisi entre<br />
les filles et les garçons,voire « malades ».Toutes ces<br />
idées reçues contribuent à une biphobie ambiante,<br />
où des bi-e-s préfèrent ne pas évoquer leur orientation<br />
sexuelle, de peur du rejet et des amalgames.<br />
Comme Jean-Pierre, qui nous raconte que durant<br />
un repas où un ami discute amicalement de sa<br />
possible homosexualité, la femme de ce dernier<br />
suggère : « Il est peut-être bi, aussi », et l’ami de<br />
«En fait,<br />
les plans<br />
cul avec toi<br />
ça doit être<br />
génial, vu<br />
que tu ne<br />
sais pas<br />
choisir »<br />
répondre : « Ah non,ça,ce serait dégueulasse »,sans<br />
méchanceté mais spontanément.En 2013,un tiers<br />
des témoins se disaient concerné-e-s par cette<br />
biphobie sociale, en 2014 plus d’un-e bi-e sur deux<br />
(63 %) dit en être victime.<br />
La bisexualité, avec ses stéréotypes, est<br />
parfois utilisée par l’entourage pour<br />
décrédibiliser la personne. Notamment<br />
dans les cas de divorce, quand arrive la<br />
décision de justice pour la garde des<br />
enfants, le-la conjoint-e se sert de cette<br />
caractéristique pour essayer de prouver<br />
qu’il s’agit d’« une personne instable »,et<br />
le-la déclarer inapte à élever ses enfants.<br />
Et lorsque les appelant-e-s souhaitent<br />
taire leur préférence auprès de leur<br />
entourage, cela se traduit par un mal de<br />
vivre et une grande difficulté à concilier<br />
une vie officielle pour la bienséance et leur vie « officieuse<br />
» où ils-elles vivent tel-le-s qu’ils-elles sont.<br />
Ce n’est pas une orientation sexuelle qui détermine<br />
si une personne est apte à éduquer ou non, ce n’est<br />
pas elle non plus qui permet de savoir d’office si<br />
une personne est instable mentalement ou saine<br />
d’esprit. Une orientation sexuelle ne se prouve pas,<br />
et ne peut rien produire pour se justifier, elle est, et<br />
n’a pas à être remise en question.<br />
Il faut que jeunesse se soigne<br />
« Une fois j’ai dit à une fille<br />
que j’étais bi et elle m’a<br />
répondu :“C’est pas grave,<br />
ça se soigne”.»<br />
« Quand ma mère a appris<br />
que je sortais avec une<br />
bisexuelle, elle m’a dit :<br />
“Tu es sûre ? Les bi-e-s<br />
sont tellement volages !” »<br />
Durant sa formation BAFA,<br />
Johanna entend des propos<br />
lesbophobes de ses collègues,<br />
sur le coup elle n’ose pas<br />
réagir, par peur de représailles.<br />
Elle décide de mettre au<br />
courant le directeur de la<br />
formation, mais il ne donne<br />
pas suite à ses remarques.<br />
Il lui tient même des propos<br />
biphobes en expliquant que<br />
la bisexualité n’est qu’un<br />
« trouble comportemental »<br />
qui se résout à l’âge adulte.<br />
A quoi ressemble un-e bi-e ?<br />
Vous avez 4 heures.<br />
En se rendant à une soirée<br />
LGBT Kim se retrouve bloqué<br />
à l’entrée de la boîte, les vigiles<br />
lui demandent s’il est gay ou bi.<br />
Lorsqu’il répond qu’il est bi,<br />
ils lui disent qu’il ne peut<br />
pas entrer : « Nous ne laissons<br />
pas entrer les hétéros. »<br />
Kim réexplique sa situation,<br />
mais les videurs maintiennent<br />
que bis et hétéros sont la même<br />
chose. Les amies de Kim tentent<br />
d’argumenter en sa faveur,<br />
mais les videurs lui répondent<br />
qu’il ne ressemble ni à un gay<br />
ni à un bisexuel. Kim devra<br />
finalement partir suite<br />
à ce refus.<br />
Amélie est en seconde, lors<br />
d’un cours de français leur<br />
professeur explique que