I. Les outils <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la performancepublique locale : <strong>de</strong>s pratiques novatrices,mais limitées au pilotage interne <strong>de</strong>s activitéset <strong>de</strong>s moyensDans le cadre <strong>de</strong> leur démarche <strong>de</strong> performance, les collectivités locales françaises ont mis en oeuvre <strong>de</strong>nouveaux outils <strong>de</strong> gestion afin <strong>de</strong> maîtriser leurs moyens et leurs activités. Pour répondre à notre problématique,nous nous interrogeons ici sur l’opportunité réelle <strong>de</strong> ces outils <strong>de</strong> gestion, en étant orientésvers une amélioration interne <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> gestion, et/ou externe <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s services rendus.Pour cela, nous les distinguons en trois catégories, cohérentes avec les motivations à l’origine <strong>de</strong> ce type<strong>de</strong> démarche, à savoir les nouveaux outils prospectifs (section A), d’évaluation (section B), et <strong>de</strong> responsabilisation(section C).A. De nouveaux outils prospectifs, gages <strong>de</strong> pertinence <strong>de</strong> l’actionpublique locale et d’objectivation <strong>de</strong>s moyens engagésD’un point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s outils prospectifs, l’évolution instrumentale locale se traduit, en premier lieu, parla nécessaire définition, a priori, d’une segmentation stratégique à l’échelle <strong>de</strong> la collectivité, c’est àdire d’un regroupement <strong>de</strong> compétences, <strong>de</strong> prestations, ou <strong>de</strong> services homogènes pour lesquels il estpossible <strong>de</strong> formuler une stratégie. En effet, selon Dupuis (1996), le pilotage <strong>de</strong>s politiques publiquesrésulte d’une « réflexion stratégique permettant <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions engageant la collectivité àmoyen et long terme dans le cadre <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> techniques rationnelles » - ce positionnementstratégique, dépendant <strong>de</strong> l’environnement réglementaire, social et économique, et <strong>de</strong>s choix politiques<strong>de</strong> la collectivité. Ainsi, selon notre étu<strong>de</strong> empirique, cette segmentation stratégique résulte dans laquasi-totalité <strong>de</strong>s cas (96%), <strong>de</strong> la déclinaison <strong>de</strong>s politiques publiques <strong>de</strong> la collectivité concernée enMissions/Programmes/Actions (M/P/A), quelles que soient les appellations retenues, avec pour objectifd’améliorer la pertinence et la transparence <strong>de</strong> l’allocation <strong>de</strong>s moyens aux politiques locales. Les missionssont alors déclinées en un certain nombre <strong>de</strong> programmes à un niveau stratégique, auxquelles sontassociées <strong>de</strong>s actions relevant d’un niveau plus opérationnel. Ces actions traduisent l’activité concrète<strong>de</strong> la collectivité dans la poursuite <strong>de</strong> l’exécution <strong>de</strong> ses politiques publiques. Néanmoins, nous pouvonsnous interroger sur la pertinence réelle <strong>de</strong> cette déclinaison <strong>de</strong>s politiques publiques. En effet, pour près<strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> ces collectivités, la détermination <strong>de</strong>s M/P/A correspond également à la traduction <strong>de</strong>scompétences réglementaire <strong>de</strong> la collectivité et pour près d’un quart à la présentation fonctionnelle dubudget pré-existant. Peu nombreuses sont les collectivités locales qui s’appuient sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur environnementpour déterminer la nature <strong>de</strong>s politiques à engager. En conséquent, pour une part importante<strong>de</strong>s collectivités engagées dans ce type <strong>de</strong> démarche, la segmentation stratégique semble résulter d’unevision administrative et interne du pilotage organisationnel <strong>de</strong>s collectivités locales. En moyenne, ces<strong>de</strong>rnières définissent une dizaine <strong>de</strong> politiques publiques, déclinées en 21 Missions, 53 Programmes, et288 Actions (ou Opérations).Egalement, selon Dupuis (1996), « le positionnement stratégique oblige chaque institution locale àrepenser ses missions et la force <strong>de</strong> l’engagement sur chacune <strong>de</strong> ses missions, en tenant compte <strong>de</strong>sressources présentes et futures ». Dans une optique <strong>de</strong> pilotage organisationnel, cette segmentation<strong>de</strong>s politiques publiques locales est ainsi rattachée dans 80% <strong>de</strong>s cas à l’ensemble du budget <strong>de</strong> lacollectivité, et dans 20% <strong>de</strong>s démarches, uniquement à une seule partie du budget. Pour une gran<strong>de</strong>majorité <strong>de</strong>s collectivités, la démarche peut alors être qualifiée <strong>de</strong> globale. Néanmoins, dans certains cas,l’opportunité <strong>de</strong> ce rattachement budgétaire <strong>de</strong>meure limitée par le manque <strong>de</strong> pertinence politique <strong>de</strong>certaines réorganisations stratégiques. Afin <strong>de</strong> responsabiliser les gestionnaires sur l’utilisation <strong>de</strong> leursCAHIER<strong>de</strong>RECHERCHE N°1449
crédits, et d’accroître la pertinence <strong>de</strong> l’allocation <strong>de</strong>s moyens financiers aux politiques <strong>de</strong> la collectivité,un rattachement pertinent se traduit aussi par la globalisation <strong>de</strong>s enveloppes budgétaires, gage <strong>de</strong> fongibilité<strong>de</strong>s crédits. Selon Arkwright et al. (2007), « la fongibilité <strong>de</strong>s enveloppes à l’intérieur d’un mêmeprogramme permet aux responsables une liberté <strong>de</strong> gestion dans la mise en œuvre <strong>de</strong>s politiques dont ils ont lacharge, afin d’atteindre les objectifs qui sont annoncés et mesurés par <strong>de</strong>s indicateurs chiffrés ». Néanmoins,à ce propos, moins d’un tiers <strong>de</strong>s collectivités locales ayant réorganisé leur architecture budgétaire ontprocédé à cette globalisation budgétaire, ceci pouvant présenter un biais à la pertinence réelle <strong>de</strong> l’allocation<strong>de</strong>s moyens aux orientations politiques <strong>de</strong> la collectivité.Afin <strong>de</strong> promouvoir la transparence démocratique, cette nouvelle structure budgétaire en M/P/A, <strong>de</strong> typematricielle, se superpose dans 58% <strong>de</strong>s collectivités engagées dans ce type <strong>de</strong> démarche, à la présentationbudgétaire réglementaire <strong>de</strong>s collectivités locales par nature ou par fonction, en s’adaptant auxdocuments budgétaires réglementaires concernés (budget primitif, compte administratif, budget supplémentaire,…).Ainsi, pour le reste <strong>de</strong>s collectivités, les acteurs locaux, internes ou externes, ne peuventjuger <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong> l’allocation <strong>de</strong>s moyens aux politiques <strong>de</strong> la collectivité. Enfin, l’existence,selon cette enquête, au sein <strong>de</strong> ces nouvelles architectures budgétaires <strong>de</strong> missions ou programmes« transverses», regroupant un certain nombre <strong>de</strong> ressources « supports » à l’activité <strong>de</strong>s directions, paraîtégalement révélatrice <strong>de</strong> la difficulté d’imputation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s moyens prévus/consommés auxpolitiques publiques.De nouveaux outils prospectifs sont donc engagées par les collectivités locales françaises. Toutefois, ilsrestent souvent focalisés sur <strong>de</strong>s dimensions réglementaires <strong>de</strong> l’activité publique locale. La dimensionpolitique <strong>de</strong> ces outils ne semble donc pas privilégiée. De plus, ces outils semblent <strong>de</strong>voir faire l’objetd’améliorations, en particulier concernant le lien avec le budget <strong>de</strong> la collectivité, la fongibilité <strong>de</strong>s créditsou le traitement <strong>de</strong>s consommations non liées directement à l’activité <strong>de</strong>s collectivités locales.B. De nouveaux outils d’évaluation, gages <strong>de</strong> mesure<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> gestionSelon Kaplan et Norton (1992), « On ne gère que ce l’on mesure ». En effet, même si cela paraît d’embléetautologique, il apparaît difficile <strong>de</strong> gérer une organisation sans outils <strong>de</strong> projection et <strong>de</strong> suivi adaptés.Dans ce sens, Gibert (2000) soutient lui que l’« on peut faire beaucoup <strong>de</strong> choses sans instruments<strong>de</strong> mesure : <strong>de</strong> la politique, <strong>de</strong> la morale, <strong>de</strong> l’idéologie, …, mais pas <strong>de</strong> la gestion ». Pour Dupuis (1996),« il est impossible <strong>de</strong> contrôler les résultats d’une action publique, si l’on ne connaît pas ses objectifsattendus ». Ainsi, les outils <strong>de</strong> pilotage organisationnel mis en œuvre dans le cadre <strong>de</strong>s démarches locales<strong>de</strong> performance prennent largement en considération ces dimensions. Elle se traduisent, dans un premiertemps, par la définition d’objectifs <strong>de</strong> performance, dans un second par la mise en œuvre d’indicateurs.Tout d’abord, dans 61,7% <strong>de</strong>s collectivités engagées dans une démarche <strong>de</strong> performance, <strong>de</strong>s objectifs<strong>de</strong> performance déclinent la stratégie <strong>de</strong> la collectivité dans l’exécution <strong>de</strong> ses politiques publiques, etresponsabilisent l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’organisation vers l’atteinte <strong>de</strong> finalités collectives. Pourtant,si une majorité <strong>de</strong> collectivités ont élaboré <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> performance, celles-ci doivent encore lesdévelopper et les généraliser. Pour le reste <strong>de</strong>s collectivités, soit près 40% <strong>de</strong>s collectivités, le défautd’implémentation d’objectifs <strong>de</strong> performance paraît traduire une gestion interne et informelle <strong>de</strong> leursactivités. Interne par un défaut d’objectivation politique vis-à-vis <strong>de</strong>s usagers/citoyens ; Informelle, parune absence d’orientations objectives et contractuelles, tant à un niveau collectif qu’individuel.Au niveau organisationnel, sont définis en moyenne pour chaque collectivité 266 objectifs traduisantles finalités et enjeux politiques au niveau <strong>de</strong>s missions, stratégiques au niveau <strong>de</strong>s programmes, etopérationnels au niveau <strong>de</strong>s actions. Les objectifs stratégiques sont déclinés en objectifs opérationnels50CAHIER<strong>de</strong>RECHERCHE N°14
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