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. me simp<strong>le</strong> besoin de respirer largem<strong>en</strong>t que comme amour de la terre ou com­. me inquiétude métaphysique.Si nous voulons rejoindre l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t au cœur de ses problèmes, dans ce'que sa dramatique a de plus aigu et de plus significatif, nous pouvons faire undétour par la pathologie m<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> - plus spécia<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t par la pathologie desnévrQses de l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ce. Les, déchirem<strong>en</strong>ts, <strong>le</strong>s ruptures et <strong>le</strong>s, gauchissem<strong>en</strong>tsdont souffre <strong>le</strong> névrosé ne font que révé<strong>le</strong>r avec des traits accu1iés et par làinoubliab<strong>le</strong>s,. <strong>le</strong>s conflits typiques de tout ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t. La névrose n 'est que l'acted'une puissance que nous possédons tous. Selon l'expression de Nietzsche, el<strong>le</strong>est la ' publication de ce qui se joue sous la tab<strong>le</strong>.Nous avons caractérisé l'intériorité affective de l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t comme un cheminem<strong>en</strong>tnocturne et solitaire et nous avons dit du jeune homme qu'il éprouvait<strong>le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'être abandonné. Or il existe un type de névroses propres à.l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ce que l'on désigne justem<strong>en</strong>t sous <strong>le</strong> terme de névroses d'abandon ..L~ malade se s<strong>en</strong>t perdu, seul au monde, délaissé par l'<strong>en</strong>tourage, accusé parlui-même, <strong>en</strong> bute à la tota<strong>le</strong> indiffér<strong>en</strong>ce du monde. Il se dit chargé d'un lourdpassé, maudit et abandonné par Dieu, condamné à la douloureuse insatisfactiondes errants. Le malade est instab<strong>le</strong>, il passe d'une tâche à l'autre sans pou<strong>voir</strong>jamais se fixer, d'une affection à l'autre sans pou<strong>voir</strong> jamais s'attacher. Ila <strong>le</strong> tourm<strong>en</strong>t du voyage, sollicité qu'il est par tin au-delà de toute action, 'detoute p<strong>en</strong>sée, de tout s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Son att<strong>en</strong>tion ne se porte pas à l'immédiatmais toujours à l'à-v<strong>en</strong>ir, à l'inaccessib<strong>le</strong>, Il connaît souv<strong>en</strong>t l'élan mystique etil prét<strong>en</strong>d alors que si son âme s'ouvrait à Dieu, se donnait à lui, toutes sesdifficultés serai<strong>en</strong>t résolues et il trouverait <strong>en</strong>fin la paix, <strong>le</strong> repos, la stabilité- <strong>le</strong> sommeil.. S'ouvrir à Dieu, s'abandonner à la Prés<strong>en</strong>ce divine, nous s<strong>en</strong>tons là com~eune effervesc<strong>en</strong>ce amoureuse et nous nous demandons s'il y a pas lieu de suspecterce mysticisme et d'y <strong>voir</strong> surtout l'expression d'une imm<strong>en</strong>se nostalgiede la féminité. Tout se passe comme si, au sortir de l'<strong>en</strong>fance, l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t -et d'une façon plus évid<strong>en</strong>te l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t névrosé - r<strong>en</strong>ouait affectivem<strong>en</strong>t avecla source même de son <strong>en</strong>fance, avec la mère. L'ori<strong>en</strong>tation aux lointains, dansses expressions spatio-temporel<strong>le</strong>s, nous paraît être un interminab<strong>le</strong> et profondregard du côté -où tout se fondait · jadis dans l'<strong>en</strong>globem<strong>en</strong>t maternel. Le désirde s'échanger avec l'espàce illimité, celui de se dilater aux dim<strong>en</strong>sions du cosmos,ou <strong>en</strong>core celui de se noyer, de se perdre au grand large - ce sont làautant de formes du désir lancinant de retourner au sein maternel - la chèrepatrie d'où l'exist<strong>en</strong>ce nous a exilés, Paradis terrestre, Eldorado, I<strong>le</strong> au Trésor- au Trésor <strong>en</strong>foui, <strong>en</strong>terré à tout jamais dans la Terra G<strong>en</strong>itrix. La communionpanthéiste à l'Univers tel<strong>le</strong> que <strong>le</strong> Vicaire Savoyard l'<strong>en</strong>seigne à l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>tEmi<strong>le</strong> exprime bi<strong>en</strong> aussi <strong>le</strong> désir d'épouser la Terre-Mère et d'annu<strong>le</strong>r parcette étreinte, toutes <strong>le</strong>s contradictions de l'exist<strong>en</strong>ce, d'annu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> Temps .. L'attrait de .. l'eau dormante comme espérance de liquéfaction doit ret<strong>en</strong>irnotr e att<strong>en</strong>tion. C'est <strong>le</strong> thème du mythe de Narcisse. Ker<strong>en</strong>yi (La Mythologiedes Grecs, Payot 1952, p. 172) note à ce propos: «On disait du beau Narcissequ'il n'aperçut son ref<strong>le</strong>t que lorsqu'il eut atteint sa seizième année ... Narcisses'éprit de sa propre image et se laissa dépérir à moins qu'il ne se tua. De soncadavre sortit la f<strong>le</strong>ur nommée aujourd'hui <strong>en</strong>core narcisse. En ce nom, onretrouve <strong>le</strong> vieux mot narkè, l'<strong>en</strong>gourdissem<strong>en</strong>t.»Ce récit nous propose des données particulièrem<strong>en</strong>t instructives. Le drameest celui d'une fascination irrémédiab<strong>le</strong> de l'ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>t par sa propre beauté, .fascination qui l'accapare tout <strong>en</strong>tier dans la contemplation de son image,image au fond des grandes eaux maternel<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong> laisse indiffér<strong>en</strong>t et indispo-371f!1l

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