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Bernardo C. Ditercause <strong>de</strong> cette réplique. Elle exprime une attitu<strong>de</strong> déterminée,inébranlable.La position <strong>de</strong> Tarrou est moins mystique, peut-être. Lui aussi a sesdogmes, ses certitu<strong>de</strong>s qu’il faut bien appeler orgueilleuses, quoiqu´ilaffirme plusieurs fois avoir appris la mo<strong>de</strong>stie : « Je sais <strong>de</strong> sciencecertaine, ose-t-il dire (oui, Rieux, je sais tout <strong>de</strong> la vie, vous le voyez bien),que chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personneau mon<strong>de</strong> n’en est en<strong>de</strong>mne... ce qui est naturel c’est le microbe » ( p.251).De toutes les écoles <strong>de</strong> la patience et <strong>de</strong> la lucidité, la création(artistique) est la plus efficace. Elle est aussi le bouleversanttémoignage <strong>de</strong> la seule dignité <strong>de</strong> l’homme : la révolte tenace contresa condition, la persévérance dans un effort tenu pour stérile. Elle<strong>de</strong>man<strong>de</strong> un effort quotidien, la maîtrise <strong>de</strong> soi, l’appréciation exacte<strong>de</strong>s limites du vrai, la mesure et la force. Elle constitue uneascèse. 14Cette admirable profession <strong>de</strong> foi du Mythe <strong>de</strong> Sisyphe, comment nepas la rappeler d’abord, chaque fois que l’on veut parler <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>Camus ? Elle affirme, exactement comme il le faut, ce qu’il a voulu etpourquoi il l’a voulu. L’art, pour lui comme pour Malraux, est d’abordune lutte <strong>de</strong> l’homme contre son <strong>de</strong>stin.Or c’est cette lutte, précisément, qui est le sujet <strong>de</strong> La peste. Oncomprend dès lors avec quelle exigence Camus la porte en lui pendantpresque huit ans, et son angoisse, souvent, lorsque le travail se révèleplus difficile, d’avoir conçu une ambition folle, contradictoire, plusabsur<strong>de</strong> dans ce mon<strong>de</strong> absur<strong>de</strong>.Jusqu’à la fin, les doutes le hanteront. Pendant le triste hiver 1942-1943 lorsqu’il travaille solitaire, soignant sa tuberculose en Auvergne, etque le débarquement allié d’Afrique du Nord, l’invasion <strong>de</strong> la zone librepar les troupes alleman<strong>de</strong>s le coupent brutalement <strong>de</strong> sa femme, <strong>de</strong> samère, <strong>de</strong> son pays, ou beaucoup plus tard, en 1946, lorsqu’il ne saitabsolument plus, comme tant d’écrivains, si ce qu’il compose avec tant <strong>de</strong>soin mérite la moindre audience : « Peste. De toute ma vie, jamais un telsentiment d’échec. Je ne suis même pas sûr d’arriver au bout. Àcertaines heures, pourtant... ».Il continue, malgré la maladie, les découragements, les gran<strong>de</strong>s tâches<strong>de</strong> la Résistance et <strong>de</strong> la libération, malgré les responsabilités,clan<strong>de</strong>stines ou officielles, <strong>de</strong> Combat. Il retrouve constamment et14 Ginestier, Paul (1990). Pour connaître la pensée <strong>de</strong> Camus, p.48.26 LyCE Estudios 15/2012

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