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P~Qblèmes . de jeune.spar A. CHEVALIER: .'1', .,... « Le pire, M. l'Inspecteur, c'est que je suis si loin de chez moi, loin· de mescopains, de l'nes par<strong>en</strong>ts, de mes habitudes! .Je ne dirai pas que je ne m'habitue pasau travail; si, je comm<strong>en</strong>ce à ,me faire au. métier, mais je me -s<strong>en</strong>s souv<strong>en</strong>t si seul,isolé, perdu, livré aux <strong>en</strong>fants. Alors, vous me compr<strong>en</strong>drez, de temps <strong>en</strong> temps j'<strong>en</strong> aiassez, j'ai <strong>en</strong>vie de tout laisser là, et de «casser la baraque:l>. ·L'iso<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t; <strong>le</strong> grand mot est lâché! Voilà lé drame qui frappe <strong>le</strong>s jeunes maîtresdébutants. Ils ont déjà tant à faire, pour se mettre au courant d'une tâche· toute nouvel<strong>le</strong>(qu'ils croyai<strong>en</strong>t aisée), pour se trouver un gîte aussi (car .il· faut bi<strong>en</strong> p<strong>en</strong>ser àla gu<strong>en</strong>il<strong>le</strong>). Ils ont cherché à se faire des copains, ·des nouvel<strong>le</strong>s habitudes, à se rapprocherdes sources d'amour et de fraternité. Mais ils sont <strong>le</strong>s intrus, <strong>le</strong>s «étrang.ers~,v<strong>en</strong>us d'autres lielix, dont il faut d'abord se méfier. Leur dcc<strong>en</strong>t détonne, et <strong>le</strong> · so<strong>le</strong>ilqui resp<strong>le</strong>ndit dans l'acc<strong>en</strong>t d'un natif de Va<strong>le</strong>nce ou de Carcassonne' indispoSe' h:Flamand chez qui débarque «l'homme du midi:l>.Les collègues eux-mêmes ne . vous compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pa&, et plutôt· que de.' vous ·initieraux mystères du pays où l'on arrive,. l'on . vous ... vante<strong>le</strong>s charmes de votre ·.• coindeterre natal, son bon vin, son so<strong>le</strong>il si agréab<strong>le</strong>, sa douceur· .de vivre {d'autanL.plus 'qu'aIlne fait qu'y passer p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s vacances, quand la possession d'un ponefeuil<strong>le</strong> <strong>en</strong>corebi<strong>en</strong> garni p<strong>en</strong>net de jouir des beautés du pays). Au début, <strong>le</strong> novice approuve béat,car il ne voudrait pas dés<strong>en</strong>chanter ses interlocuteurs. Puis, lorsqu'il essaie de se faire·expliquer <strong>le</strong> pays où il vi<strong>en</strong>t exercer, il 5'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d répondre: «Mais que diab<strong>le</strong> v<strong>en</strong>ezvousfaire dans ce pays? ...Et <strong>le</strong> revoilà de nouveau seul, livré à lui-même, dans un monde qui devi<strong>en</strong>t vitehosti<strong>le</strong> quand <strong>le</strong> premier «mois:l> ne parvi<strong>en</strong>t qu'au bout de huit ou dix semaines,quand <strong>le</strong> travail donné par ce «·fainéant du midi» ne dOIlÎ<strong>le</strong>. pas ,satisfaction aul\. pèresde famil<strong>le</strong> vite grincheux, quand <strong>le</strong> collègue voisin se plaint du bruit de la c1as ~ e.Et ·un beau jour, c'est <strong>le</strong> coup de cafard, <strong>le</strong> coup de folie! Il m'est arrivé de <strong>voir</strong>,çette année, un garçon originaire de la Drôme disparaître mystérieusem<strong>en</strong>t de macirconscription. Un après-nlidi, pris de nostalgie, il a <strong>en</strong>fourché son scooter, et il estrepani vers son pays; à l'av<strong>en</strong>ture, loin de son <strong>en</strong>fer.Quelques autres s'<strong>en</strong>nui<strong>en</strong>t, je <strong>le</strong> s<strong>en</strong>s, et j'ai de la peine à <strong>le</strong>s <strong>voir</strong> s'éteindre;si je pouvais seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, par chance, être prés<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t où <strong>le</strong> mal du pays pr<strong>en</strong>dun de mes jeunes! Mais al<strong>le</strong>z donc être <strong>en</strong> même temps auprès de deux c<strong>en</strong>ts débutants,éparpillés dans quatre cantons! . .Il me reste la- possibilitéde· .. <strong>le</strong>s re<strong>voir</strong> - QU cours-des journées de formation professionnel<strong>le</strong>: ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fou<strong>le</strong> (quatre-vingt-six <strong>en</strong>un jeudi), se perd<strong>en</strong>t dans une masse anonyme et att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>le</strong> message de réconfort.Ils voi<strong>en</strong>t des <strong>le</strong>çons-modè<strong>le</strong>s, oui; mais ce sont des anci<strong>en</strong>s qui <strong>le</strong>s serv<strong>en</strong>t, des g<strong>en</strong>saffirmés, solides, <strong>en</strong> possession de la technique pédagogîque qui fait <strong>le</strong>s bons instituteurs:ce sont des <strong>le</strong>çons décourageantes, car l'on craiut de ne pou<strong>voir</strong> atteindre à41

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