Après l'exécution, pour cause d'inceste avec son jeune frère, de la dernière héritière <strong>du</strong> nom de Tourlaville, les membresrestants de c<strong>et</strong>te famille, l'abbé[p. 68]de Tourlaville ou de Hambye, <strong>et</strong> son frère Jean ne se consolèrent de ce malheur que par des actes de bienfaisance enversles pauvres, <strong>et</strong> de pieu<strong>ses</strong> dotations aux égli<strong>ses</strong>. Ce fut ce dernier qui en 1625 construisit c<strong>et</strong> édifice pour en faire un couventde Bénédictines. Charlotte de La Vigne, soeur de l'épouse de Jean, en fut la première abbesse.Ce couvent ne subsista qu'une année. La peste qui était venue ravager la Normandie en 1504, 1517, 1554, avait reparu à<strong>Cherbourg</strong> en 1621. Plusieurs religieu<strong>ses</strong> en furent atteintes ; leurs compagnes effrayées se r<strong>et</strong>irèrent, à l'exemple d'un grandnombre des habitants de la ville, à Valognes, dans un établissement qui ne devait être que provisoire ; mais les soeurspréférèrent bientôt c<strong>et</strong>te demeure à celle qu'elles occupaient précédemment ; elles s'y fixèrent, <strong>et</strong> leur maison y a subsistéjusqu'en 1789 sous le titre de Notre-Dame-de-Protection. C'est aujourd'hui l'hospice civil de Valognes. On y lit encorel'inscription suivante :« En l'an de Nostre Seigneur MDCXXXV, le XXIII de mai, le pape Urbain séant ; Louis XIII régnant ; Léonor de Matignon,évêque de Coutances ; Charlotte de la Vigne, première abbesse,J'ai été placée en l'honneur <strong>et</strong> gloire de Dieu, de la très-sainte Vierge <strong>et</strong> <strong>du</strong> glorieux père saint Benoist, pour pierrefondamentale, par noble dame Madeleine de La Vigne, dame d'Emondeville <strong>et</strong> Ozeville, épouse <strong>du</strong> noble seigneur Jean deTourlaville,seigneur <strong>du</strong>dit lieu, <strong>et</strong> soeur de ladite abbesse. »[p. 87]Il y a aussi à <strong>Cherbourg</strong> deux autres constructions qui ont mérité d'être nommées ici, non par leur aspect qui n'a rien deremarquable, mais par les souvenirs qui s'y rattachent.MAISON DE SAINT CLAIR.L'une à l'angle de la rue des Moulins <strong>et</strong> d'une place qui hésite entre le nom de la Révolution <strong>et</strong> celui de la Trinité, est unevieille maison aux murs noircis <strong>et</strong> chargés de vétusté ; l'architecture en est irrégulière <strong>et</strong> dénote les réparations de différentsâges, mais elle garde encore sa cheminée arrondie, composée de briques rouges <strong>et</strong> noires, <strong>et</strong> <strong>ses</strong> touffes de pariétaires auxrameaux rosés, d'ombilics <strong>et</strong> de giroflées jaunes, derniers amis restés fidèles à la vieillesse <strong>et</strong> au malheur.C<strong>et</strong>te maison serait, d'après la tradition, un des plus anciens édifices de <strong>Cherbourg</strong>, puisqu'on prétend qu'elle servit à logersaint Clair, venu en France vers l'an 807.Ce saint, qui fut un des apôtres <strong>du</strong> Cotentin, était né, au rapport des biographes, sur le bord de la Tamise, dans le villaged'Orchester, d'une famille illustre <strong>et</strong> considérée dans le pays. Parti d'Angl<strong>et</strong>erre parce qu'on voulait lui faire épouser uneprincesse, il aborda à <strong>Cherbourg</strong> avec deux jeunes gens qui avaient consenti[p. 88]à le suivre ; il se r<strong>et</strong>ira bientôt dans une forêt qui couvrait toute la plage occidentale de la ville, à l'endroit de la commune deNacqueville où l'on voit encore une p<strong>et</strong>ite chapelle qui lui est consacrée. Il y trouva, dit-on, deux ermites auxquels il s'associapendant quelque temps ; mais forcé de fuir devant les persécutions des habitants des côtes, il se r<strong>et</strong>ira dans le monastère deMadane, Mau<strong>du</strong>in ou Meu<strong>du</strong>n, fondé par saint Scubilion, monastère qu'on place également à la Bucaille, près <strong>Cherbourg</strong>, àNégreville <strong>et</strong> à S.t-Pair, près Granville. Le charme de <strong>ses</strong> prédications, l'onction de sa parole, attiraient à lui un grand nombred'auditeurs, de femmes surtout ; une dame de haut rang qui y assistait souvent, l'aima <strong>et</strong> osa le lui dire. Clair, pour échapper à<strong>ses</strong> persécutions, s'enfuit en Haute-Normandie ; mais son talent l'y suivit <strong>et</strong> fit découvrir sa r<strong>et</strong>raite à la femme qui l'avaitaimé ; deux hommes qu'elle avait envoyés vers lui n'ayant pu le faire consentir à r<strong>et</strong>ourner près d'elle, le décapitèrent : dansun moment de jalousie, elle leur avait, dit-on, donné c<strong>et</strong> ordre. Clair, suivant la chronique, prit sa tête dans <strong>ses</strong> mains <strong>et</strong> parlalong-temps après qu'elle fut coupée : l'endroit où il fut enterré porte encore son nom ; c'est Saint-Clair-sur-Epte, près deGisors, où fut conclu le traité de 912, par lequel Charles-le-Simple cédait la Neustrie à Rollon, chef des Normands.Le culte de ce saint est répan<strong>du</strong> dans toutes les parties de la France, <strong>et</strong> l'on compte un grand nombre de[p. 89]
saints Clair, dont les actes ne sont pas plus authentiques les uns que les autres. Ils guérissent tous des maladies des yeux[39].MAISON DE L'ABBÉ DE BEAUVAIS.L'autre qui appartient à des temps plus rapprochés de nous, est située sous le numéro 15, auprès de l'hôpital civil, au coinde la rue <strong>du</strong> Nord, <strong>et</strong> habitée en ce moment par le sieur Fleury, tonnelier.C'est dans la chambre qui fait face aux deux rues que naquit, le 10 décembre 1731, l'homme qui, au milieu de la courcorrompue <strong>et</strong> libertine de Louis XV, osa réveiller le roi, endormi parmi les flatteries <strong>et</strong> les plaisirs, par ces audacieu<strong>ses</strong>paroles : « Sire, mon devoir de ministre de Dieu m'ordonne de vous dire que vos peuples sont malheureux, que vous en êtesla cause <strong>et</strong> qu'on vous le laisse ignorer. » Jean-Baptiste-Charles-Marie de Beauvais.Son père, qui était avocat au parlement de Paris, ne le laissa pas long-temps à <strong>Cherbourg</strong> ; il l'emmena dans la capitale <strong>et</strong>lui fit faire <strong>ses</strong> études au collège de Harcourt.Le jeune homme ne tarda pas à se distinguer dans la carrière ecclésiastique qu'il embrassa de bonne heure ; <strong>ses</strong> sermonslui firent bientôt une grande réputation : imagination ardente, ame sensible <strong>et</strong> pleine[p. 90]d'onction, il répandait dans <strong>ses</strong> écrits les nobles qualités de son intelligence, <strong>et</strong> souvent il mérita d'être comparé à Fénélon <strong>et</strong>à Massillon ; mais il a de plus que tous deux une élévation de pensée, une énergie dont, depuis Bossu<strong>et</strong>, la France n'avaitpas offert de modèle.Dès 1668, il fut choisi pour prononcer le panégyrique de S.t-Augustin en présence de l'assemblée générale <strong>du</strong> clergé.Appelé bientôt après à la cour, il fut désigné en 1773 pour occuper un siége épiscopal. Mais le cardinal de la Roche-Aymons'y opposa en objectant qu'il n'était pas noble. « Si je croyais, lui répondit fièrement Beauvais, que la noblesse fût la principalecondition requise pour l'épiscopat, je foulerais ma croix aux pieds, <strong>et</strong> je renoncerais à la haute dignité dont je suis revêtu. » Lecardinal fut obligé de céder, <strong>et</strong> Beauvais fut nommé évêque de Senez. Ce fut l'année suivante qu'il fit devant Louis XV lefameux sermon sur la Cène qui avait pour texte ces paroles devenues depuis prophétiques : « Encore quarante jours <strong>et</strong>Ninive sera détruite » ! Il s'adressait au roi. L'impression de ce discours fut terrible, lorsqu'on le rapprocha de la mort de LouisXV, arrivée en eff<strong>et</strong> quarante jours après. Beauvais fut chargé de prononcer l'éloge funèbre <strong>du</strong> prince défunt. « Le silence despeuples, s'écrie-t-il dans ce discours vraiment éloquent <strong>et</strong> qui a été tra<strong>du</strong>it en anglais, « le silence des peuples est la leçondes rois. » Il se rendit ensuite à son évêché ; mais son[p. 91]manque de noblesse lui suscita une foule de tracasseries qui le forcèrent à se dém<strong>et</strong>tre de sa charge. R<strong>et</strong>iré dans la capitale,il avait, en 1683, formé le proj<strong>et</strong> de fonder un séminaire pour les jeunes prédicateurs ; l'archevêque de Paris, de Juigné, avaitapprouvé son plan, lorsque la révolution vint à éclater. Nommé député aux états-généraux par le bailliage de Paris, lemauvais état de sa santé l'empêcha de s'y distinguer ; il mourut l'année suivante (4 avril 1790) d'une maladie de langueur, àl'âge de 59 ans.On a de lui, 1.° Plusieurs sermons ; 2.° Les panégyriques de S.t-August in, de S.t-Louis <strong>et</strong> de S.t-Vincent de Paule ; 3.° Lesoraisons funèbres de l'infant don Philippe, <strong>du</strong>c de Parme, <strong>du</strong> maréchal de Muy, de M. de Broglie, évêque de Noyon, de LouisXV <strong>et</strong> de M. Léger [40]. Ces deux derniers discours suffiraient seuls pour assurer sa réputation. Tous <strong>ses</strong> ouvrages ont étépubliés en 1807 par M. l'abbé Gaillard, 4 vol. in-12.Nous ne pouvons abandonner ce suj<strong>et</strong>, sans reprocher à nos concitoyens leur indifférence pour un grand homme. Il n'y apas la moindre inscription sur sa demeure, — ce n'est pas dans les écrits de <strong>ses</strong> concitoyens qu'on peut trouver des détailssur sa vie, — <strong>et</strong> la bibliothèque ne possède pas les oeuvres <strong>du</strong> premier,[p. 92]je dirai même plus, <strong>du</strong> seul écrivain illustre dont <strong>Cherbourg</strong> ait eu à s'énorgueillir ! « Les habitants de la Ferté-Milon, dit M. deBerruyer, montrent avec orgueil la maison de Racine ; ceux de Château-Thierry, celle de La Fontaine ; ceux de Rouen, cellede Corneille ; ceux de Caen, celle de Malherbe. La maison où un homme de génie a vu le jour n'est plus une maison, c'est untemple. »ANTIQUITÉS RELIGIEUSES EXTÉRIEURES A LA VILLE.
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ENREGISTREMENT, M. Peschau, receveu
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Le sonnet suivant, dont une copie s
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Laufelt, il combattit cependant de
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Couvent de Benédictines. 85Maison
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[33] Toustaint de Billy, hist. manu
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