10.07.2015 Views

voir le document en pdf - Icem

voir le document en pdf - Icem

voir le document en pdf - Icem

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

· et l'arc des sourcils, la t<strong>en</strong>dresse du profil,. la gourmandise de la bouche-~---erte, tout cela. se donnait comme l'émerveil<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t matinal d'un êtreCDCOre tout neuf.A,-ec l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ce, un retournem<strong>en</strong>t se produit. Le jeune homme a la révé­- 'Il de sa propre histoire. Il est s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> au travail profond qui s'opère <strong>en</strong> sonaxps et <strong>en</strong> son âme : il s'abandonne aux troub<strong>le</strong>s qu'il ress<strong>en</strong>t, il savoure <strong>le</strong>sémotions diffuses qui se lèv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui et l'<strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t. Il <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t ainsi à pr<strong>en</strong>goûtà lui-même, il se passionne pour son propre mystère et il <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dse connaître sur <strong>le</strong> bout du doigt : de se dévoi<strong>le</strong>r à soi-même du plus fin demain, comme se déyoi<strong>le</strong> un bouton de f<strong>le</strong>ur à qui sait <strong>en</strong> <strong>en</strong>tre-pr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>spéta<strong>le</strong>s. C'est l'âge du journal intime ou du carnet confid<strong>en</strong>tiel, l'âge aussi desqneJques poèmes par où l'on émerge à soi-même.Il faut ici faire la part de la culture et du loisir. Au lycée, au collège, l'ada-1esc<strong>en</strong>ce se prolonge et s'exacerbe, car l'ambiance scolaire favorise <strong>le</strong> rêve. Là,<strong>le</strong>s responsabilités de la vie, l'urg<strong>en</strong>ce de gagner son pain et d'être « un homme-ne vous saisiss<strong>en</strong>t pas à la gorge: l'élève de troisième ou de seconde vitdans une temporalité étalée où l'av<strong>en</strong>ir n'<strong>en</strong> finit pas de naître, un temps 'oùri<strong>en</strong> ne presse sinon, <strong>en</strong> soi, la grande fringa<strong>le</strong> de s'épouser soi-même et d'existerlibrem<strong>en</strong>t - étincel<strong>le</strong> légère ou g<strong>en</strong>êt griffé des v<strong>en</strong>ts; <strong>en</strong>, somme, <strong>le</strong> tempsd'un roman-f<strong>le</strong>uve où <strong>le</strong> prés<strong>en</strong>t disparaît, étouffé et débordé par la démesurem ême du futur et du passé ; un temps gonflé de pluie; <strong>le</strong>s rives <strong>en</strong> craqu<strong>en</strong>t àde certains mom<strong>en</strong>ts et <strong>le</strong> temps sans borne rejoint l'infini de l'espace. Le regard,est perdu et perdu <strong>le</strong> corps et tout <strong>le</strong> quotidi<strong>en</strong> avec. Le rêve qui nous pr<strong>en</strong>d surnos cahiers et nos livres nous emporte si loin, c'est comme un nœud qui sedéfait, nous fluons, nous sommes pure mouvance. Qu'import<strong>en</strong>t alors nos brastrop longs et nos imm<strong>en</strong>ses pieds et l'étroitesse et la banalité de l'exist<strong>en</strong>cequotidi<strong>en</strong>ne. Nous sommes ail<strong>le</strong>urs: Enfin nous habitons" nous respirons. Il asuffi pour s'<strong>en</strong> al<strong>le</strong>r d'un peu de musique ou de poésie ou du paysage brumeuxe ntrevu par la f<strong>en</strong>être de la classe, ou d'un rayon de so<strong>le</strong>il sur l'or tardif d'imtil<strong>le</strong>ul ; il a suffi de céder, un instant, à la rythmique du monde.« Chaque heure <strong>le</strong>s cloches 'sonn<strong>en</strong>tEt je sais qu'il ne vi<strong>en</strong>dra personneChaque heure l'horloge sonneEt je regrette <strong>le</strong> temps qui s'<strong>en</strong> vaComme moi qui passeChaque heure." (p. 82)Par là nous compr<strong>en</strong>ons que l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ce possède ses . saisons privilégiées;cel<strong>le</strong>s où <strong>le</strong>s rythmes du Cosmos sont <strong>le</strong>s plus <strong>en</strong>voûtants et <strong>le</strong>s plus dissolvants,printemps, automne, climats d'un âge qui est lui-même une intersaison deliexist<strong>en</strong>ce. Les grands' romans de' l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ce, werther ou R<strong>en</strong>é, Sylvie, Domi~nique ou Le Grand Meaulnes sont des œuvres où l'ambiance climatique joue unrô<strong>le</strong> capital : <strong>le</strong>s êtres particip<strong>en</strong>t de la saison, de l'effloresc<strong>en</strong>ce printanière oude la chute de feuil<strong>le</strong>s; ils ont l'aspiration et l'expiration du monde lui-mê~e .Les grands effluves d'avril et de mai sont une espérance de la chair et <strong>le</strong>spremièr-es grisaiUesd'oc-tobr-e une invitation aux cheminem<strong>en</strong>ts intérieurs.« Les arbres meur<strong>en</strong>tComme <strong>le</strong>s araignéesDans <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il., i :33

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!