rapport_annuel_2015
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les LGBTphobies fleurir.Ainsi,plusieurs témoins nous<br />
ont fait écho de tracts électoraux qui dénonçaient<br />
« le lobby homosexuel » contre lequel les futur-e-s<br />
élu-e-s entendaient lutter.<br />
Célébration des mariages<br />
La campagne électorale des municipales a également<br />
été marquée par l’engagement de certain-e-s<br />
candidat-e-s à refuser, si la situation se présentait,<br />
la célébration de mariages entre personnes de même<br />
sexe. La loi ouvrant le mariage aux couples de<br />
personnes de même sexe adoptée, la question du<br />
« droit de conscience » écartée, on aurait pourtant<br />
pu imaginer que les questions liées aux mariages et<br />
à leur célébration auraient quitté le champ politique.<br />
Bien au contraire,un certain nombre d’élu-e-s continuent<br />
de lutter pour ne pas célébrer les mariages de<br />
couples de personnes de même sexe.<br />
Ce fut le cas dans la commune de Fontgombault,<br />
dans l’Indre. En 2013, la municipalité avait voté un<br />
arrêt anti-mariage pour tou-te-s. Jacques Tissier,<br />
maire de ce village de 300 âmes, ne souhaitait pas<br />
célébrer l’union de couples de personnes de même<br />
sexe, invoquant une « loi naturelle supérieure à la<br />
loi des hommes ».Le 10 juillet 2014,le tribunal administratif<br />
de Limoges a annulé cette délibération,<br />
estimant que le conseil municipal avait « exposé<br />
ses revendications d’opinions philosophiques »<br />
et que l’exposé d’une telle revendication était<br />
« contraire au principe de neutralité des services<br />
publics ».Quelques mois auparavant, la campagne<br />
des municipales avait été l’occasion, dans cette<br />
commune, de dénoncer la délibération prise par le<br />
maire sortant. Plusieurs habitant-e-s s’étaient<br />
présenté-e-s aux élections sur la liste des « Indignés<br />
de Fontgombault ».Sans succès malheureusement<br />
puisque la liste menée par Jacques Tissier avait<br />
récolté 140 voix, contre seulement 80 pour les<br />
« Indignés ». Plusieurs témoignages reçus en 2014<br />
visaient à dénoncer le plébiscite reçu par le maire<br />
lors de ces élections.<br />
Le droit de « conscience » des maires qui n’existait<br />
que dans les débats publics lors de l’adoption de la<br />
loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de<br />
même sexe s’illustre pourtant aujourd’hui dans<br />
l’application de la loi. Ainsi plusieurs témoignages<br />
nous ont fait part de l’agacement de couples<br />
homosexuels de voir leur union célébrée par un-e<br />
adjoint-e. Cette substitution nous amène à nous<br />
poser des questions sur le principe d’égalité des<br />
citoyen-ne-s. Dans certains cas, elle a pu conduire à<br />
d’importantes difficultés juridiques.A l’image de ce<br />
couple de lesbiennes qui a vu son mariage annulé<br />
dans les 15 e et 16 e arrondissements de Marseille.<br />
En cause, le refus par l’adjointe au maire de la<br />
commune de célébrer leur union (lire encadré).<br />
Abroger ou pas, telle est la question<br />
En 2014, un an après le vote de la loi sur le mariage<br />
pour tou-te-s,le sujet continue d’alimenter les débats.<br />
Les élections présidentielles de 2017 se profilant à<br />
l’horizon, cette année fut l’occasion pour de nombreuses<br />
personnalités politiques de se prononcer<br />
pour ou contre l’abrogation de la loi en cas d’accession<br />
au pouvoir. SOS homophobie a reçu un certain<br />
nombre de témoignages dénonçant le discours de<br />
Nicolas Sarkozy lors d’un meeting du collectif<br />
Sens commun, samedi 16 novembre. En campagne<br />
alors pour l’élection à la présidence de l’Union pour<br />
un mouvement populaire (UMP), l’ancien chef de<br />
l’Etat s’était prononcé en faveur de l’abrogation de<br />
la loi Taubira. Cette prise de position avait d’ailleurs<br />
divisé son propre camp, plusieurs personnalités de<br />
l’UMP souhaitant ne pas revenir sur cette loi.<br />
La remise en cause de la loi a également provoqué<br />
de nombreux débats parmi les juristes.Les échanges<br />
portaient notamment sur l’existence ou non d’un<br />
effet « cliquet ». Il s’agit là du nom donné à la jurisprudence<br />
du Conseil constitutionnel qui vise à empêcher<br />
tout retour en arrière du législateur sur une<br />
liberté fondamentale. Quelle que soit la réponse,<br />
on a pu observer à travers l’actualité et selon les<br />
témoignages que nous avons reçus que le mariage<br />
des couples de personnes de même sexe continuait<br />
de mobiliser une partie de la classe politique.<br />
La famille droit devant<br />
Dès le début de l’année 2014, le thème de la<br />
famille s’est imposé dans le débat public. Pour bien<br />
comprendre ce contexte, il faut revenir en 2013.<br />
Le projet de loi sur l’ouverture du mariage aux<br />
couples de personnes de même sexe, présenté