52ARTS VISUELSCôté pile, Olivier Millagou nousinvite à broyer du noir joyeusement àla Galerie des musées (remparts)de Toulon où il donne carte blancheà une folle équipée shootée aux sixtiescaliforniennes (voir Zib’57) ; côtéface, l’artiste nous aveugle et nousréchauffe l’âme dans sa quête duparadis perdu. Bref, en vrai surfeur,il glisse sur la vague de l’exhibitioncollégiale et de la partition solo. Minimaliste,sa proposition à l’Espaced’art Le Moulinest à prendre au piedde la lettre ! D’abord, il y a ce fauxnéon PARADISE écrit blanc sur blancen lettres majuscules, traversé d’unerésistance incandescente. Sa doucechaleur nous délasse mais, si l’envienous prenait de le décrocher au risquede nous brûler les ailes, serait-ilvraiment la clef d’entrée au paradis ?Déstabilisé par l’espace immaculé(«Je cherche une neutralité qui infiltrele lieu, les productions, la lumièreet la musique»), le regard se perdsur une ligne d’horizon tracée parune série de cartes postales, Scratchpost Cards, blanches elles aussi.Souvent, avec Olivier Millagou, latraversée est un jeu : ici, notreISTRES | LA VALETTE | POUILLONCartes postales du paradisOlivier Millagou, Paradise Sounds 2012 © X.D-Rparticipation consiste à deviner sesintuitions, entendre ses suggestions,reconnaître ses indices. On s’interroge.«La mise en série de versoblancs et de recto aux palmierscoloriés» est-elle une manière dedénoncer le vrai du faux, l’illusion dela réalité ? Rêvons-nous de découvrirle Coucher de soleil à Moorea etles Beautiful scènes of Vietnam ?Autant de décors fantasmés etd’images convenues d’un hypothétiqueEden que l’artiste cachesciemment (comme si les cartesencadrées nous tournaient le dos)pour laisser affleurer à la surfaceses dessins tracés au Bic. Quel jolipied de nez à l’exotisme ! La traversées’achève sur un puzzle deplanches de bois ensablées, assembléesde manière aléatoire, tel unnouveau théâtre paradisiaque : la plage,dernier territoire vierge… Celle-ciaura été bercée par «six propositionsaléatoires et suggestives, sixmorceaux de musique composéspar six musiciens» gravés sur unvinyle. Blanc, évidemment.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIÉdition du disque Paradise Soundsavec 10lec6, Appletop, BaderMotor, The Legendary Tigerman,Johnny Hawaii, Hifiklub ; concertliveThe Legendary Tigerman etHificlub le 11 janv à la Tomate,La Valette-du-VarParadise SoundsOlivier Millagoujusqu’au 20 janvEspace d’art Le Moulin,La Valette-du-Var04 94 23 36 49ww.lavalette83.frParcours d’exposition et fiction filmique, Odette Spirit eestinspiré par le génie du cinéma et le spiritismeselon Virginie (complètement ?) BarréL’esprit des chosesIstres. Centre d’art contemporainintercommunal. Au rez-de-chausséeun sculptural chamane portesur ses paumes son alter ego enminiature, au premier étage le filmOdette spirit e , au dernier niveau uneinstallation, des photos et un cabinetsonore. Créé pour l’évènement lefilm emprunte au chef d’œuvre deManciewicz The ghost and Mrs Muirtransporté à Douarnenez par VirgineBarré et ses deux comparsesClaire Guezendar et Florence Paradeis.Dans un genre entre Méliès etTati celles-ci ont imaginé une quêtede la lettre «O» en triporteur suite àun message énigmatique lors d’uneséance de spiritisme «DETTE. MAN-QUE UNE LETTRE». Le film estconstruit sur le rapprochement apparemmentimpensable entre cinémaet spiritisme. Pourtant plusieurs recherchesont tenté de démontrer lesrapports essentiels qu’entretient àson origine le cinéma avec les phénomènesextraordinaires et plus tardavec l’art contemporain*. La cinémagénierepose sur un dispositif etcomportement particuliers du spectateur: salle obscure, apparition/disparition, effet de sidération entreautres.Il n’est pas sûr que le visiteur saisisseà l’issue de son parcours les enjeuxde cette proposition singulière.Peut-être est-ce par excès d’ellipsesqui distendent l’argument d’unesalle obscure à l’autre. À n’en pointtrop montrer on risque d’en éprouvertrop peu. Invité à reconstruireses liens propres entre les différentschapitres et les œuvres exposées levisiteur subodore cependant, suivantun sentiment d’étrangeté, la nécessitéd’un autre regard flottant entreréel et fiction. Il ne lui sera pas inutilede solliciter la médiation de l’unedes collaboratrices du musée pours’aventurer au-delà des apparences.CLAUDE LORINOdette Spirit e l’expositionjusqu’au 12 janvCentre d’art contemporainintercommunal, Istres04 42 55 17 10www.ouestprovence.fr* en particulier Raymond Bellour,La querelle des dispositifset Le corps au cinéma, POLVirginie Barré, Le groupe du vendredi, 2010,resine epoxy, vêtements, accessoires,dimensions variables© C. Lorin/<strong>Zibeline</strong>
Fernand Pouillona cent ansDeux ouvrages récents lui sont consacrés.Un petit livre Fernand Pouillon,l’homme à abattre, de Bernard Marreyaux éditions du Linteau, retracela chronologie de ses démêlés avecla justice et tente de la lui rendre endémontant le processus qui l’a conduiten prison et a retardé sa réhabilitation.Un DVD, Fernand Pouillon, le romand’un Architecte, co-édité par France 3et Images de Ville est consacré à l’œuvreet à sa pérennité.Au milieu (bien nommé) de ses pairs,il se voulait «...le Savonarole raisonnableet triomphant, qui démontreraitpar ses idées et ses méthodes, lanécessité pour l’homme de vivre dansun ensemble de proportions agréables.»De fait, il construisit mieux, plus viteet moins cher que le prix courant. ÀAlger, Aix ou Marseille, les dentsgrinçaient sans conséquence. ÀParis, on se chargea de lui couper lesjambes, qu’il avait maigres etinterminables, en lui inventant unscandale qui lui vaudrait ruine, prisonet déshonneur mais qui jamais ne ledécouragea ni le priva de son talentni de son énergie.Le livre dénoue le fil de l’affaire, tandisque le DVD nous donne à voirl’œuvre, une architecture du monumentpour tous, toujours debout avecses ombres profondes et sa rythmiquecomplexe, puissante et idéale.Une œuvre aux motifs simples etréguliers, à la genèse solide et raisonnable,toujours dans l’excellenceet dont les témoignages des usagersactuels comme des anciens collaborateursmontrent bien l’infini dévouementde Fernand Pouillon architecte plasticien,de Fernand Pouillon bâtisseur,de Fernand Pouillon meneur d’hommes,de Fernand Pouillon créateurde machines à vivre.MAURICE PADOVANIÀ noterLa parution d’un autre ouvrage consacréà l’œuvre bâti de Fernand Pouillondans la collection Carnets d’architectesdes Éditions du Patrimoine,sous la direction de Marc Bédarida.L’auteur était présent pour une conférencele 28 novembre à la Maisonde l’Architecture et de la Ville Paca.À cette occasion, l’équipe de la MAV aannoncé le lancement (en partenariatavec la DRAC Paca, le CAUE,l’Ordre des Architectes, Images deVille, l’ENSAM et le Forum d’Urbanismeet d’Architecture de la Ville deNice) d’une plate-forme numériquedestinée à accueillir les vidéos tournéeslors de ce type d’événement.http://architectes-paca.org/culture-architecturale/architectures-en-ligne.htmlL’édition du 1 er Guide du promeneurarchitectural par le CAUE 13 en partenariatavec l’association Les PierresSauvages de Belcastel. Ce petit dépliantingénieux invite à la découvertede l’œuvre de Pouillon dans lesBouches-du-Rhône, «de la façadereconstruite du Vieux-Port de Marseilleà la petite villa nichée dans lacampagne aixoise».La création d’un nouveau Centre départementalde ressources, de conseilset de culture dédié à l’architecture,l’urbanisme et l’environnement. Cetespace ouvert au public sera situédans les nouveaux locaux du CAUE13, au 18 rue Neuve Sainte Catherine,derrière le Vieux-Port.Fernand Pouillon,l’homme à abattreBernard MarreyÉditions du Linteau, 15 €Fernand Pouillon,le roman d’un architecteFilm documentairede Christian Meuniercoproduit par Image de villeet France 3, 20 €