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Détournons - Zibeline

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20 THÉÂTRE AIX | ARLES | CAVAILLONCène de familleDouze personnes, 6 acteurs qui donnent vie à 6marionnettes hyperréalistes du Puppentheater deHalle, sont attablées et croulent, déjà, sous le poidsd’un plafond excessivement bas. La réunion defamille bourgeoise suit et concentre le romannaturaliste, grinçant, de Thomas Mann et va, en2h30, voir exploser les espaces et les conflits autourde la succession patriarcale.La réussite du spectacle tient à l’alliance parfaiteentre acteurs et poupées de latex, les unsprolongeant le corps des autres : la précision de lamanipulation à vue renforce le trouble de l’effetréaliste, et la qualité de jeu des marionnettistesparticipe du résultat. Tout est d’une précisionabsolue, incroyablement orchestré. Ainsi chaquepersonnage semble avoir deux corps, dédoublementqui rappelle leur situation psychologique : cettefresque sociale méticuleuse, écrite en 1911, décrit ledéclin d’une entreprise familiale, et du capitalismepaternaliste, en se concentrant sur la fratrie dessuccesseurs, aux inclinations diamétralementopposées. Thomas, double de l’auteur, artiste rejetéqui «jouit plus des femmes que des affaires», Christian,perdu dans sa rigueur et résigné à maintenir le rangdes Buddenbrook, et la délicieuse Tony, si vivante,qu’on marie à un «bon parti» pour faire «un boninvestissement». «Nous ne sommes pas nés pourréaliser notre bonheur personnel. Nous ne sommespas des individus libres, nous sommes les anneauxAu seuil de l’être© Elise Vignerond’une chaîne» sont les formules éducatives,aliénantes, écrasantes, assenées depuis leur tendreenfance. Travailler, prier et épargner. Respecter lalignée, la tradition, la voie tracée… aucun ne sauras’émanciper. Du grand art, autour d’un grand roman.DELPHINE MICHELANGELIBuddenbrooks a été jouéau Théâtre d’Arles le 4 décembreConstruite autour de la symbolique du passage surdes bribes du texte Seuils de Patrick Kermann, lapièce déambulatoire Traversées d’Élise Vigneronpart à la recherche du soi dans l’entre deux. À la lueurfragile et gracieuse d’une bougie, l’artistemarionnettiste-comédienne-acrobate-graphiste, ellesait tout faire !, sème son indéfinissable poésie enpromenant des poignées de spectateurs de portesen portes, supports démultipliés recelant chacun sadimension mystère. Des seuils à franchir -ou pas, rienn’impose à tout déchiffrer, ni ces quelques motsvidéo-dessinés exprimant la frayeur, ni ce rhizomefilmé dans lequel elle se noie- le temps d’uneexploration sensitive, un brin mégalo, dont on ne peutéchapper (le dispositif et l’influence du son forcent àla sidération…). Une traversée d’ombres et delumières dans un monde onirique animé defragments de vie, de mort, d’intimité à demi dévoilée.Tour à tour automate, vieille femme jouant Narcisse,utilisant sa silhouette pour danser avec l’oubli,délicate et inquiétante, Élise Vigneron, diplômée del’école des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, explore ces territoires fragiles avec untalent fou. Elle est à nouveau invitée par la Scènenationale (au CDC des Hivernales) les 17 et 18 janvier,pour présenter sa nouvelle création Impermanence.Cultivera-t-elle cette douce étrangeté ?DE.M.Maman !© Gert KiermeyerLa relation mère fils occupe dans la littérature uneplace considérable. Claire Massabo, avec beaucoupd’humour s’attache dans la pièce Dis-moi…fils à sestraductions à partir d’œuvres multiples, de RomainGary à Mauriac. Une première ébauche de la pièceavait été donnée l’an dernier au théâtre 3bisf (voir Zib53). La version définitive s’articule autour d’uneimmense tour d’où la mère voit, parle, sort parfois,personnage pilier, à la fois princesse de légende,facteur d’épanouissement ou d’enfermementsclérosant… Le spectacle gagne encore en rythme,en vivacité. Tendresse, distanciation, ironie…l’ensemble est porté par une superbe équipe decomédiens, Jean-Marc Fillet, Pascal Rozand,Nader Soufi, pour les fils, inénarrables dans leurenthousiaste danse d’Indiens «du gâteau ! dugâteau !» ou leurs souvenirs de rentrée, l’abominableparka, le pantalon qui gratte…, et une SandraTrambouze lumineuse et inspirée dans le difficilerôle des mères, avec leurs facettes de générosité etd’égoïsme, d’aveuglement quasi amoureux et dejugement dépréciatif. On rit beaucoup, on sourit, onse laisse entraîner dans ce tournoiement avecdélices. Un spectacle vivifiant, à voir par tous, et àréfléchir !MARYVONNE COLOMBANIDis-moi… fils a été joué le 20 novembreau théâtre Vitez, Aix en Provence © Fabrice QuittetTraversées s’est joué en tournée Nomade(s) du théâtrede Cavaillon du 6 au 11 décembre

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