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Détournons - Zibeline

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18THÉÂTRELA CRIÉE | LE LENCHE | TOULONLa nuit du couteauMiss Knife est le double d’Olivier Py. Un double de lumièreet de paillettes, avec des zones bleutées, celles de blessuressecrètes. En robe de star de music-hall, souvenir de l’atelierde couture de sa mère, en collants rouges, talons-aiguille etondulations de sirène maladroite, il entre en scène emperruquéde blond bouclé et couvert de bijoux. Mais jamaisil ne joue à la femme, à l’illusion. Au contraire très vite il ôtesa perruque et chante, bien, en baryton : son travestissementest un masque de théâtre, et il reviendra en gorille, enélégante robe noire. Marlène et Marilyn sont là, Barbara pourla voix, pas loin de Berthe Sylva pour le réalisme et l’émotion...Car son music hall est de tendresse et de désespoir :amours mortes, enfance triste, jeunesse enfuie, tout est écritcomme au théâtre, les intermèdes parlés sont ciselés, et onest loin du cabaret. Il nous parle, cruel et drôle, de ses faillesintimes, du jeu provocateur du travestissement, d’amoursde rencontre douloureux, de méchanceté et de désir deviolence, de sensualité et de fractures à vif. C’est là quel’émotion est à son sommet. La musique, composée par lepianiste Stéphane Leach, mêle tango et jazz, avec contrebasse,saxo et batterie, et des arrangements soignés, plusjazzy que sur le disque. Introduites chacune par des anecdotes,les chansons d’Olivier Py, ont des titres éloquents :Chanson de l’Apocalypse, Chanson des perdants, Le Paradisperdu... Mais la douleur s’assortit d’une implacable autodérision,et laisse place à un humour corrosif . Qui est bi-polaire ?S’est disputé avec sa mère récemment ? Entretient unerelation ambigüe avec son père ? L’artiste interroge le publicsur les névroses marseillaises : des doigts se lèvent. Etchacun rit !CHRIS BOURGUEMiss Knife s’est joué à La Criée le 27 novembreGoodies......but not oldies ! À croquer ces Jeunesinventés en toute ressemblance nonfortuite par un David Lescot au regardsur le monde toujours aussi gentimentaiguisé ! Tout comme le plateau artistiquementencombré voire envahi parles guitares, batteries, basses et microsdu groupe qui va œuvrer en arrièreplan(plan-plan d’ailleurs), la tête d’Igor,Jick et Honoré est pleine de rêves radicauxdéjà figés dans le mythe musical :«Et nous choisirons la musique contreMiss Knife © Alain FonterayÀ venirle 21 décThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.frl’amour... l’amour de la musique serapour nous tout l’amour.» Question choix,David Lescot en rocker pépère à chemisecintrée et au verbe posé nousavait prévenu d’entrée en un prologuepince-sans-rire : c’est Gibson ou Fender,corps plat ou corps plein et déjàl’ado pointe sous la lutherie. Pour les«vieux» les attributs brandis signentaussi discrètement la différence dessexes : rasoir électrique ou presse-purée.Et c’est comme ça que se tricotent la© Eric Didymgrandeur éphémère et la décadenceprogrammée du binaire sublimé par untrio d’actrices pétantes d’énergie, touten mimiques caoutchoutées et nervositéscomic-strip. Alexandra Castellon,Bagheera Poulinet MarionVerstraetenjouent les transformistes clic-clacincarnant tout aussi intelligemment les«Schwartz», bébés rockers cités plushaut que les «Pinkettes» car les filles s’ymettent, «s’y jettent» pourrait-on direavec tout leur mal de vivre. Les excèsdes jeunes exploités par des adultespas dégourdis font rire aux éclats (onn’oublie pas le tremplin rock bourguignonet la «loose»), les alarmes hésitantesdes parents dépassés font sourire, leschutes appellent la mélancolie et lascène tend un miroir bienveillant maispas complaisant. Les exaltations et lesfragilités de l’âge ingrat trouvent ici uneforme sinon profonde au moinsextrêmement plaisante !MARIE JO DHOBerbères ?Benjamin Stora, jugé indésirablecomme commissaire de la grande expoCamus qui devait avoir lieu à Aix en2013, était présent pourtant au ThéâtreLiberté de Toulon, pour une conférenceautour de ses ouvrages majeurs,comme La gangrène et l’oubli. La ciemarseillaise Manifeste rien proposaitquant à elle au Théâtre de Lencheune lecture théâtralisée des Trois exils,Juifs d’Algérie ouvrage atypique oùl’historien, à partir de photos de famille,retrace les exils des Juifs d’Algérie: celuiqui les fit accéder à la citoyennetéfrançaise et les sépara des musulmans,Vichy qui leur retira cette citoyenneté,puis l’Indépendance algérienne qui lesenvoya vers un pays qu’ils ne connaissaientpas… L’ouvrage, étrange dansl’oeuvre de Stora, semble mêler mémoireet histoire, mais s’appuie sur uneanalyse scientifique des documents,pour dévoiler des faits peu connus :d’où viennent les juifs «berbères»,comment ils sont perçus par les Juifsd’Europe, par les Musulmans avantl’indépendance… Le mérite de la CieManifeste rien est de mettre les sciencessociales en scène, les apportantainsi sur un plateau au public, etsuscitant ensuite un débat bien mené,documenté et ouvert. La comédienne,Virgine Aimone, qui porte le spectacle,fait preuve d’une passion communicative: sa prestation, qui hésite entreincarnation des personnages, lecture,harangue, rend justice au texte, intelligemmentdécoupé, mais qui gagneraità être canalisée par une véritable miseen scène, et une direction d’acteurplus subtile. Défaut véniel, quand lapensée passe…AGNÈS FRESCHELLes Trois exils d’Algérie,une histoire judéo berbère a été jouéle 26 novembre dans le cadredes Emporte-piècesLes Jeunes, texte, mise en scèneet musique de David Lescota été donné à La Criéedu 27 au 30 novembre

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