végétation s'affaiblit ; plus de maisons, plus d'enclos : la terre a la couleur de la cendre, <strong>et</strong> près d'un vallon fertile, le terrains'élève en croupe arrondie <strong>et</strong> se couronne d'une lande aride <strong>et</strong> nue ; les bruyères croissent à la surface <strong>du</strong> sol, <strong>et</strong>, dans l'été,font à la terre un tapis de fleurs rouges sur un fond noirâtre ; dans le printemps des ajoncs noirs broutés <strong>et</strong> arrondis en hemiellipsoïdespar les moutons qu'on y laisse vaguer, réjouissent la vue de leurs élégants bouqu<strong>et</strong>s d'un jaune frais, <strong>et</strong>, de placeen place, le grès intermédiaire, le granit, le micaschiste découvrent leurs roches gri<strong>ses</strong> ou blanches, trouées de profondescrevas<strong>ses</strong>, demeure ordinaire des fées <strong>et</strong> autels des sacrifices druidiques.Puis d'immen<strong>ses</strong> falai<strong>ses</strong> de 50 à 100 pieds, de granit, rarement de grès ou de micaschiste, comme les landes, stériles <strong>et</strong>couvertes seulement d'ajoncs <strong>et</strong> de serpol<strong>et</strong>, car les arbres qui se hasardent à y pousser dans les interstices des rochers sontrabougris <strong>et</strong> couchés sur le sol par les vents <strong>du</strong> nord <strong>et</strong> de l'ouest ; çà <strong>et</strong> là quelques p<strong>et</strong>ites cabanes de gazon construites parles douaniers qui errent toute la nuit sur les côtes ; des rocailles pleines de crevas<strong>ses</strong> où, dans les jours d'hiver, vient battre lamer verdâtre <strong>et</strong> écumeuse, où viennent se percher les oiseaux aquatiques lorsqu'ils sont las de suivre les on<strong>du</strong>lations desvagues ; <strong>et</strong> ailleurs des grèves plates <strong>et</strong> couvertes d'un sable très-fin, ensevelies en octobre dans un épais nuage de fumée,quand les habitants des lieux[p. 11]voisins brûlent pour fabriquer de la soude les plantes marines qu'ils ont fait sécher pendant la belle saison.Enfoncez-vous plus avant dans la campagne, les jolies maisonn<strong>et</strong>tes font place à de vieilles chaumières où le jour pénètreà peine par des portes bâtardes ou tout au plus par une p<strong>et</strong>ite fenêtre à chassis de plomb ; partout des masures couvertes delierre <strong>et</strong> de jaunâtres lichens, des pans des murailles encombrés de ronces <strong>et</strong> d'herbes parasites ; des cours sales où lescanards <strong>et</strong> les oies barbottent dans la vase <strong>et</strong> dans le fumier ; des étables couvertes de chaume où ruminent les vaches auxlourdes mamelles, les brébis à la laine forte <strong>et</strong> rude. Entrez dans ces demeures : l'aire est de terre noire, mais bien balayée,les poutres sont bas<strong>ses</strong>, <strong>et</strong> noircies par la fumée, mais l'araignée n'y a pas ten<strong>du</strong> une seule toile ; les lits sont trop hauts, lesmeubles taillés à coups de hache, mais tout y est d'une propr<strong>et</strong>é irréprochable ; les murs y sont tapissés d'images grossièresentourées d'une longue complainte ; au plancher est suspen<strong>du</strong> le veilleur, où l'on attache la lampe pendant les soiréesd'hiver ; les fusils sont suspen<strong>du</strong>s au-dessus de l'ais de la cheminée ; tout est triste <strong>et</strong> sombre, mais tout est en ordre. Unejolie paysanne qu'à <strong>ses</strong> yeux bleus ou verts, à <strong>ses</strong> cheveux blonds vous reconnaissez pour être de la race normande, se lève,vient à vous, <strong>et</strong> pendant que vous admirez son costume pittoresque qui fait[p. 12]valoir toutes les grâces de son corps, elle s'apprête à vous donner des rafraîchissements pour lesquels elle ne voudra jamaisrien accepter. C'est à la fois la Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> la Flandre, <strong>et</strong> si vous parvenez à entendre de ces hommes leur langage accentué<strong>et</strong> énergique, qui, avec <strong>ses</strong> anciens conquérants, a envoyé beaucoup de <strong>ses</strong> formes à l'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> à l'Italie, vous penserezà leurs légendes bizarres où ils entremèlent des scènes voluptueu<strong>ses</strong> à d'horribles aventures, les amours des fleurs <strong>et</strong> desfées aux démons qui achètent pour de l'or l'âme des enfants encore dans le ventre de leurs mères.Suivant les traditions, le pays était autrefois couvert de ces immen<strong>ses</strong> <strong>et</strong> sombres forêts dont les hauts plants de hêtress'élevant comme les colonn<strong>et</strong>tes d'un temple gothique, inspirent à l'âme une sorte de mystérieux effroi qu'on se plaît à braver.C'était là que les druides aimaient à consommer leurs barbares sacrifices, ainsi que nous l'attestent les monuments qu'ilsnous ont laissés de leur séjour ; c'était là aussi que les anciens seigneurs se plaisaient à élever leurs demeures féodales. Lesprincipales étaient : celle qui entourait le château de Bricquebec, très-vaste encore, quoique de long-temps les marchands debois, les sabotiers, les charbonniers auxquels sont depuis peu venus se joindre les trappistes, s'en disputent le défrichement ;celle de Brix, au milieu de laquelle s'élevait le vieux château d'Adam, d'où sortirent les Bruce, plus tard rois d'Ecosse, <strong>et</strong> qui,[p. 13]à travers les montagnes <strong>et</strong> les vallées, s'étendait jusqu'aux portes de la ville ; <strong>et</strong> celle de Banne, qui paraît avoir occupé toutela plage N.-O. de la presqu'île ; elle est aujourd'hui entièrement détruite ; la mer même a envahi une grande partie des lieuxqu'elle occupait, mais deux gros rochers, nommés le Raz de Banne, en ont conservé le nom, <strong>et</strong> de nombreux débris devégétaux qu'on r<strong>et</strong>rouve de temps en temps sous le sable, viennent corroborer la vérité <strong>du</strong> fait. C<strong>et</strong>te forêt ne semble pourtantpas avoir été contemporaine des premiers temps <strong>du</strong> monde, car d'après l'inspection des lieux <strong>et</strong> les fouilles qu'on y a faites,on a cru reconnaître que la mer serait pendant long-temps venue battre au pied des collines qui encadrent <strong>Cherbourg</strong>, <strong>et</strong>, cequi ajoute <strong>du</strong> poids à c<strong>et</strong>te opinion, c'est que, il y a cent ans, elle venait encore recevoir la Div<strong>et</strong>te au pied de la montagne <strong>du</strong>Roule d'où elle est aujourd'hui bien éloignée.Les <strong>environs</strong> de <strong>Cherbourg</strong> sont trop montueux pour offrir de grands cours d'eau ; le plus considérable est la Div<strong>et</strong>te quiprend sa source à Briquebost, court à l'ouest, arrive auprès de l'église de Sideville ; c'est là que son cours commence àdevenir plus intéressant ; elle coule mollement entre des plants d'aunes <strong>et</strong> de saules, dans de jolies prairies ; les collines quil'enserrent, d'abord bas<strong>ses</strong> <strong>et</strong> écartées, s'élèvent, se rapprochent peu à peu, <strong>et</strong>, avant d'arriver
[p. 14]à <strong>Cherbourg</strong>, forment la délicieuse vallée de Quincampoix ; de là elle rejoint la route de Paris, reçoit le Trottebec au pont <strong>du</strong>Roule, <strong>et</strong> les deux rivières entrent ensemble sans se mêler dans le canal de r<strong>et</strong>enue, si doux à contempler d'une collinevoisine, quand le ciel s'y réfléchit, quand la lune éclaire de <strong>ses</strong> pâles rayons les arbres qui l'encadrent, <strong>et</strong> le somm<strong>et</strong> desmonts, tandis que les vallées pleines de blafardes vapeurs, ressemblent à une mer aux capricieux rivages, semée d'îles <strong>et</strong> devaisseaux immobiles sur leurs ancres au milieu des brouillards !Les autres rivières sont la Saire qui prend sa source au Mesnil-au-Val, <strong>et</strong> arrose la fertile contrée auquel elle a fait donnerle nom de Val-de-Saire, (<strong>et</strong> non de Cérès, comme on l'avait cru long-temps), l'Ouve qui sort de Hardinvast, <strong>et</strong> la Scie quiprend sa source à Grosville.Les montagnes sont peu élevées ; la plus remarquable est le Roule à l'entrée de <strong>Cherbourg</strong>.Les roches qui composent le sol se prolongeant dans la mer, y nourrissent, les schisteu<strong>ses</strong> surtout, une grande quantitéde plantes marines qui se détachent quelquefois dans les nuits orageu<strong>ses</strong> <strong>et</strong> sont recueillies sur le champ par les habitantsdes côtes pour en fumer leurs terres. Il s'en fait aussi tous les ans une récolte régulière au mois de mars ; on emploie encoreau même usage le sable fin des grèves,[p. 15]<strong>et</strong>, c'est un spectacle très-animé que c<strong>et</strong>te multitude de charr<strong>et</strong>tes qui le transportent, s'avançant lentement sur les routes aumilieu des coups de fou<strong>et</strong>, des chansons <strong>et</strong> des joyeux propos des charr<strong>et</strong>iers. Ceux de l'intérieur des terres se servent d'unechaux grossière faite des marbres qui se trouvent assez abondamment dans le pays, surtout dans le sud de l'arrondissement.Les pro<strong>du</strong>ctions naturelles le plus importantes sont les pommes dont on fait d'excellent cidre ; le blé, l'orge, le lin, laluzerne, le colza, le sarrasin <strong>et</strong> la pomme de terre [1]. Le Val-de-Saire est plus fertile[p. 16]que la Hague qui est rocailleuse <strong>et</strong> parsemée de landes ; il est presque entièrement composé de belles prairies quinourrissent ces vaches si renommées. On fait partout <strong>du</strong> beurre excellent.Les arbres les plus communs dans le pays sont : le chêne qui y reste toujours nain, l'orme, le hêtre, le bouleau, le frêne <strong>et</strong>le chataignier. Depuis quelques années M. le comte Dumoncel a fait planter sur <strong>ses</strong> vastes propriétés des pins, des mélèzes<strong>et</strong> d'autres arbres <strong>du</strong> nord qui ont parfaitement réussi.La principale nourriture des paysans consiste en pain d'orge <strong>et</strong> en bouillie de sarrasin ; ils ne mangent guère d'autreviande que le porc ; encore en beaucoup d'endroits n'y a-t-il que les riches qui puissent se procurer c<strong>et</strong>te satisfaction auxgrands jours ; mais un m<strong>et</strong>s qu'ils préfèrent à tous, c'est la gal<strong>et</strong>te, sorte de pâte composée de farine de sarrasin, de lait <strong>et</strong>d'oeufs, <strong>et</strong> cuite en couches minces sur la tuile avec <strong>du</strong> beurre. Il faut les voir quand le jour d'une partie proj<strong>et</strong>ée vient enfind'arriver, il faut les voir, dis-je, autour d'un feu de bûch<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> de fougère, le cruchon de cidre au milieu d'eux, boirejoyeusement les uns après les autres dans l'unique tasse qui sert pour tous, <strong>et</strong> manger la gal<strong>et</strong>te que leur donne toutebrûlante la ménagère armée de l'écouche à préparer le lin ; il faut entendre leurs éclats de rire <strong>et</strong> le feu roulant desplaisanteries grivoi<strong>ses</strong> plus ou moins gazées qui divertissaient autrefois les parents comme[p. 17]elles divertissent aujourd'hui les enfants, pour connaître combien dans notre siècle qui ne rit plus que <strong>du</strong> mal, il y a encoredans le coeur de l'homme simple, de franchise <strong>et</strong> de gai<strong>et</strong>é naïve.Cependant, nous devons le dire ici ; la simplicité des moeurs s'efface peu à peu ; l'habitant des campagnes commence àse moquer de ce qui excitait la terreur de <strong>ses</strong> pères ; il ne s'amuse plus, il ne rit guère, il fume <strong>et</strong> boit encore, mais il calcule <strong>et</strong>sait lire, il est citoyen, électeur, garde national, il a gagné sans doute en mérite ; chaque indivi<strong>du</strong> a peut-être per<strong>du</strong> eninsouciance <strong>et</strong> en bonheur, mais le sort de la masse s'améliore <strong>et</strong> l'avenir est là pour dédommager chacun des quelquessouffrances <strong>du</strong> présent.L'arrondissement de <strong>Cherbourg</strong> se divise en cinq cantons : <strong>Cherbourg</strong>, Octeville, Beaumont, Les Pieux, Saint-Pierre-Eglise. Le second <strong>et</strong> le troisième appartiennent à l'ancienne Hague ; le dernier au Val-de-Saire. En tout 73 communes <strong>et</strong>76,668 habitants.J. F.
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mai ; mais contrarié par les vents
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escarmouchait fréquemment avec les
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long-temps oubliées ; le commerce
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ENREGISTREMENT, M. Peschau, receveu
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Même page, ligne 23, renfermer, li
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Le sonnet suivant, dont une copie s
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Laufelt, il combattit cependant de
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Couvent de Benédictines. 85Maison
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Quincampoix. — La Fauconnière.
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[33] Toustaint de Billy, hist. manu
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côté de l'Est. [retour][78] Il fa
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