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vant <strong>le</strong> " médecin qui l'examine ou même<strong>le</strong> serviteur qui assiste à wn bain, qu'<strong>en</strong>prés<strong>en</strong>ce de l'être aimé dont la vue l'absorbaittout <strong>en</strong>tière, Si el<strong>le</strong> se s<strong>en</strong>t donnéeau peintre comme un lieli de phénomènesesthétiques, comme un objet visuel qui aune va<strong>le</strong>ur artistique, ce retour sur soi nepeut se produire; et il n'est pas possib<strong>le</strong>non plus, si el<strong>le</strong> 'se sait donnée au médecinà titre de cas, ou au serviteur comme lamaîtresse. La raison est ici partout la même:el<strong>le</strong> ne se s<strong>en</strong>t pas donnée commeindividu. Mais il est clair éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t qu'il'inverse, si el<strong>le</strong> se sait donner seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tcomme individu, il n'y a pas là non plusde motif de pudeUr. Car c'est justem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>cas quand el<strong>le</strong> est <strong>en</strong>' prés<strong>en</strong>ce de l'hommeaimé . . Cet exemp<strong>le</strong> nous r~vè<strong>le</strong> un facteurconstitutif de la pudeur <strong>en</strong> tant qu'il concernel'état de fait qui <strong>en</strong> fonde l'apparition.Qu'un instant la p<strong>en</strong>sée du peintre,du médecin, du serviteur, s'égare sur l'as- 'pect individuel de la femme, de sorte que<strong>le</strong> modè<strong>le</strong>, <strong>le</strong> cas, la maîtresse disparaisseà '<strong>le</strong>urs yeux: si la femme s'aperçoit de cechangem<strong>en</strong>t d'attitude, el<strong>le</strong> opèrera ce retoursur el<strong>le</strong>-même.. et aura une vive réactionde pudeur. Mms inversem<strong>en</strong>t, que laiemme remarque. que sonarnant la compareà une autre femme, ou se souvi<strong>en</strong>t d'uneautre, bref que l'int<strong>en</strong>tion' de l'être aimé 'vi<strong>en</strong>ne à ne plus viser l'individualité de lafemme, ou <strong>en</strong>core qu'il la reluque <strong>en</strong> tantque bel<strong>le</strong> femme ou beau modè<strong>le</strong>, commetout à l'heure dans l'exemp<strong>le</strong> du peintre,- la femme, alors, dès qu'el<strong>le</strong> s'<strong>en</strong> apercevra,réagira par un mouvem<strong>en</strong>t de pudeur})(p, 30-31).SI nous avons t<strong>en</strong>u à citer in ext<strong>en</strong>soce long passage, c'est qu'il marque un'mom<strong>en</strong>t décisif dans <strong>le</strong> projet de Sche<strong>le</strong>r.L'analyse de l'expéri<strong>en</strong>ce vécue tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong>est rapportée ici, laisse perce<strong>voir</strong> que lapudeur advi<strong>en</strong>t à travers un conflit d'int<strong>en</strong>tions- lorsque ton regard cesse de répondreà ce que j'<strong>en</strong> att<strong>en</strong>ds. La 'femmeattènd de son amant qu'il l'accueil<strong>le</strong> <strong>en</strong> sonirremplaçab<strong>le</strong> unicité, non qu'il la situecomme une femme parmi d'autres; el<strong>le</strong> att<strong>en</strong>ddu peintre qu'il la saisisse à traversson éternité (liquide ou tectonique) comme<strong>le</strong> chiffre, l'énigme ou la dynamique mêmedu monde (Vinci, Titi<strong>en</strong>, Cézanne, R<strong>en</strong>oir)- mais s'il l'appréh<strong>en</strong>de comme un simp<strong>le</strong>?bj~t. chamel limité à ses caractéristiquesmdivlduel<strong>le</strong>s, , conting<strong>en</strong>tes, c'<strong>en</strong> est fait del'art, - au lieu de sc transc<strong>en</strong>der, <strong>le</strong>' corpss'empâte. Malaise aux confins du charnel etdu spirituel: réaction pudique, mouvem<strong>en</strong>tde' couverture, de protection de soi-même.* * *Nous ne sùivrons pas Sche<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> détaildu chapitre où il caract<strong>en</strong>se )a pudeurpar rapport à des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts appar<strong>en</strong>tés tels,que la fierté, l'humilité, <strong>le</strong> rep<strong>en</strong>tir, <strong>le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tde l'honneur, <strong>le</strong> x:espect, <strong>le</strong> dégoût'ou l'aversion,. - autant de formes du s<strong>en</strong>-'tÏDieiu .de soi-même. .Ces analvse~ . p<strong>le</strong>ines,de finesse ont l'avantage de préciser la notionde pudeur <strong>en</strong>m~me tempsqu'e1fes.élargiss<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s horizons .de la ,.psychplogiemora<strong>le</strong>. Mai~ toutes nous ramèn<strong>en</strong>t à cec<strong>en</strong>tre de perspectives que nous avons déjàindiqué: l'expéri<strong>en</strong>ce d'un , retour sur sOLexprimant une t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>tre deux niveaux:de la consci<strong>en</strong>ce.'***Dans <strong>le</strong> chapitre suivant, S.che<strong>le</strong>r réfute'la théorie extrêmem<strong>en</strong>t répandue qui «représ<strong>en</strong>te<strong>le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de la pudeur comm!!un produit de , l'éducation et, au lieu de<strong>voir</strong> <strong>en</strong> lui une des racines de la morà<strong>le</strong><strong>en</strong> fait la conséqu<strong>en</strong>ce d'une éducationd'après des principes moraux, qui domin<strong>en</strong>tdans une société}) (p. 52). Cette théorie"nous dit-il, repose sur une série de confusions.Il est évid<strong>en</strong>t que <strong>le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de pudeurpr<strong>en</strong>d toutes sortes de formes, d'expressions.dans l'espace et dans <strong>le</strong> temps. Nous sommesalors <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de phénomènes qwrelèv<strong>en</strong>t beauèoup plus de la tradition, ' dela consci<strong>en</strong>ce col<strong>le</strong>ctive, què de l'éducationproprem<strong>en</strong>t dite. Mais ces aspeci:s contin-·g<strong>en</strong>ts du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de pudeur n'<strong>en</strong> épuis<strong>en</strong>tpas l'ess<strong>en</strong>ce. L'ess<strong>en</strong>tiel, <strong>en</strong> effet, «consisteseu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce que, étant donnéestel<strong>le</strong>s formes de l'expression de pudeur,.tout écart par rapport à l'une d'el<strong>le</strong>s occasionneceteris paribus un mouvem<strong>en</strong>t depudeur, parce qu'il attire anormruem<strong>en</strong>tl'att<strong>en</strong>tion sur <strong>le</strong> corps de l'individu, c'està-dire<strong>le</strong> souligne et <strong>le</strong> r<strong>en</strong>d frappant» CP-53). De la nudité du primitif, il ne fautpas conclure à son abs<strong>en</strong>ce de: pudeur :«La négresse qui ne dissimu<strong>le</strong> pas sou.st:'xe possède pourtant un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de pu'­deur, même très nettem<strong>en</strong>t caractérisé: on.<strong>le</strong> voit à ce qu'invitée par <strong>le</strong> missionnaireà couvrir ses parties honteuses, el<strong>le</strong> se 'recfusevivem<strong>en</strong>t à <strong>le</strong> faire, <strong>en</strong> donnant ' tous<strong>le</strong>s signes de l'expression naturel<strong>le</strong> dèlapudeur, et . dans <strong>le</strong> cas bù el<strong>le</strong>' ohéliàcontre-cœur, el<strong>le</strong> s'<strong>en</strong>fuit <strong>en</strong> courant ei ' ~ecache derrière des " buiss6iis où dans : sa'hutte, et d'abord orine peut ' l'am<strong>en</strong>er ,'à.se montrer <strong>en</strong> public àvet' ée cache~seie .C'est qu~el<strong>le</strong> s<strong>en</strong>t sa ' peau comme. son v.êre:m<strong>en</strong>t, et <strong>le</strong>s poils du .pubis ,çomme-"son',pagne, .. et. . el<strong>le</strong> ne peut considérer <strong>le</strong> ,paineoula. robe ql.l'on lui donne .. .que, ,comme>quelque chose' qui va: justem<strong>en</strong>t attirer nat,.. ,t<strong>en</strong>tion d'autrui sur. ses· parties- honteuSes»(p. 26) ..51"

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