Mathilde avait un goût particulier pour c<strong>et</strong>te abbaye. Il y avait alors à Jersey une riche <strong>et</strong> célèbre communauté fondée en1125 par Guillaume Hamon, sous le nom de S.t-Hélier. Elle en fit venir l'abbé Robert, pour prendre la direction de celle de<strong>Cherbourg</strong>. Algarve, 46. e évêque de Coutances, chargé par elle de choisir des religieux, y envoya des chanoines réguliers deS.t-Augustin, qu'il tira <strong>du</strong> monastère de S.te-Barbe en Auge.Déjà riche des dons de Mathilde <strong>et</strong> de ceux de <strong>ses</strong> courtisans, c<strong>et</strong>te communauté le devint encore plus sous Henri II, sonfils. Ce prince donna à l'abbé le patronage de Barfleur <strong>et</strong> de Gatteville ; il fournit des fonds pour achever <strong>et</strong> embellir lesbâtiments, <strong>et</strong>, en 1181, il assista lui-même à la dédicace de l'église, qui fut faite par Henri, 35. e évêque de Bayeux,accompagné des évêques d'Avranches <strong>et</strong> de Barthewels.Quelques années plus tard (1185), Gautier de Coutances, archevêque de Rouen <strong>et</strong> frère de Benjamin, abbé de<strong>Cherbourg</strong>, obtint <strong>du</strong> roi la réunion de l'abbaye de S.t-Hélier de Jersey à l'abbaye <strong>du</strong> Voeu, quoique la première fût plusconsidérable que la seconde. Il ne resta à S.t-Hélier que cinq chanoines <strong>et</strong> un prieur relevant de l'abbaye de <strong>Cherbourg</strong>. C<strong>et</strong>état de cho<strong>ses</strong> a <strong>du</strong>ré jusqu'à la réforme.[p. 98]Clément VI annexa encore à c<strong>et</strong>te communauté les égli<strong>ses</strong> des Pieux, <strong>du</strong> Theil, de Sideville <strong>et</strong> <strong>du</strong> Mesnil-au-Val.Mais la fin de la domination anglaise en Normandie fut aussi le terme de sa prospérité ; depuis lors, située sur une pointeavancée près d'une ville qui s'avance elle-même comme pour donner la main à l'Angl<strong>et</strong>erre, elle ne pouvait échapper auxravages des dévastateurs qui s'abattaient de temps en temps sur nos côtes.Le premier pillage dont il soit question dans les auteurs, se rapporte à l'année 1293, sous le règne d'Edouard I ; une partiedes bâtiments furent livrés aux flammes, les livres enlevés <strong>et</strong> un religieux emmené prisonnier.Une bulle accordée en 1329 par le pape Jean XXII, à la sollicitation de Philippe-de-Valois, porte que l'abbaye avait étébrûlée deux fois, <strong>et</strong> qu'on en avait détruit « les ornements, les livres, les chartes <strong>et</strong> les monuments, » <strong>et</strong> depuis c<strong>et</strong>te époque,pendant les sanglantes querelles qui éclatèrent entre l'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> la France, il ne se montra pas un seul p<strong>et</strong>it vaisseauanglais, il ne se fit pas une seule descente, que la pauvre abbaye exposée sans défense, ne payât pour la résistance qu'onéprouvait <strong>du</strong> côté de la ville.ABBAYE SARTRINE. — Ce fut pour échapper à ces inconvénients de leur situation, que dès l'an 1307, lorsque <strong>Cherbourg</strong> futentouré de murailles pour la première fois, Raoult <strong>du</strong> Coudray, alors abbé <strong>du</strong> Voeu,[p. 99]songea à chercher dans l'intérieur de la place, un lieu pour se réfugier en temps de guerre. Il ach<strong>et</strong>a à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, dans la rueNouët ou au Blé, à l'endroit occupé aujourd'hui par les numéros 19 <strong>et</strong> 21, deux maisons qui se touchaient ; l'un des vendeurss'appelait Thomas Sartrin, ce qui fit donner à c<strong>et</strong>te maison le nom d'Abbaye Sartrine. Il y fit bâtir aussi une chapelle quisubsistait encore en 1549, lors de l'arrivée de François I. er à <strong>Cherbourg</strong>.Elle a été démolie depuis, <strong>et</strong> remplacée par la prison <strong>du</strong> Balliage ; une p<strong>et</strong>ite rue qui porte le nom de Chasse de l'ancienneprison, en rappelle seule le souvenir.Ce fut dans c<strong>et</strong>te maison qu'ils se r<strong>et</strong>irèrent pendant les dix mois que <strong>du</strong>ra le siége de 1418, tandis que les Anglaisoccupaient leur abbaye.Las de tous ces pillages, <strong>et</strong> craignant d'ailleurs que l'ennemi ne s'en servît comme d'une forteresse pour attaquer la ville,Charles-le-Mauvais fit raser l'église <strong>et</strong> l'abbaye. Pour dédommager les religieux, il leur accorda, en 1370, une charte parlaquelle il leur perm<strong>et</strong>tait d'acquérir jusqu'à 40 sols de revenu annuel sans payer les droits d'amortissement, « enconsidération, dit-il, de ce que plusieurs de leurs maisons ont esté abattues <strong>et</strong> destruites, aucunes parce qu'elles estaient prezdes fossez nouvellement faicts autour de ladite ville, <strong>et</strong> les héritages prins <strong>et</strong> occupez aux dits murs <strong>et</strong> fossez, <strong>et</strong>c. »Après le départ des Anglais, l'abbaye fut reconstruite[p. 100]La nouvelle église fut consacrée par Jean, évêque de Justinopolis, <strong>et</strong> coadjuteur de Coutances, en 1464, deux ans avant laparoissiale de <strong>Cherbourg</strong>.
« En 1514, <strong>nouveau</strong> pillage par les Anglais. »En 1574, pendant les guerres de religion, Montgommery, général protestant, après avoir pris Carentan, Domfront,Valognes, vint pour assiéger <strong>Cherbourg</strong> ; mais il se r<strong>et</strong>ira sans avoir tenté l'affaire. Il se contenta de saccager les <strong>environs</strong>, depiller l'abbaye <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre le feu dans l'église aux stalles <strong>du</strong> célébrant. Suivant Avoyne de Chantereyne, à qui nousempruntons ces détails, les vestiges en paraissaient encore dans le choeur, <strong>du</strong> temps où il écrivait son histoire. — Le dernierpillage eut lieu lors de la descente des Anglais dans l'anse d'Urville en 1758 ; ils enlevèrent jusqu'aux cloches de l'abbaye« L'abbaye de <strong>Cherbourg</strong> a eu trente-deux abbés réguliers. »Le premier, Robert, que Mathilde avait fait venir de S.t-Hélier, fut envoyé pour défendre auprès <strong>du</strong> pape Alexandre III,Thomas Beck<strong>et</strong>, archevêque de Canterbury. On sait que c<strong>et</strong>te mission n'eut d'autre résultat que d'engager le pape à faire despromes<strong>ses</strong> qu'il n'avait pas dessein de tenir.On sait aussi l'assassinat de Thomas Beck<strong>et</strong> (1174), la part que Henri II fut accusé d'y avoir prise, <strong>et</strong> la canonisation de ceprélat sous le nom de S.t-Thomas de Canterbury.Le second abbé de <strong>Cherbourg</strong>, nommé Jonon ou Jonas, se plaint dans une l<strong>et</strong>tre d'être malheureux,[p. 101]exilé, étranger, (miser, exsul <strong>et</strong> peregrinus) il déplore vivement dans une élégie les malheurs de l'abbaye <strong>et</strong> les siens ; on ytrouve ces vers :Hic terrae steriles <strong>et</strong> vinea nulla superstes,Silva car<strong>et</strong> foliis, desunt sua pascua pratis.Ici le sol n'a point de moissons ni de vignes ;Les bois sont sans feuillage <strong>et</strong> les prés sans troupeaux.Le dernier abbé régulier fut Léobin Le Fillastre, qui alla en 1532, avec tous <strong>ses</strong> religieux <strong>et</strong> le clergé, jusqu'au delà <strong>du</strong> pont<strong>du</strong> Roule, en procession au devant de François I. er . Il mourut en 1558.Son épitaphe <strong>et</strong> la pierre sépulcrale de son tombeau ont été conservées par l'abbé Demons, <strong>et</strong> se voient encore dans lachapelle de Notre-Dame-<strong>du</strong>-Voeu. Il est représenté de grandeur naturelle en chasuble <strong>et</strong> la crosse à la main.Voici son épitaphe :Ah ! Filastraeus, qui quondam gloria gentisExtitit, <strong>et</strong> sanctae religionis honos ;Qui que suos vivus praeclaris moribus auxit ;Tractavit que suae tam benè cuncta domûs ;Qui fut ex ternis longè gratissimus hospes,Nec caris unquam defuit indigenis,HICJACET. O fatum ! fatum lacrymabile cunctisAut quibus est virtus, aut pia cura fides !Atropos una taces : non laudans, invida, nempèQuod careas meritis una sub orbe suis [41][p. 102]Les abbés commendataires qui succédèrent aux abbés réguliers sont au nombre de onze. « Le dernier fut Lattier deBayane, depuis cardinal <strong>et</strong> auditeur de Rote, ensuite pair de France, mort en 1820, dans un âge très-avancé. »L'abbé <strong>du</strong> Voeu partageait avec le roi la seigneurie de <strong>Cherbourg</strong> ; il avait le pas sur tous les autres chefs religieux <strong>du</strong>diocèse, <strong>et</strong> portait la mître <strong>et</strong> la crosse ; il exerçait les droits nobiliaires, avait un colombier, une prison <strong>et</strong> une juridiction à lui.Voici la description que l'abbé Demons fait de l'abbaye :« Elle était à un quart de lieue à l'ouest de <strong>Cherbourg</strong>, » à 1169 mètres <strong>du</strong> port. « L'église <strong>et</strong> le couvent étaient placés àl'extrémité d'un vaste enclos entouré de murs dont la plus grande partie subsiste encore. Dans une cour spacieuse s<strong>et</strong>rouvaient deux étangs ; un moulin <strong>et</strong> un colombier, avec les granges <strong>et</strong> autres bâtiments nécessaires à la faisance valoir. »
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ENREGISTREMENT, M. Peschau, receveu
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Laufelt, il combattit cependant de
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