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Détournons - Zibeline

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ÉVÉNEMENTS 11Clôture féminineLa 19 e édition des Rencontresd’Averroès se clôturait le 24novembre à l’Espace Julien surune double prestation fémininede haut volSeule sur scène pour une longue intro a cappella,Emel Mathlouthi embarque le public dès les premièresminutes pour une contrée lointaine. Cettejeune chanteuse tunisienne, aujourd’hui installéeà Paris, à la voix singulière et puissante, présentaitson 1 er album Kelmti Horra (ma parole est libre). Lachanson éponyme, composée en 2008, a beaucoupcirculé sur Internet pendant la révolution de Jasmin.Elle est devenue depuis une sorte d’hymne àl’insurrection tunisienne, à la lutte pour la liberté.Jeune, féminine, ouverte au monde.Car Emel chante en arabe, français, anglais et jouede la guitare acoustique. Accompagnée de quatremusiciens (percussion, guitare électrique, violon etmachines), elle propose un univers sonore à la foissombre et mystique. Les morceaux sont très construits,millimétrés, loin de toute improvisation approximative.Emmanuel Trouvé aux machines, alterne lesrythmes lents et rapides, des basses lourdes très«dub», et des nappes planantes aux claviers. ZiedZouari au violon apporte avec ses modes une touchede poésie orientale qui se marie à la perfectionavec le chant subtil d’Emel. Une personnalité fortedécouverte pendant la révolution, mais aussi uneartiste hors du commun qui prend des risques etoffre en concert une expérience inhabituelle, par samusique subtile.Plus classique mais tout aussi intéressante, l’algérienneDjazia Satour, en 1 e partie, jouait en trioacoustique (chant, guitare et percussion) son savoureuxmélange de musique afro-américaine et derythmes traditionnels maghrébins ; sorte de grooveoriental chaleureux et entraînant. Apogée du concert,la superbe reprise du bluesman Steve James où letalentueux guitariste Ben Richou a ravi le public deson jeu virtuose.KEVIN DERVEAUXEmel Mathlouthi © A.GLa Syrie, anatomied’une dictature© A.GLe 22 novembre, au cinéma Variétés, en prélude aux tables rondes, lesRencontres d’Averroès et l’IEP, en partenariat avec l’INA et le CMCA, ontproposé une soirée consacrée à la Syrie. Dans le hall, une exposition : desdessins d’Ali Ferzat, caricaturiste qui a dénoncé avec son crayon la corruptiondu régime et qui l’a chèrement payé, victime d’une agression qui lui a laisséles mains brisées. Puis la diffusion des épisodes de Top goons, à l’humour unpeu lourd parfois, du collectif Masasit Mati, sketches avec des marionnettes,dont «Beshu» le surnom de Bachar El-Assad.Le cœur de la soirée a été la projection du passionnant documentaire, riched’informations et d’analyses de Christophe Ayad et Vincent de Cointet, Syrie,le crépuscule des Assad ainsi que le débat avec Christophe Ayad et dupolitologue Ziad Majed.L’idée de ce film de géopolitique, suscitée par ARTE, date de 2008, au momentoù le pays semblait calme et où, a précisé Christophe Ayad «la Syrien’intéressait pas grand monde». Il retrace les moments importants du clan desAssad qui gouverne le pays depuis 1970. Après des images clandestines desémeutes du printemps dernier, le documentaire démarre avec la mort du «Lionde Damas» Hafez El-Assad, en juin 2000, après 30 ans de règne absolu. On yvoit son fils, Bachar, qui, au départ n’était pas destiné à lui succéder ; il avaitchoisi des études d’ophtalmologie, mais, à la mort accidentelle en 1994 du«dauphin», Basel, on l’envoie «se former» au Liban, occupé par 35 000 soldatssyriens, où il doit gérer la situation politique complexe et démontrer qu’il estle chef. Il soutient, contre Rafic Hariri, Émile Lahoud qui sera élu. Revenantsur l’accès au pouvoir de son père, Hafez, le film met en lumière les massacresperpétrés tout au long du règne par ce fils de paysan, alaouite, qui rejoint dèsses 16 ans le parti Baas : répression sanglante du soulèvement des Frèresmusulmans en 1982, viols, tortures, entre 15000 et 30000 morts. Bachar aalors 17 ans.L’opinion publique croyait au début du tournage au «Printemps de Damas»mais le film rappelle qu’en 2001, ont été arrêtés les leaders du Manifeste des1000 et que Bachar a placé les membres de sa famille à tous les postesimportants. À travers images d’archives, témoignages d’opposants syriens,interviews d’anciens responsables politiques ou diplomates syriens, libanais,israéliens, américains et français, les documentaristes tentent d’expliquer lerôle joué par le régime syrien et son dictateur, soupçonnés de l’assassinat del’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, aussi bien au Liban que sur lascène internationale. Le film se termine par les images des émeutes, révélantles crimes de ce gouvernement héréditaire qui ne se maintient que par laterreur et la guerre.Après le film, les deux intervenants, très brillants, ont essayé de comprendre«pourquoi cela tient toujours» Parmi toutes les réponses intéressantesapportées sur l’attitude de l’armée, les positions de la Russie, de l’Iran, de laChine ou de la Turquie, une réflexion qui interroge «Bachar s’en fiche, des villes,des habitants qu’il massacre. Ce qui lui importe c’est que rentre dans l’opinioninternationale, l’idée d’un conflit régional ou mondial.»Une soirée passionnante, prélude aux tables rondes du lendemain.ANNIE GAVA

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