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Détournons - Zibeline

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28 MUSIQUELYRIQUECornélien Poliuto !Qui connaît encore aujourd’hui Poliuto de Donizetti écritd’après le cornélien Polyeucte, hormis quelques nostalgiquesd’une représentation ou d’un enregistrementmythiques… Peu de monde sans doute, tant les programmationsd’opéras dans monde tournent autour desmêmes affiches ! La culture du bel canto a tendance à seperdre, à la scène et dans les écoles de chant, si bien qu’ona du mal aujourd’hui à réunir un plateau de chanteurs ayantles qualités requises pour ce type de répertoire.Ce ne fut pas le cas à l’Opéra de Marseille ! Dans le rôletitre,Fabio Armiliato a particulièrement brillé grâce à desaigus impressionnants… à faire sauter les sonotones !Daniela Dessi a distillé, dans Paolina, son timbre chaleureux,large, une ligne de chant souple, fruit d’une carrièrede trente ans. La somptueuse basse Wojtek Smilek commele séduisant ténor du français Stanislas de Barbeyracont contribué à la qualité du plateau, dont la palmerevient au baryton Vittorio Vitelli. Ce dernier a magnifiéle rôle de Severo grâce à une incise vocale ronde et cuivrée,et des sol et la bémol lancés à pleine bouche. LeChœur et l’Orchestre de l’Opéra ont donné la pleinemesure de leurs qualités dans un domaine familier sousnos latitudes, si voisines des italiennes.Mais que dire de la version de concert proposée, si ce n’estqu’elle est «économique» ? Si dans certains cas la miseen scène d’une tragédie lyrique ne s’avère pas fondamentale,quand le livret est indigeste, l’action non capitale,le style proche de l’oratorio… dans le cas de Poliuto, lafrustration est grande ! L’histoire de l’aristocrate romainePauline, épouse du chrétien converti Polyeucte, torturéeIntégrale sous tension !La tension est palpable lorsque Marie-Josèphe Judepénètre sur le grand plateau de La Criée. Le piano estcentré sous les projecteurs, bordé d’un écrin acoustiquealliant bois et plastique. Trois lourds micros descendentdes cintres, juges de paix acoustiques reliés à la régie oùRené Gambini capte le moindre parasite sonore. Ledirecteur artistique vient de donner ses instructions : onMarie-Josephe Jude - La Criee © X-D.R© Christian DRESSE 2012par le souvenir de son ancien amour pour le proconsulSévère qu’elle avait cru mort au combat, et qui pourchassejustement les Chrétiens, aurait mérité qu’on la visualise.On aurait aimé que soient mis en scène les élans de lajalousie du héros ou la demande de grâce agenouillée del’épouse, les doutes amoureux, l’accomplissement de lavengeance comme le martyr assumé Mais il aurait fallude nombreux changements, coûteux, de tableaux, de lacaverne ténébreuse des baptisés au temple de Jupiter…jusqu’au cirque final et sa fosse aux lions ! Alors, faut-ilentendre Poliuto sans tout à fait le voir ? Ou ne pasl’entendre du tout ? Un choix… cornélien !JACQUES FRESCHELPoliuto de Donizetti a été représenté à l’Opéra de Marseilledu 24 novembre au 2 décembrene toussera pas, ni vibrera du portable, ni cliquettera dubracelet ! Résultat : le silence est impressionnant, lourd !Il pèse sur la grande salle comble.On retient son souffle… Dès l’entrée, l’artiste doit ressentircette inhabituelle pression : elle sait qu’elle fixe là,sur le vif, des plages pour la vie… au delà, même… Et pasn’importe quelles partitions : les Nocturnes de Chopin…une intégrale ! Marie-Josèphe Jude imagine peut-être déjàle microsillon tournant au fil du laser, avec des accrocs,des bruits qu’on ne pourra effacer… Elle avance, au début,dans l’ordre des opus, manifestement déconcentrée,tendue… À peine place-t-elle le dernier accord de l’Opus9 n°1 en si bémol mineur, la résonance non encore éteinte,qu’un feu d’artifice de toux pétarade. C’est que chacuns’est retenu, avec davantage d’anxiété encore, justementà cause du fait que, précisément, ça lui est interdit… detousser ! Au milieu du Nocturne en mi bémol, l’un des pluscourus, c’est la catastrophe ! Une sonnerie irréfléchiepointe ses fréquences : interminable crescendo d’un portablequi fout tout en l’air… Chopin, Marie-Josèphe et leclan Gambini. Il faudra le rejouer… en bis !Dans la deuxième partie, oubliant un peu l’enjeu et larègle du jeu, la pianiste s’abandonne et donne enfin lemeilleur d’elle-même. On reprendra sûrement quelquesplages, des mesures, de-ci de-là, pour qu’au montage, encoulisse, l’improbable alchimie opère entre le lieu, lepublic, l’artiste et ses singularités, le langage de Chopin…Pour qu’on découvre enfin, casque à l’oreille, ces opusparmi les plus émouvants de la littérature pianistique.JACQUES FRESCHELIntégrale des Nocturnes de Chopin par Marie-Josèphe Jude.Concert donné le 19 novembre à La CriéeDivineVioletta !Après un Carmen un peu décevant, lepublic de l’Opéra de Toulon se réjouissaitd’accueillir en ce mois de novembreune Madama Butterfly interprétéepar Adina Nitescu, une habituée etfidèle du rôle de Cio cio san l’ayantdonné à plusieurs reprises sur de nombreuseset prestigieuses scèneslyriques internationales. Dans lasalle, sa voix avait en effet de quoiséduire en termes de puissance ! Neserait-ce que pour donner la répliqueà un orchestre magistral et tout enpuissance ce soir-là sous la baguettede Giuliano Carella, l’actuel directeurartistique de la maison. Mais levibrato d’une grande amplitude convenaitmal au personnage, jeune femmeamoureuse. Ces oscillations tropprononcées ont même, parfois, euraison de la justesse d’émission.Heureusement, la voix d’Arnold Rutkowskifaisait merveille dansl’interprétation de Pinkerton, l’un desrôles les plus antipathiques du répertoirelyrique, forcément trop courtpuisque l’intrigue repose sur son départ.À leurs côtés, les seconds rôlesétaient remarquables et notammentGiovanna Lanza qui a convaincu l’auditoiregrâce à la rondeur de sontimbre au service d’une Suzuki trèsémouvante. C’est finalement la sobriétéet le bon goût des décors trèsréalistes de Luc Londiveau, aux antipodesd’un japon de carte postale,magnifiquement rehaussés par unemise en lumière parfaite de PhilippeMombellet qui ont séduit le plus enfermantles personnages dans unpathétisme prononcé… Exactementcelui qui convient à cette veine empreintede noirceur, un peu moinsvériste que les précédents opus, dePuccini.EMILIEN MOREAUMadama Butterfly a été jouéeà l’Opéra de Toulondu 16 au 22 novembre

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