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27 30-31 mai et 1 er juin 2009 Dossier - Que votre règne arrive

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Le laïcisme à l’assaut de la chrétientéLa chrétienté médiévale avait incarné c<strong>et</strong>te belle idée de distingu<strong>er</strong> pour unir sans sépar<strong>er</strong>,saint Louis recevant à sa table saint Thomas d’Aquin <strong>et</strong> saint Bonaventure tout en assumant lapleine responsabilité de son pouvoir temporel. Le même roi respectant les lib<strong>er</strong>tés de l’Eglise<strong>mai</strong>s sachant aussi résist<strong>er</strong> aux tentatives d’empiétement de c<strong>er</strong>tains hommes d’Eglise.Malheureusement tous les rois de France ne furent pas des saints à la hauteur de Louis IX.Même en chrétienté la prétention du pouvoir temporel à empiét<strong>er</strong> sur les prérogatives du pouvoirspirituel fut une tentation constante. Les démêlées conjugaux des rois mérovingiens, laconfiscation par Charles Martel de biens ecclésiastiques… ne rem<strong>et</strong>taient cependant pas encause les principes qui avaient été rappelés par un texte du pape Gélase en 494 appelant àdistingu<strong>er</strong> d’une part l’autorité sacrée des pontifes, d’autre part la puissance des souv<strong>er</strong>ains.Après les invasions barbares qui avaient vu de nombreux évêques (Saint Loup à Sens,Saint Denis à Paris) jou<strong>er</strong> un rôle politique <strong>et</strong> mérit<strong>er</strong> le beau titre de « Defensor civitatis », laféodalité voit, au contraire, évêchés, abbayes <strong>et</strong> paroisses tomb<strong>er</strong> sous la domination dessouv<strong>er</strong>ains <strong>et</strong> des seigneurs qui imposent leurs candidats à la tête de ces institutions. La Réformegrégorienne, œuvre de saint Grégoire VII (1073-1085) va redonn<strong>er</strong> toute sa force à la distinctionentre le pouvoir spirituel <strong>et</strong> le pouvoir temporel. S’ensuivra avec l’emp<strong>er</strong>eur d’Allemagne la« qu<strong>er</strong>elle des investitures ». Le fond de l’affaire est de savoir qui choisit <strong>et</strong> nomme les évêques<strong>et</strong> les abbés : l’emp<strong>er</strong>eur ou le pape.Le premi<strong>er</strong> véritable conflit oppos<strong>er</strong>a, en France, Philippe IV Le Bel, p<strong>et</strong>it-fils de SaintLouis, au pape Boniface VIII. Litiges fiscaux –les cl<strong>er</strong>cs bénéficiaient d’une exemption fiscaleque rem<strong>et</strong> en cause Philippe Le Bel–, arrestation d’un évêque un peu turbulent, B<strong>er</strong>nard Saiss<strong>et</strong>,entré en opposition politique à Philippe ceci au mépris du statut traditionnellement reconnu auxecclésiastiques, entraînent d’une part la rédaction par Boniface VIII de la bulle Unam Sanctamqui affirme le droit de contrôle du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel <strong>et</strong> d’autre partl’int<strong>er</strong>pellation du pape à Anagni par Guillaume de Nogar<strong>et</strong> sur ordre de Philippe IV.L’événement est immense : le représentant d’un prince chrétien a osé insult<strong>er</strong> <strong>et</strong> frapp<strong>er</strong> le papeà domicile. Boniface VIII décède un mois plus tard, m<strong>et</strong>tant fin de facto au conflit.Le légiste du roi, Nogar<strong>et</strong>, se fondant sur un article du code canonique qui prévoit que lesprinces doivent réprim<strong>er</strong> les hérétiques, affirme la compétence de l’Etat dans le do<strong>mai</strong>n<strong>er</strong>eligieux. C’est c<strong>et</strong> argument qui p<strong>er</strong>m<strong>et</strong>tra à Philippe Le Bel, faisant pression sur Clément V, dedétruire quelques années plus tard l’Ordre du Temple, accusé de multiples hérésies <strong>et</strong> péchés.Se développe alors une nouvelle conception des relations entre Rome <strong>et</strong> la France : le« gallicanisme ». C’est une sorte de nationalisme religieux qui prône l’indépendance de l’Eglisede France à l’égard du pape. Par la « pragmatique sanction de Bourges », en 1438, Charles VIIdécide que les dignitaires ecclésiastiques s<strong>er</strong>ont désor<strong>mai</strong>s élus (par les chanoines pour lesévêques, par les moines pour les abbés). L’Eglise affaiblie par l’installation des papes à Avignon<strong>et</strong> le grand schisme d’Occident ne peut résist<strong>er</strong>.Un Concordat, signé en 1516, entre le pape <strong>et</strong> François 1 <strong>er</strong> à Bologne <strong>et</strong> qui va régirl’Eglise de France jusqu’à la Révolution française prévoit que les évêques <strong>et</strong> les abbés sontnommés par le roi, le pape se contentant de vérifi<strong>er</strong> leur aptitude canonique.Le pape, en contre-partie, p<strong>er</strong>çoit une taxe sur chaque nomination… Le recrutement duhaut cl<strong>er</strong>gé passe ainsi entre les <strong>mai</strong>ns du roi.La « Déclaration des quatre articles » en 1682, rédigée par l’évêque de Meaux : Bossu<strong>et</strong>affirme tout à la fois l’indépendance absolue du pouvoir temporel vis-à-vis du pape <strong>et</strong> lasupériorité du concile sur le pape. Rien de nouveau sous le soleil…le gallicanisme est bienenraciné.- 158 -Association Notre Dame de Chrétienté

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