portes de la ville d'autrefois sont presque au centre de la nouvelle cité. Du vieux château on ne r<strong>et</strong>rouverait pas une pierre,pas une ruine, si ce n'est peut-être un vieux puits qu'on ne s'est pas encore avisé de combler [13] ; de ces fortes murailles de10 pieds d'épaisseur qui entouraient la ville, à peine un vieux pan enclavé dans les constructions de l'église, <strong>et</strong> qu'on nereconnaît qu'à <strong>ses</strong> touffes d'aches <strong>et</strong> de giroflées jaunes ; de ces antiques fortifications, une vieille tour qui ne tardera peutêtrepas à disparaître.Essayons, d'après les monuments <strong>du</strong> temps, de reconstruire <strong>Cherbourg</strong> tel qu'il était à ces époques reculées.La ville n'avait pas alors la route de Paris avec <strong>ses</strong> jolies maisons <strong>et</strong> son rideau d'ormes qui se courbent sur la tête <strong>du</strong>voyageur. Le Roule descendait jusqu'à la rive droite de la Div<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> il n'y avait pour entrer dans <strong>Cherbourg</strong> que l'étroitchemin, appelé les Ru<strong>et</strong>tes, qui domine la vallée. C'est par là, que François I er , le roi magnifique <strong>et</strong> galant, passa quand il vintvisiter nos aïeux ; <strong>et</strong> de là, son oeil ne put se reposer ni sur le canal encadré[p. 56]d'arbres verts, qui se mirent si bien dans <strong>ses</strong> eaux, ni sur le double bassin aux beaux quais, ni sur la partie de la ville, quis'étend à droite de la rivière : toute c<strong>et</strong>te plaine n'offrait qu'une aride éten<strong>du</strong>e de sable, garnie de p<strong>et</strong>ites <strong>du</strong>nes à peinevariées un peu pendant l'été par les tiges vigoureu<strong>ses</strong> <strong>et</strong> piquantes <strong>du</strong> panicaut, les rameaux foncés <strong>du</strong> fenouil agités par lesvents, <strong>et</strong> les fleurs assez peu brillantes <strong>du</strong> gallium verum <strong>et</strong> de l'ononide rampante [14]. A l'emplacement des deux bassins <strong>du</strong>commerce, de[p. 57]la place de la Div<strong>et</strong>te, de la prison <strong>et</strong> des halles, s'étendait à mer haute, une grande masse d'eau salée qui, d'un côté venaitau devant de la Div<strong>et</strong>te jusqu'au pont <strong>du</strong> Roule, <strong>et</strong> de l'autre, bordait une chaussée sur laquelle ont été bâties depuis lesmaisons de la rue <strong>du</strong> Vieux-Quai, — battait de <strong>ses</strong> ondes les murs de la ville, qui suivaient une partie de la rue Quai-<strong>du</strong>-Bassin, — puis en se r<strong>et</strong>irant faisait moudre un moulin à la place <strong>du</strong>quel on a construit le groupe de maisons qui forme le nordde la rue de la Div<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> laissait à sec les navires qui pouvaient ainsi se faire porter aussi loin qu'ils le voulaient dans cehavre profond pour opérer leur déchargement ou faire réparer leurs avaries. La chaussée qui commençait auprès <strong>du</strong> Cauchincon<strong>du</strong>isait le voyageur à l'entrée principale de la ville.C'était la porte de Notre-Dame. Située vers le milieu de la rue des Portes d'aujourd'hui ; elle était surmontée de la statue <strong>et</strong>des armes de <strong>Cherbourg</strong>. Ces armes consistaient en « un écu d'azur, à une fasce d'argent, accompagnée de trois besansd'or, deux en chef, deux en pointe. C<strong>et</strong> écu était appuyé sur une lance aussi d'or. »<strong>Cherbourg</strong> avait encore une autre porte, ouverte bien postérieurement à la première, nommée la Porte-Neuve. Elle étaitcomme la précédente composée d'une porte ouvrante <strong>et</strong> d'un pont-levis ; tout le reste de la ville était entouré de fossés larges<strong>et</strong> profonds.[p. 58]A gauche de la porte Notre-Dame, le mur se dirigeait vers le sud-ouest <strong>et</strong>, dans l'espace compris aujourd'hui entre les rues<strong>du</strong> Faubourg <strong>et</strong> de la Fontaine, il faisait un angle vers la place de la Fontaine. La tour qui défendait c<strong>et</strong> angle tombait enruines en 1543 ; Matignon, général de François I. er en Normandie, la fit remplacer par un bastion, auquel il donna le nom deS.t-François. Sept cents prisonniers furent employés à vider les fossés <strong>et</strong> à dresser les nouvelles batteries.C'est sur l'emplacement actuel de la place de la Fontaine, que se trouvait la Porte-Neuve ; le fossé en c<strong>et</strong> endroit avait 120pieds de largeur <strong>et</strong> 12 de profondeur ; la partie solide <strong>du</strong> pont était soutenue par six gros piliers ; le pont-levis avait 15 piedsde longueur.De là, les murailles prenaient la direction de la place d'Armes ; entre c<strong>et</strong>te place <strong>et</strong> le passage Digard, à peu de distancede c<strong>et</strong>te dernière rue, on trouvait une grande tour nommée la Tour-Corn<strong>et</strong>te. Sur la Place, en creusant pour poser l'obélisque,on a découvert les fondements de la Tour-Carrée, qui a donné son nom à une des rues voisines ; entre ces deux forteres<strong>ses</strong>,le mur était protégé par deux autres tours plus p<strong>et</strong>ites, dont le nom est inconnu.A l'angle de la même place, au bord de la mer s'élevait la Tour-Gouberville. L'officier dont elle portait le nom était deNéhou ; il se distingua dans les guerres de religion sous les ordres de De la[p. 59]Chaux, gouverneur de <strong>Cherbourg</strong>, <strong>et</strong> mourut au siége de Théville en 1629.
En suivant le contour des murs, on trouvait encore deux autres tours sans nom avant d'arriver à celle qui est connue sousle nom de Vieille-Tour. C'est la plus importante pour nous, puisqu'elle subsiste encore. Nous nous y arrêterons un moment.Les pieds baignés par la mer, elle lève sa tête crénelée, encore chargée de graminées <strong>et</strong> de giroflées jaunes, <strong>et</strong> forte de<strong>ses</strong> murailles restées intactes, elle s'enorgueillit de braver les efforts conjurés <strong>du</strong> temps <strong>et</strong> des vagues qui, depuis quatresiècles, viennent deux fois par jour saper <strong>ses</strong> fondements. C'est le plus vieux monument de notre ville.Charles VIII, réveillé de son apathie par Jeanne d'Arc <strong>et</strong> Agnès Sorel, s'était enfin souvenu qu'il portait le nom de roi deFrance. Battus à Formigny, les Anglais s'étaient r<strong>et</strong>irés à <strong>Cherbourg</strong>, où ils se fortifièrent. Le connétable de Richemont les ypoursuivit ; le siège fut long <strong>et</strong> meurtrier : mais attaqués avec une espèce nouvelle de bombardes, les ennemis furent obligésde capituler le 12 août 1450, <strong>et</strong> par suite d'évacuer la Normandie.Les fortifications de la ville avaient été endommagées pendant le siège. Jean <strong>du</strong> Bueil fit construire plusieurs nouvellestours au bord de la mer ; l'une était p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> située près de la Tour-Gouberville. La seconde est celle qui nous occupe ; ellepouvait recevoir six ou huit canons.[p. 60]Elle n'a jamais eu d'emploi comme forteresse, si ce n'est en 1758 qu'on imagina de faire aux Anglais, qui s'avançaientcontre la ville, ce que Cambyse fit aux Egyptiens ; mais nos voisins furent moins scrupuleux que les adorateurs <strong>du</strong> boeufApis : un boul<strong>et</strong> enleva un doigt à une statue de la Trinité qu'on avait placée sur la plate-forme.Le peuple en a fait le siège de terribles événements <strong>et</strong> long-temps elle a été un obj<strong>et</strong> d'effroi. D'après les traditions, on yaurait étranglé un officier, parce qu'il avait manqué de respect à un gouverneur de <strong>Cherbourg</strong> ; des soldats y seraient mortsde faim, <strong>et</strong> chaque nuit leurs fantômes, couverts de longs habits blancs, se promenaient sur le couronnement <strong>et</strong> rondaientautour de la tour. On s'avisa d'espionner les revenants ; c'étaient d'honnêtes in<strong>du</strong>striels qui allaient voler des planches dansun enclos voisin.La tour a long-temps servi de prison, <strong>et</strong>, certes, ce n'était pas une douce prison avec <strong>ses</strong> murs humides, sa p<strong>et</strong>itebarbacane grillée, qui, en été, laissait à peine arriver un rayon de soleil, <strong>et</strong> en hiver donnait passage aux vents, à la neige, à lapluie. Le malheureux était obligé de se coucher sur <strong>du</strong> sable malpropre, qu'il ne devait qu'à la compassion <strong>du</strong> geolier : tropheureux encore quand les rats pouvaient l'y laisser dormir en paix ! On n'y m<strong>et</strong>tait d'abord que des criminels ; on finit par enfaire un violon pour les tapageurs nocturnes. Depuis la construction de la prisonde la place de la Div<strong>et</strong>te, elle n'est plus d'aucun usage.[p. 61]En quittant c<strong>et</strong>te forteresse, la muraille passait derrière le choeur de l'église, dans le jardin <strong>du</strong> presbytère, où il en reste unpan qui sert de terrasse, <strong>et</strong> s'avançait jusque dans l'avant-port <strong>du</strong> commerce.Une brèche considérable ayant été faite en c<strong>et</strong> endroit pendant le siége de 1450, on y construisit une grosse tour à troisbatteries, qui fut appelée Tour-des-Sarrasins, nom qu'elle a laissé à la place voisine ; on pouvait y m<strong>et</strong>tre dix-sept pièces decanon ; elle a servi de magasin à poudre jusqu'en 1778, époque où elle fut abattue. Les armes de France étaient sculptéessur la clef de voûte.Entre ces deux tours, à peu près sur la ligne de la Grande-Rue, s'ouvrait une porte de secours.Une autre forteresse placée auprès <strong>du</strong> pont-tournant actuel défendait l'entrée <strong>du</strong> port. Il y avait auprès un pont de sept ouhuit arcades.A partir de c<strong>et</strong> endroit la muraille faisait un angle pour aller rejoindre le bastion <strong>du</strong> Moulin, situé près <strong>du</strong> moulin dont nousavons parlé (entre les rues Quai-<strong>du</strong>-Bassin <strong>et</strong> de la Div<strong>et</strong>te) <strong>et</strong> de là, la porte Notre-Dame.Outre les communications extérieures entre ces différentes fortifications, il y en avait de secrètes. Sous la place d'Armes,en face de la mairie, on a trouvé, à six mètres de profondeur, les ruines d'un souterrain. Il a trois branches ; l'une s'avancevers l'emplacement[p. 62]de la Tour Corn<strong>et</strong>te, l'autre vers la Tour Gouberville, <strong>et</strong> la troisième, qui suit la direction de la rue de l'Hôpital, faisait sans
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ENREGISTREMENT, M. Peschau, receveu
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Le sonnet suivant, dont une copie s
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Laufelt, il combattit cependant de
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Couvent de Benédictines. 85Maison
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Quincampoix. — La Fauconnière.
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[33] Toustaint de Billy, hist. manu
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