rapport_annuel_2015
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(59 %). Les parents, persuadés d'être les personnes<br />
connaissant le mieux leurs enfants,vivent le coming<br />
out comme la révélation d’une face cachée de la<br />
personnalité de ceux-ci. En perdant la maîtrise de la<br />
situation, ils voient le plan de vie idéal qu’ils avaient<br />
concocté pour leurs enfants remis en cause, et la<br />
« provocation » que constitue le coming out comme<br />
un affront à leur bonne éducation.Comme les années<br />
précédentes, les jeunes de moins de 18 ans sont les<br />
premièr-e-s à souffrir de la situation (17 %) Coincée-s<br />
chez eux par leur minorité, ils-elles subissent<br />
de plein fouet un chantage qui peut se manifester<br />
par exemple par l’interdiction de rentrer en contact<br />
avec leur partenaire,quand ce n’est pas une véritable<br />
séquestration qui est imposée à l’adolescent-e.<br />
Ces appelant-e-s nous décrivent leur enfer quotidien:<br />
insultes devant les autres membres de la famille,<br />
punitions à répétition (privations de téléphone et<br />
d’ordinateur). Une jeune fille nous a<br />
contacté-e-s plusieurs fois à propos de la<br />
réaction très violente de sa mère à l’issue<br />
de son coming out :après avoir été retenue<br />
et isolée,elle s’est retrouvée contrainte de<br />
quitter le domicile,et n’a eu d’autre choix<br />
que de partir habiter chez sa grand-mère.<br />
Le choix parfois fait est d’attendre la<br />
majorité en résistant en silence par peur<br />
de la réaction des proches :même avant<br />
le coming out,l’homophobie et la transphobie<br />
intériorisées sont des facteurs<br />
d’angoisse pour les jeunes LGBT. Un grand nombre<br />
d’entre eux-elles nous contactent via notre<br />
service de chat.Le fait d’avoir entendu des parents<br />
ou des ami-e-s développer des réflexions homophobes<br />
ou transphobes soulève des peurs qui<br />
amplifient le questionnement sur leur identité.<br />
Un jeune homme trans a ainsi longuement évoqué<br />
sa crainte de faire son coming out à ses parents<br />
alors qu’il vit en internat.<br />
La distance n’empêche pas la pression imposée qui<br />
peut continuer même loin du domicile.L’homophobie<br />
que rencontrent les jeunes majeur-e-s peut entraver<br />
le bon déroulement de leurs études ou du début de<br />
leur vie professionnelle (13 % des témoignant-e-s<br />
ont entre 18 et 25 ans).Un étudiant nous confie ainsi<br />
«Mes<br />
parents<br />
désinfectent<br />
tout<br />
à la javel<br />
après mon<br />
passage»<br />
se faire harceler continuellement au téléphone par<br />
sa famille habitant à plusieurs centaines de kilomètres<br />
de la ville où il étudie, alors qu’il croyait que faire<br />
son coming out à distance allait atténuer les tensions.<br />
Il craint même que ses parents ne cessent de lui verser<br />
l’argent nécessaire à sa survie.<br />
Les personnes plus âgées et adultes ne subissent pas<br />
moins l’ascendant psychologique du parent (7 %<br />
des témoignages concernent les plus de 50 ans).<br />
Un appelant de 57 ans nous confie être ainsi perpétuellement<br />
harcelé et rabaissé par sa mère dépendante<br />
qu’il aide dans son quotidien. Elle a même<br />
déposé plusieurs mains courantes contre lui.D’autres<br />
personnes, plus indépendantes, sont quant à elles<br />
davantage sujettes à une forme de discrimination<br />
de la part de l’entourage familial. L’exemple le<br />
plus fréquent est l’exclusion des réunions de famille<br />
ou de tout autre événement de sociabilité.<br />
C’est ce que subit un autre appelant<br />
depuis plusieurs années et il en souffre<br />
beaucoup. Il existe également des cas<br />
où certains membres de la famille<br />
« boycottent » ces événements pour ne<br />
pas être en contact avec une personne<br />
homosexuelle, ou font tout pour en éloigner<br />
leurs enfants.<br />
La part des femmes est particulièrement<br />
élevée dans les témoignages concernés par<br />
la famille et l’entourage proche par <strong>rapport</strong><br />
aux autres contextes de l’homophobie :49 % des victimes<br />
sont des femmes, contre 25 % en moyenne<br />
dans les autres contextes ; la famille et l’entourage<br />
proche restent un bastion de la lesbophobie. Une<br />
vision traditionnelle des <strong>rapport</strong>s de genre lie la<br />
femme à son rôle d’épouse et de mère au sein d’un<br />
couple hétérosexuel. De très nombreuses témoignantes<br />
nous <strong>rapport</strong>ent des conflits avec leur propre<br />
mère,comme cette jeune femme de 35 ans qui craint<br />
que sa mère,qui n’imagine pas sa fille élever un enfant<br />
avec une autre femme, use de moyens judiciaires<br />
pour obtenir la garde de son petit-fils encore bébé.<br />
Ce genre de cliché est également utilisé comme argument<br />
lors de divorces difficiles où l’homosexualité<br />
réelle ou supposée d’une des parties est utilisée pour