rapport_annuel_2015

143
que subissent certaines des victimes. Récemment
encore ce sont les footballeuses de l’équipe
des Dégommeuses qui ont été victimes de propos
et d’insultes lesbophobes sur leur lieu de
pratique sportive.
L’une des difficultés auxquelles je suis confrontée,
et que retrouve aussi SOS homophobie, est l’absence
de témoignages sur lesquels s’appuyer.
Pourtant je reste convaincue que cela permettrait
de mieux faire prendre conscience à celles et ceux
qui tiennent des propos homophobes du mal qu’ils
font, à l’instar des témoignages qui ont été présentés
dans l’excellent documentaire Homos, la haine.
Convaincue aussi que d’avoir des sportifs et sportives
qui osent révéler leur homosexualité serait
également de nature à faire avancer la lutte contre
l’homophobie. Là aussi il est assez curieux de
constater que le sport français compte si peu
d’homosexuel-le-s révélé-e-s. Pourtant, comme dit
par ailleurs, le sport est le reflet de la société.
Il serait donc logique que dans le sport, comme
dans toutes les autres sphères de la société, on
retrouve les mêmes différences. Il est vrai que chacun-e
est libre de protéger son espace personnel et
privé, mais avoir des modèles qui ne sont pas
forcément dans les normes qu’impose la société
peut être à mon sens un vecteur de progrès dans
l’acceptation par les autres de la Différence. J’ai eu
la chance de rencontrer Yoann Lemaire, ancien
joueur de football, qui m’a aidée à mieux comprendre
en quoi la révélation de son homosexualité
il y a quelques années avait été difficile à vivre
dans la poursuite de sa pratique sportive. Il serait
d’ailleurs intéressant de comprendre les freins qui
empêchent aux sportifs-ves de vivre leur homosexualité
au grand jour. La peur du jugement des
coéquipiers-ères ? La peur du jugement des adversaires
? La peur du jugement des supporters-trices,
des sponsors ? Autant de questions auxquelles
il est difficile de répondre mais qui prouvent la
nécessité pour chacun-e d’être sensibilisé-e, de
pouvoir accepter l’autre avec ses différences et
surtout que chacun-e comprenne qu’un sportif
homosexuel n’est pas moins fort qu’un autre.
Ou qu’une sportive lesbienne n’est pas dotée
d’une surpuissance que lui conférerait son homosexualité.
L’une des plus belles illustrations à ces
propos est le nageur australien Ian Thorpe, 5 fois
champion olympique, 11 fois champion du
monde… et homosexuel.
Maguy Nestoret-Ontanon, cadre interfédéral en
charge de la lutte contre les discriminations
dans le sport au ministère des Sports