3. L’adaptation du système local d’information, support technologique du projetL’implémentation <strong>de</strong> nouveaux principes et outils managériaux paraît, ensuite, nécessiter l’adaptationdu système local d’information (SI). Cette <strong>de</strong>rnière semble en effet primordiale dans la mesure où le SIconstitue, dans le cadre d’une démarche <strong>de</strong> performance, un support technologique à l’automatisationet à la formalisation <strong>de</strong>s indicateurs, mais aussi à l’harmonisation et au partage <strong>de</strong>s procédures, <strong>de</strong>sressources, et <strong>de</strong>s objectifs organisationnels. Dans ce sens, pour Szulanski (1996), le SI est qualifié <strong>de</strong>vecteur technologique du transfert intra-organisationnel <strong>de</strong> connaissances.Dans la pratique, cette condition <strong>de</strong> réussite a été prise en compte dans la mesure où dans 42,8 %<strong>de</strong>s cas, le logiciel financier a fait l’objet <strong>de</strong> modification voire <strong>de</strong> changement. De plus, 71,4% <strong>de</strong>scollectivités ont effectué une refonte totale <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> leur système d’information budgétaire etcomptable.Pourtant, lorsque nous analysons les modalités <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> performance, il apparaîtque ces <strong>de</strong>rniers sont, dans <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s cas, générés <strong>de</strong> manière manuelle. Ils sont produits <strong>de</strong> manièreautomatisée ou via un système d’information décisionnel dans seulement un tiers <strong>de</strong>s cas. Si l’adaptationdu SI est engagée ou en voie d’engagement par les collectivités locales concernées par ces démarches,il n’en reste pas moins, que <strong>de</strong>s améliorations restent à apporter.4. Une communication en externe encore peu utiliséeEnfin, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s démarches locales <strong>de</strong> performance peuvent être caractérisés parla pratique <strong>de</strong> communication auprès <strong>de</strong>s acteurs externes. Dans ce sens, notre étu<strong>de</strong> empirique révèleque seulement 20,8% <strong>de</strong>s collectivités communiquent en externe sur la démarche <strong>de</strong> performance engagée.Pour la totalité d’entre elles, cette communication porte sur <strong>de</strong>s informations générales sur ladémarche, pour 60% sur les M/P/A retenus, pour 40% sur les politiques publiques segmentées et lesobjectifs envisagés. De plus, seulement 20% d’entre elles communiquent en externe sur les indicateurs<strong>de</strong> performance fixés, sur leurs valeurs cibles, et les moyens alloués/engagés. En outre, ces informationsne portent, dans aucune <strong>de</strong>s collectivités locales répondantes, sur les résultats obtenus, sur l’état d’avancementpar rapport aux objectifs fixés, ainsi que sur la qualité <strong>de</strong>s services publics locaux.De manière conforme aux <strong>de</strong>scriptions antérieures, ces <strong>de</strong>rnières pratiques mettent en évi<strong>de</strong>nce la faiblesse<strong>de</strong> la dimension politique attachée à ces démarches locales <strong>de</strong> performance, que cela soit dansl’impulsion, dans le portage ou bien dans l’affichage. La reddition <strong>de</strong> compte aux parties prenantes localesne semble donc pas constituer un enjeu actuel <strong>de</strong> cette évolution <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la gestion publiquelocale. Si les objectifs stratégiques peuvent, dans quelques rares cas, faire l’objet d’une communicationà l’extérieur <strong>de</strong> la collectivité, les résultats politiques et opérationnels sont eux absents <strong>de</strong>s pratiquesd’information externe <strong>de</strong> la collectivité.CAHIER<strong>de</strong>RECHERCHE N°1461
III. Conclusion : Un modèle français <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong> la performance locale actuellement guidépar une logique administrative, ne risquant<strong>de</strong> générer que <strong>de</strong> faibles apprentissagesAu total, la gestion <strong>de</strong>s collectivités locales françaises, sous l’influence <strong>de</strong> nombreux facteurs contextuels,paraît connaître <strong>de</strong>s évolutions importantes. Celles-ci, ici mises en évi<strong>de</strong>nce par la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>démarches locales <strong>de</strong> performance, sont caractérisées par l’implémentation <strong>de</strong> nouveaux principes, outils,et modalités <strong>de</strong> gestion, largement inspirés <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> performance mis en œuvre au niveau<strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong>puis le 1er janvier 2006 au travers <strong>de</strong> la Loi Organique relative aux Lois <strong>de</strong> Finance (Carassuset Favoreu, 2005). Les principes <strong>de</strong> ces démarches sont guidés par la <strong>recherche</strong> d’une synergie organisationnelleorientée vers une réponse aux besoins environnementaux. Les pratiques organisationnellesévoluent alors d’une logique administrative centrée sur les moyens à une logique politique centrée surles résultats. Dans ce cadre, les outils mobilisés, permettant un pilotage rationnel <strong>de</strong> l’organisation, sont<strong>de</strong> nature stratégico/budgétaire, évaluative, et responsabilisante. Les modalités d’implémentation, elles,permettant <strong>de</strong> coordonner orientations politiques, déclinaisons administratives, et exécutions opérationnelles,sont focalisées sur <strong>de</strong>s logiques informationnelles et humaines, participatives, intégratives, etadaptatives.Toutefois, à l’analyse <strong>de</strong>s pratiques locales réalisées ici, il s’avère que ces outils et modalités, en l’étatactuel <strong>de</strong> leur implémentation, restent guidés par <strong>de</strong>s logiques administrative et interne. En effet, d’unemanière générale, nous mettons en évi<strong>de</strong>nce la faible dimension politique dans l’impulsion, le portage, lamise en oeuvre, le suivi et la communication <strong>de</strong> ces démarches <strong>de</strong> performance engagées volontairementpar les collectivités locales françaises. Sur le premier point, nous avons mis évi<strong>de</strong>nce que ces démarchesétaient, dans une large majorité, impulsées par <strong>de</strong>s fonctionnaires territoriaux. Concernant le portage,l’analyse <strong>de</strong>s pratiques locales a révélé la forte influence <strong>de</strong> l’encadrement administratif, principalement<strong>de</strong>s directions générales et fonctionnelles, sans réelle implication <strong>de</strong>s élus ou <strong>de</strong>s agents. Sur le troisièmepoint, celui lié à la mise en œuvre <strong>de</strong> ces démarches <strong>de</strong> performance, la faible dimension politique a étémise en évi<strong>de</strong>nce par la nature <strong>de</strong> la segmentation stratégique, focalisée sur <strong>de</strong>s axes réglementaires <strong>de</strong>l’activité publique locale, par la déconnexion entre les politiques publiques et les dispositifs d’évaluation,par les logiques budgétaires et quantitatives <strong>de</strong>s indicateurs mis en œuvre, mais aussi par la focalisationsur l’optimisation <strong>de</strong>s ressources et besoins internes <strong>de</strong> l’organisation, plus que sur ceux <strong>de</strong> l’environnementlocal. Concernant maintenant le suivi, notre étu<strong>de</strong> empirique met en particulier en évi<strong>de</strong>nce lefaible nombre d’indicateurs stratégiques, ainsi que l’utilisation modérée <strong>de</strong> ces indicateurs par les élus.Enfin, sur le <strong>de</strong>rnier point, celui lié à la communication autour <strong>de</strong> ces démarches, ici aussi, la dimensioninterne est privilégiée. En particulier, peu <strong>de</strong> collectivités communiquent à l’extérieur sur leur démarche<strong>de</strong> performance. Quand elles le font, la communication reste, <strong>de</strong> plus, très générale sans réelle reddition<strong>de</strong> compte sur les résultats et impacts <strong>de</strong>s actions engagées par la collectivité.Ainsi qualifié d’administratif plutôt que <strong>de</strong> politique, le modèle <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s collectivitéslocales françaises se distingue ainsi, en l’état actuel <strong>de</strong> son niveau d’implémentation, <strong>de</strong>spratiques internationales déjà analysées. En particulier, les démarches initiées dans les collectivitésanglo-saxonnes ou danoises semblent être caractérisées non seulement par une implication forte <strong>de</strong>sélus, mais également par une volonté <strong>de</strong> placer le citoyen ou l’Etat au centre <strong>de</strong>s outils et modalités misen oeuvre (Conseil <strong>de</strong> l’Europe, 2005).Cette divergence pourrait être expliquée par la nouveauté <strong>de</strong> ces démarches globales dans les collectivitéslocales françaises, engagées <strong>de</strong> manière générale <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> trois ans, comparativement aux collectivitésà l’échelle internationale engagées, elles, en moyenne <strong>de</strong>puis plus d’une décennie. Cependant,au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce facteur temporel, nous pensons que la nature administrative du modèle local français estbien plus profon<strong>de</strong>. Elle apparaît en effet non seulement dans les dispositifs originaux <strong>de</strong> prospection, <strong>de</strong>62CAHIER<strong>de</strong>RECHERCHE N°14
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CAHIERdeRECHERCHE N°14Institut de
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SommaireComment classer les actionn
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influence via un contrôle externe
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