rapport_annuel_2015
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Rapport sur l'homophobie <strong>2015</strong> • International<br />
droits de l'homme des Nations unies propose cinq<br />
recommandations pour améliorer la situation des<br />
personnes LGBT dans le monde. Il suggère la<br />
mise en place de dispositifs pour les protéger des<br />
violences dont ils et elles sont victimes, pouvant<br />
consister en la prise en compte de telles discriminations<br />
dans l'octroi du droit d'asile. Il s'agit aussi<br />
de prévenir des actes de tortures et de traitements<br />
dégradants en punissant les agresseur-e-s et en<br />
s'assurant de la protection des victimes. Le <strong>rapport</strong><br />
recommande aux Etats d'abroger les lois discriminatoires<br />
à l'encontre des personnes LGBT et<br />
d'interdire l'introduction de nouvelles lois qui<br />
entraîneraient des discriminations dans le domaine<br />
notamment de l'accès aux services. Enfin, il considère<br />
indispensable la sauvegarde de la liberté<br />
d'expression et d'information sur la condition des<br />
personnes LGBT.<br />
Or il est difficile pour les institutions internationales<br />
d’imposer aux Etats de modifier leur législation,car<br />
la coercition va à l'encontre du principe de respect<br />
de la souveraineté nationale. Il est plus facile de se<br />
servir d'instruments déjà existants, que ce soient<br />
des traités,des conventions,ou des résolutions que<br />
la plupart des Etats membres de l'ONU ont signés.<br />
Pour ne prendre qu'un seul exemple, la criminalisation<br />
d'actes homosexuels entre adultes consentants<br />
viole le principe de droit à la vie privée,précisé<br />
dans l'article 17 de la Convention internationale sur<br />
les droits civils et politiques, adoptée en 1966.<br />
Si cette convention n’a pas été signée en prenant<br />
en compte la lutte contre les LGBTphobies, celle-ci<br />
peut être évoquée a posteriori.<br />
Ce <strong>rapport</strong> fait cependant suite à une avancée<br />
majeure de l'ONU. Pour la première fois, en 2011,<br />
une résolution adoptée par l'Assemblée générale<br />
évoque la situation des personnes LGBT et l'urgence<br />
d'améliorer leur existence. Malheureusement,<br />
depuis cette date,la situation a peu évolué et l'élection<br />
du ministre des Affaires étrangères d'Ouganda<br />
(pays à législation LGBTphobe très répressive – voir<br />
infra) à la tête de l'Assemblée générale n'est pas<br />
vraiment de nature à encourager la confiance quant<br />
à la progression de la question LGBT sur le plan international<br />
dans les années à venir.<br />
Europe : « We Are Unstoppable »<br />
Un événement majeur s'est produit en 2014 en<br />
Europe et a permis de mettre sur le devant de la scène<br />
la question LGBT : il s'agit de la victoire de Conchita<br />
Wurst dans l'édition 2014 de l'Eurovision. Elle<br />
constitue un excellent moyen de prendre le pouls<br />
de la perception de l'Europe, souvent vue comme<br />
« coupée en deux ».<br />
Interrogé par Yagg,Alan Renwick, politiste anglais,<br />
analyse l'attribution des points par pays à la candidate<br />
autrichienne 2 . Il en conclut que la division<br />
européenne sur la question des « identités de genre<br />
alternatives » existe bien mais ne suit pas le schéma<br />
traditionnel.Cette division est davantage marquée<br />
chez les élites, et est visible dans la répartition<br />
des points attribués par les jurés professionnels,<br />
que chez le public, qui à l'exception de l'Estonie a<br />
largement soutenu Conchita Wurst.<br />
Certains pays d'Europe de l'Est continuent d'avoir<br />
malgré tout des législations problématiques.Au-delà<br />
de la Russie qui a encore montré une tolérance toute<br />
relative envers les homosexuel-le-s dans le contexte<br />
des Jeux olympiques de Sotchi (lire chapitre Sport),<br />
la Biélorussie, dernière dictature à parti unique<br />
d'Europe,et la Lituanie,pourtant membre de l'Union<br />
européenne et donc liée par des accords européens<br />
interdisant les discriminations, continuent d'avoir<br />
dans leur législation des lois limitant la liberté d'expression<br />
et interdisant la « propagande homosexuelle<br />
» auprès des mineur-e-s.L'Ukraine,en proie<br />
à la guerre civile, a quant à elle renoncé en 2014 à<br />
adopter de telles dispositions, dans un contexte de<br />
volonté de se démarquer de la Russie.<br />
À l'ouest du continent, l'Italie est un cas d'étude<br />
puisque, à l'image de la France en 2013, sa législation<br />
s'apprête à évoluer et le pays fait face à la même<br />
contestation conservatrice. Il s'agit pour le gouvernement<br />
de Matteo Renzi d'introduire l'union<br />
civile et un arsenal de lutte contre les discriminations<br />
fondées sur l'orientation sexuelle,dans un pays<br />
vierge de toute législation, après l'échec du DICO 3<br />
2. « Ce que les votes pour Conchita Wurst disent sur l’ouverture<br />
d’esprit des Européen-ne-s »,Yagg, 25 mai 2014