d’intrants que pour les autres cultures <strong>et</strong> ils sont le plus souvent soumis à de grosses contraintesde liquidités. Dès lors, le moyen de financement privilégié de production du coton graine est lerecours au crédit d’intrants. On comprend, ainsi, aisément que le rationnement du crédit peutrestreindre très fortement la production. Un bon fonctionnement <strong>des</strong> programmes de crédits’avère donc nécessaire <strong>et</strong> cela a été une <strong>des</strong> premières préoccupations de la réforme cotonnièreburkinabè. La restructuration <strong>des</strong> mécanismes de crédit, dont notamment ceux depréfinancement de campagne cotonnière <strong>et</strong> de crédits d’intrants, essentiels dans la réforme dusecteur, ont permis l’augmentation spectaculaire de la production. C<strong>et</strong>te étape a aussi permis lesoutien de la croissance <strong>des</strong> <strong>sur</strong>faces emblavées en coton <strong>et</strong> <strong>des</strong> nouvelles incitations à laproduction.Ces nouvelles incitations, d’où proviennent-elles ? La meilleure maîtrise <strong>des</strong> programmesde crédit d’intrants avec un recours facilité pour les producteurs est une première explication.La stabilité <strong>des</strong> prix d’achat du coton graine durant la réforme en est un autre. La réforme <strong>des</strong>institutions agraires en est une troisième. La meilleure maîtrise <strong>des</strong> mécanismes de crédit s’estappuyée <strong>sur</strong> l’émergence d’organisations professionnelles de producteurs <strong>et</strong> de leur faîtière,l’UNPCB, ainsi que <strong>sur</strong> un nouvel environnement institutionnel. Au cœur de la réforme dusecteur cotonnier, le processus de privatisation de l’ancien monopole parapublic, la SOFITEX,a permis le transfert de nombreuses responsabilités de l’Etat aux producteurs, grâce à leursstructures d’organisations émergentes. De nouvelles institutions ont été mises en place. Parmicelles-ci, le partenariat économique entre producteurs, investisseurs, Etat <strong>et</strong> banques pourcoordonner les différentes responsabilités <strong>et</strong> proposer une nouvelle réglementation, doit êtrementionné. La plus grande influence <strong>des</strong> producteurs de coton dans les décisions de la filière,ainsi que leur intégration au sein du partenariat économique de la filière ont attiré un nombrecroissant d’agriculteurs, grâce à <strong>des</strong> relations de confiance entre producteurs <strong>et</strong> égraineurs <strong>et</strong> àun recours au crédit d’intrants facilité. Une enquête de terrain <strong>sur</strong> les producteurs de cotonburkinabés a été réalisée en mars 2006 pour estimer l’importance de ces différents éléments dela réforme <strong>sur</strong> les incitations à la production <strong>et</strong> leurs <strong>impacts</strong> respectifs <strong>sur</strong> la croissance de laproduction.Au Burkina Faso, la société parapublique cotonnière SOFITEX 7 approvisionnait enintrants tous les producteurs au début de chaque campagne agricole par l’intermédiaire <strong>des</strong>groupements villageois. La SOFITEX distribuait les intrants en fonction <strong>des</strong> besoins expriméspar chaque groupement de producteurs. Ces derniers étaient composés de tous les producteursdu village désireux d’obtenir un crédit d’intrants pour leurs cultures céréalières <strong>et</strong> cotonnières.Cependant, les remboursements <strong>des</strong> intrants étaient prélevés uniquement <strong>sur</strong> les sommes tiréesà partir de la valeur d’achat du coton graine ; <strong>et</strong> un seul groupement pouvait se constituer auniveau de chaque village. Aucun processus de cooptation librement déterminée n’existait. Lesautorisations de crédit aux groupements étaient déterminées en fonction de leur taux deremboursement. Par ailleurs, de nombreux agents de la filière* abusaient d’un système peutransparent 8 . Les producteurs de coton étaient désavantagés car, en tant que seuls garants <strong>des</strong>remboursements de tout le groupement qui était formé d’agriculteurs se livrant à toute sorte decultures, ils étaient tributaires <strong>des</strong> comportements opportunistes* <strong>des</strong> autres membres. Il enrésulta de faibles incitations* à la production (peu d’efforts de productivité, recours restreint aucrédit, sous-dosage <strong>des</strong> intrants…). Le contrôle <strong>des</strong> risques* <strong>et</strong> <strong>des</strong> remboursements était7 C<strong>et</strong>te société détenait le monopsone pour l’achat du coton graine <strong>et</strong> les monopoles de la distribution d’intrants àcrédit <strong>et</strong> de l’égrenage ainsi que de la commercialisation du coton fibre.8 De nombreux cas de corruptions d’agents de la SOFITEX, de fausses comman<strong>des</strong> ont été déplorées. Voir parexemple le rapport <strong>des</strong> producteurs de coton maliens <strong>et</strong> leur point de vue <strong>sur</strong> la filière burkinabé dans le rapport demission de l’AOPP au Sénégal <strong>et</strong> au Burkina Faso (2004) ou encore la fiche de séminaire du CIRAD à Dakar en2002.Rapport <strong>FARM</strong>- Réforme de la filière cotonnière burkinabè 10
difficile. En eff<strong>et</strong>, la pression <strong>des</strong> pairs, courante dans les systèmes de solidarité villageoise,était inefficace au sein de groupes de taille trop importante, avec de possibles fractionssociales, <strong>et</strong>hniques ou religieuses. De plus, la menace d’une suppression de crédit pour lesgroupes défaillants n’était ni effective ni crédible, son application n’étant pas systématique. Lesservices de vulgarisation agricole 9 n’étaient pas très performants, en partie à cause de leurabsence de spécialisation dans la culture du coton <strong>et</strong> de leur formation inadaptée. Afind’améliorer leurs performances productives, les producteurs de coton privilégiaient doncl’apprentissage par l’expérience. En conséquence, la production atteignit un seuil deplafonnement au début <strong>des</strong> années 1990. La SOFITEX <strong>et</strong> la BACB 10 avaient accumulé lesd<strong>et</strong>tes financières <strong>et</strong> il devenait urgent de réformer la filière*.Un plan de relance a donc été engagé dès la campagne 1993/ 1994. La première étape aconsisté à m<strong>et</strong>tre en place de nouvelles organisations de producteurs au niveau local pourremplacer le système de groupements villageois. Celles-ci ont été intégrées ensuite aux niveauxdépartementaux, régionaux <strong>et</strong> nationaux <strong>et</strong> cela a débouché <strong>sur</strong> la mise en place d’un syndicatagricole plus puissant <strong>et</strong> organisé. Ces transformations ont permis aux producteurs <strong>des</strong>’impliquer davantage dans la filière*. Les autres étapes de la réforme ont été la privatisationpartielle du secteur, ainsi que l’entrée de nouveaux investisseurs au niveau de l’égrenage <strong>et</strong> dela commercialisation. Les producteurs ont bénéficié de la privatisation pour entrer dans lecapital de la SOFITEX, <strong>et</strong> intégré plusieurs comités de gestion <strong>et</strong> d’administration de la filière*.Ils siègent désormais aux comités d’administration <strong>des</strong> sociétés cotonnières <strong>et</strong> au sein del’interprofession de la filière*. Ils ont aujourd’hui une place importante au sein de la toute jeuneinterprofession <strong>et</strong> se sont donc érigés en véritables codécideurs <strong>économiques</strong>. Cela a contribué àl’attrait croissant <strong>des</strong> agriculteurs pour le coton. D’autant plus que les structures locales decrédit aujourd’hui fonctionnent mieux <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent aux grands producteurs de tirer <strong>des</strong> revenusconfortables de leur travail.C<strong>et</strong>te étude revient, dans un premier temps, <strong>sur</strong> les éléments de la réforme de la filière*cotonnière burkinabè. C<strong>et</strong>te réforme est notamment replacée dans son contexte sous-régional.Dans un second temps, la synthèse <strong>des</strong> entr<strong>et</strong>iens que nous avons eus avec <strong>des</strong> responsables dela filière, <strong>des</strong> experts <strong>et</strong> <strong>des</strong> chercheurs, est exposée. Puis la revue de plusieurs élémentsbibliographiques est développée afin de comparer les apports <strong>et</strong> les modèles existants à notreapproche. La cinquième partie est consacrée aux informations collectées au sein <strong>des</strong>groupements de producteurs de coton (GPC). La sixième <strong>et</strong> la septième parties sont consacréesà l’enquête auprès <strong>des</strong> ménages de producteurs de coton. Tout d’abord, l’analyse <strong>des</strong>déterminants de la croissance cotonnière est présentée, ainsi qu’une vérification empirique de lacorrélation entre les différents éléments de la réforme <strong>et</strong> la croissance de la production. Ensuiteest exposée l’analyse <strong>des</strong> <strong>impacts</strong> au niveau de la pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>des</strong> conditions de vie, grâce auxdonnées de bien-être collectées dans l’enquête. La méthodologie de l’enquête est détaillée(questionnaire, stratégies d’échantillonnage <strong>et</strong> d’estimations) au préalable. Nous finirons par unrésumé <strong>des</strong> principaux enseignements de la réforme cotonnière avec <strong>des</strong> recommandationsstratégiques pour la pérennité de la filière <strong>et</strong> certains éléments de réponse aux questionsdéveloppées par le groupe de travail <strong>sur</strong> le coton de <strong>FARM</strong> 11 .9 Ces services publics étaient dispensés par <strong>des</strong> agents du Ministère de l’Agriculture pour favoriser la productionagricole, encourager <strong>et</strong> former les agriculteurs à de nouvelles pratiques plus performantes.10 La banque agricole nationale était <strong>et</strong> est le principal partenaire financier de la SOFITEX pour le préfinancementde campagnes cotonnières <strong>et</strong> les investissements industriels.11 Voir http://www.fondation-farm.org/article.php3 ?id_article=41&lang=fr où les activités de ce groupe de travailsont détaillées ainsi que les liens <strong>et</strong> les références aux étu<strong>des</strong> qui s’y réfèrent.Rapport <strong>FARM</strong>- Réforme de la filière cotonnière burkinabè 11
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ConclusionCette étude a permis de
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BibliographieAkiyama, T., Baffes, J
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Poulton, C. et al., 2004. Competiti
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GlossaireAléa moral : situation à