acteurs, le Burkina Faso a pris un risque en faisant entrer dans le marché de l’égrenage denouvelles sociétés cotonnières alors que le système de monopole partiellement privatisésemblait convenir. Tant que l’organisation interprofessionnelle reste intégrée <strong>et</strong> coordonnée, cerisque restera me<strong>sur</strong>é.Deux doctorants de l’université de Wageningen 57 ont réalisé une étude <strong>sur</strong> l’Est duBurkina Faso dans le but de comprendre <strong>et</strong> d’estimer les <strong>impacts</strong> <strong>des</strong> changements<strong>économiques</strong> <strong>et</strong> <strong>sociaux</strong> <strong>sur</strong> la conservation <strong>des</strong> sols <strong>et</strong> de l’eau. Selon leurs conclusions, lagénéralisation de la culture du coton <strong>et</strong> la monétisation de la société menacent la conservation<strong>des</strong> sols <strong>et</strong> de l’eau. Néanmoins, ils ne concluent pas à la baisse significative de la fertilité ou àl’accélération de la désertification causée par l’extension cotonnière. L’étude de Gray <strong>et</strong>Kevane (2001) montre, également, que l’intensification du système de production agricolecotonnier n’a pas eu d’eff<strong>et</strong> significatif <strong>sur</strong> la baisse de fertilité du sol dans le bassin traditionnelde production au Sud Ouest du pays. Parallèlement, la production cotonnière a fait évoluer lesdroits d’accès à la terre <strong>et</strong> rendu plus difficile l’installation d’<strong>et</strong>hnies migrantes. La croissancedémographique a exacerbé la pression foncière. La réponse à la mise en cause de leurs droits depropriété <strong>et</strong> à la dégradation de la fertilité du sol a été l’intensification de leurs systèmes deproduction. Il s’agit donc d’une stratégie d’as<strong>sur</strong>ance face à l’incertitude* (c<strong>et</strong>te stratégieperm<strong>et</strong> de réduire la variabilité <strong>des</strong> rendements <strong>et</strong> <strong>des</strong> revenus futurs) <strong>sur</strong> les droits depropriété 58 <strong>et</strong> la fertilité du sol. En revanche, il n’y a pas ou peu de mise en œuvre de stratégiesde long terme de conservation de la fertilité <strong>des</strong> sols (fumures organiques, couverts végétaux,cordons pierreux…). Ces résultats contrastés de la croissance cotonnière <strong>sur</strong> l’évolution <strong>des</strong>systèmes de production agricole <strong>et</strong> la conservation <strong>des</strong> ressources sol <strong>et</strong> eau montrent qu’il fautenvisager l’intensification agricole liée au coton comme un processus avec <strong>des</strong> coûts <strong>sociaux</strong>.Parmi ceux-ci, il faut relever les questions relatives à la redistribution <strong>des</strong> actifs,l’expropriation, les conflits entre individus <strong>et</strong> groupes <strong>sociaux</strong> <strong>et</strong> les rivalités pour les droits depropriété avec investissement dans les productions plus intensives de type coton).2) Littérature théoriqueLa littérature économique perm<strong>et</strong> de comprendre l’importance <strong>des</strong> marchés liés dans lesPMA. Au Burkina Faso, les marchés du coton graine <strong>et</strong> <strong>des</strong> intrants pour le coton sont liés parle système de crédit <strong>des</strong> sociétés cotonnières. C<strong>et</strong>te configuration est présentée comme uneréponse à l’incomplétude 59 <strong>des</strong> marchés 60 , ce qui peut poser <strong>des</strong> problèmes au niveau <strong>des</strong>transactions* de crédit (<strong>et</strong> expliquer leur absence). Les transactions* liées ont permis auxsociétés cotonnières d’as<strong>sur</strong>er le crédit d’intrants auprès d’un nombre important de producteursavec une forte garantie de remboursement <strong>sur</strong> la production cotonnière grâce à la position demonopsone* de ces sociétés, le producteur ne disposant pas de débouchés alternatifs pourvendre son coton. En fait, il a été prouvé que les marchés liés apportaient un gain n<strong>et</strong> en termede bien-être social (somme pondérée du bien-être <strong>des</strong> producteurs, <strong>des</strong> sociétés cotonnières, <strong>et</strong>de celui <strong>des</strong> consommateurs) même si cela peut être aux dépens <strong>des</strong> producteurs ou <strong>des</strong>consommateurs. En eff<strong>et</strong>, Braverman <strong>et</strong> Stiglitz (1982) ont montré, entre autres, que la frontière<strong>des</strong> possibilités de bien-être social s’améliorait en présence de marchés liés. Si un mécanisme57 Travail de V. Mazzucato and D. Niemeijer (2000), Wageningen University, Environmental Sciences Dpt.58 La remise en cause <strong>des</strong> droits de propriété est beaucoup plus forte <strong>sur</strong> les terres mises en jachère plus longtemps<strong>et</strong>/ou cultivées moins intensivement.59 C'est-à-dire un ensemble de marchés <strong>sur</strong> lesquels un bien ou un service n’est pas disponible alors même que lademande est prête à acquitter un prix supérieur au coût de production (exemple <strong>des</strong> marchés d’as<strong>sur</strong>ance enAfrique sub-saharienne).60 Pourtant ce phénomène a longtemps été traité comme un mode d’organisation semi féodal, un moded’exploitation paysanne <strong>et</strong> non comme une solution aux dysfonctionnements de marchés (voir Mitra (1983)).Rapport <strong>FARM</strong>- Réforme de la filière cotonnière burkinabè 36
de redistribution existe, il peut donc as<strong>sur</strong>er l’amélioration de bien être pour tous les agents<strong>économiques</strong> en présence de marchés liés.Dans les PMA, les problèmes d’information* (sélection adverse <strong>et</strong> aléa moral 61 ) limitentle développement du crédit, notamment dans les zones rurales. Pour les populations ruralespauvres, le crédit de groupe avec responsabilité conjointe (caution solidaire) est la solution pouraccéder au crédit. La caution solidaire perm<strong>et</strong> au prêteur de s’appuyer <strong>sur</strong> une organisationlocale qui autosélectionne (coopte) ses membres (composition du groupe a priori) <strong>et</strong> as<strong>sur</strong>e une<strong>sur</strong>veillance <strong>des</strong> pairs (contrôle a posteriori) pour empêcher ou prévenir les comportementsopportunistes*. La caution solidaire apporte, aussi, une solution aux agriculteurs en situationd’aversion au risque* (climat, fertilité, protection <strong>des</strong> cultures…) en le mutualisant entre lesmembres d’un groupe de crédit (système d’as<strong>sur</strong>ance informelle). De nombreux travaux se sontpenchés <strong>sur</strong> l’importance de la responsabilité conjointe dans l’efficacité de ce schéma de crédit.L’objectif est de mieux concevoir ce schéma pour étendre l’accès au crédit à l’agriculturefamiliale <strong>des</strong> PMA, augmentant les potentiels de développement agricole de ces pays. Cemécanisme de caution solidaire a été développé dans l’analyse <strong>des</strong> coopératives de crédit 62 .Ces organisations réduisent les problèmes d’information grâce à de meilleures garanties deremboursement <strong>et</strong> à <strong>des</strong> mécanismes de sanctions crédibles pour les membres défaillants.Ghatak <strong>et</strong> Guinnane (1999) ont montré qu’une coopérative de crédit formée librement pourl’emprunt de groupe révélait un appariement positif entre les niveaux de risque* de chaquemembre. Les individus les plus fiables dans le remboursement s’associent entre eux au sein dumême groupe. Une bonne structuration <strong>des</strong> groupements de producteurs perm<strong>et</strong>trait, en termede remboursement, de meilleures performances que les autres types de contrats* existants(arrangements commerçant/ agriculteurs ou contrats* agricoles). Cependant, ce moded’organisation n’est pas encore très efficace ni très répandu. Dans beaucoup de pays d’Afriquesub-saharienne, le crédit est encore géré par <strong>des</strong> associations villageoises généralistes commeles anciens GV. L’émergence de structures spécialisées, professionnalisées comme les GPC estune voie intéressante à développer au Burkina Faso <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre en place dans d’autres payscomme au Mali par exemple.Les travaux de Armendariz de Aghion (1999) m<strong>et</strong>tent en lumière les avantages dumécanisme de la responsabilité conjointe dans les groupes de crédit. Un prêteur en situation demonopole peut dégager plus de bénéfices privés avec ce mécanisme qu’avec un créditindividuel classique si, <strong>et</strong> seulement si, les coûts de <strong>sur</strong>veillance mutuelle sont peu élevés ausein du groupe <strong>et</strong> si les sanctions sociales auprès <strong>des</strong> défaillants sont suffisamment crédibles.Les risques* de production étant corrélés entre les producteurs d’un même groupe de crédit,ceux-ci les incitent à améliorer la <strong>sur</strong>veillance mutuelle <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre un dégagement de rentesespérées plus important pour l’organisme de prêt. Cependant, les producteurs ne pourront paspartager le risque* comme auparavant, <strong>et</strong> les membres qui ont la plus grande aversion aurisque* ne voudront plus participer au crédit de groupe. La taille du groupe fait changer lescomportements stratégiques <strong>et</strong> le niveau de <strong>sur</strong>veillance entre les membres du groupe. Ungroupe plus grand peut améliorer le niveau de <strong>sur</strong>veillance ; mais il existe, aussi, <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>spervers, donnant plus d’ampleur aux comportements opportunistes*. Un groupe d’une tailleintermédiaire est donc souhaitable. Besley <strong>et</strong> Coate (1995) ont développé un modèle de théorie<strong>des</strong> jeux appliqué au remboursement du crédit de groupe avec responsabilité conjointe. Ceux-cimontrent qu’il existe deux types d’incitations* de remboursement opposées <strong>et</strong> que l’incitation*négative peut être réduite avec l’utilisation de sanctions sociales internes au groupement, d’oùleur rôle de garantie sociale.Ces modèles théoriques montrent clairement comment la responsabilité conjointe peutrendre un groupe de crédit efficace dans ses remboursements, rendant le schéma attractif. Dans61 Voir dans le glossaire asymétrie d’information* <strong>et</strong> risque moral*62 Voir Braverman <strong>et</strong> Guash (1989).Rapport <strong>FARM</strong>- Réforme de la filière cotonnière burkinabè 37
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GlossaireAléa moral : situation à