CHAPITRE4REVENUS ET PAUVRETÉGraphique 4.6Taux de risque de pauvreté selon le sexe et selon le statut d’activité le plus fréquent 42 , en Wallonie, en 2008, en %Source : SPF Economie - Direction générale Statistique et Information économique - EU-SILCHommesFemmesTotal29,4 30 29,741,9 41,8 41,932,731,3 32,213,811,55,5 5,9 5,7 6,44,1 5,9 4,921,2 20,5 21454035302520151050TravailleurTrav :IndépendantTrav :EmployéSans emploiTotalSs empl :ChômeurSs empl :RetraitéSs empl :Autre inactifIl apparaît clairement qu’avoir un emploi constitue lemeilleur rempart contre la pauvreté. En effet, le tableauci-dessus montre qu’en Wallonie, les personnes sansemploi présentent un risque de pauvreté cinq foissupérieur à celui des personnes ayant un emploi. Parmiles personnes sans emploi, la situation des chômeursest particulièrement préoccupante dans la mesure oùceux-ci (41,9%) présentent un risque de pauvreté septfois supérieur à celui des personnes ayant un emploi(5,7%). Toutefois, même si le taux de pauvreté restenettement plus faible pour les travailleurs que pour lesautres statuts d’activité, la proportion assez élevée detravailleurs au sein de la population conduit à ce qu’unepart non négligeable des personnes en situation depauvreté a, en fait, un emploi. Parmi les travailleurs, onrelèvera cependant que la situation des indépendante-ssemble plus diffi cile que celle des employé-e-s 43 .Une fois encore, la comparaison avec les résultatsfl amands interpelle. Si les données relatives au tauxde risque de pauvreté des travailleurs restent dans lemême ordre de grandeur dans les deux régions (5,7%en Wallonie et 3,9% en Flandre), les chiffres relatifsaux chômeurs montrent des réalités d’une toute autreampleur. En effet, si 20,2% des chômeurs fl amandssont en risque de pauvreté, ils sont 41,9% (soit plusdu double) en Wallonie. Les différences résultentvraisemblablement surtout de la confi guration desménages dans les deux régions, et plus particulièrementdu degré de « polarisation » du travail au sein de cesménages. En effet, les ménages qui ont une « intensitéen travail » 44 qui n’est pas maximale font face à un tauxde pauvreté plus important. On peut aussi penser queles allocations des chômeurs sont plus faibles pour bonnombre d’entre eux en Wallonie, du fait d’une durée dechômage plus longue.Il est par ailleurs possible de croiser ces donnéesavec le type de ménage (comparaison de la situationdes ménages avec ou sans enfant(s) dépendant(s)).Le constat est ici aussi inquiétant pour la Wallonie :les personnes vivant dans un ménage avec enfantsdépendants dont les membres n’ont pas travaillédurant la période de référence (intensité de travail 0)présentent un risque de pauvreté de 76,8%. Lorsqu’iln’y a pas d’enfant dépendant, même si l’intensité detravail est égale à 0, le risque de pauvreté est réduit demoitié (37,2%). A l’inverse, un ménage dont l’intensitéde travail est maximale présentera un risque de pauvretélimité (6,2% s’il y a des enfants dépendants et 1,6% s’iln’y a pas d’enfant dépendant).Si l’on examine les données sous l’angle du genre,on ne perçoit pas de différences importantes entre lasituation des hommes et des femmes, si ce n’est auniveau des travailleurs/euses indépendant-es.Ces quelques chiffres illustrent bien l’importance desfacteurs « type de ménage » et « statut d’activité » pourexpliquer les données relatives à la pauvreté.PHOTOGRAPHIE STATISTIQUE75ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES EN WALLONIE42Le statut d’activité le plus fréquent est celui que les personnes déclarent avoir occupé pendant plus de la moitié des moisde l’année civile précédente.43On nuancera toutefois ce constat dans la mesure où une étude récente qui a comparé le niveau de déprivation matérielleavec le risque de pauvreté des personnes selon leurs caractéristiques sociodémographiques a montré que les indépendantssont clairement un groupe distinct qui a tendance à faire face à un plus haut risque de pauvreté monétaire et à un risqueplus bas de déprivation (ce qui est en partie lié à la difficulté de mesurer précisément leurs revenus). Voir GUIO, A.-C. Quelssont les facteurs de risque de pauvreté et de déprivation matérielle en Belgique et dans les Régions ? Namur, 2010. (Brèvesde l’IWEPS, n° 16).44L’intensité en travail est un indicateur calculé dans le cadre de l’enquête EU-SILC qui permet de mesurer l’intensité aveclaquelle les membres du ménage travaillent. Il indique le rapport entre le nombre de mois de travail prestés par les membresdu ménage en âge de travailler et le nombre de mois pendant lesquels il est possible de travailler. Assez logiquement, lesrésultats de cet indicateur montrent qu’il existe un rapport inverse entre le nombre de mois travaillés et le risque de pauvreté: plus le nombre de mois travaillés par les membres du ménage est important, plus le risque de pauvreté est faible.
CHAPITRE4REVENUS ET PAUVRETÉTableau 4.3Taux de risque de pauvreté selon le sexe et la nationalité (UE 15, non UE 15), en Wallonie, en 2008, en %Source : SPF Economie - Direction générale Statistique et Information économique - EU-SILCHommes Femmes TotalUE 15 15,7 19,5 17,6Non UE 15 76 53,5 63Selon ces données, les personnes de nationalitéextra-européenne vivant en Wallonie font face à unrisque de pauvreté particulièrement élevé (63%). Ceconstat correspond clairement aux résultats d’autresétudes qui montrent qu’une proportion importante denon-Européens vit dans une situation socioéconomiquediffi cile. Par contre, les étrangers issus des autres paysde l’Union (UE-15), ne semblent pas rencontrer plus dediffi cultés que la moyenne wallonne. Leur taux de risquede pauvreté serait même très légèrement inférieur.PHOTOGRAPHIE STATISTIQUE76ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES EN WALLONIEGraphique 4.7Taux de risque de pauvreté, avant tous les transferts sociaux, après la pension et après tous les transferts sociaux,en Wallonie, en 2008, en %Source : SPF Economie - Direction générale Statistique et Information économique - EU-SILC10080604020047,533,350,534,544,431,919,5 21,1 17,844,340,6 39,7 4224 24,292,851,335,229,827,628,615,1 16,5 24Total Femmes Hommes 0-15 ans 16-24 ans 25-49 ans 50-64 ans 65 ans et plusDans une situation hypothétique où les transfertssociaux (pensions, chômage…) n’existeraient pas,on peut constater que quasi un wallon sur 2 (47,5%)serait en risque de pauvreté (contre 19,5% selon letaux de risque de pauvreté standard). Pour les 65 anset plus, ce risque atteindrait même plus de 90% de lapopulation. Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure oùle revenu de ces personnes provient majoritairementdes pensions. Si l’on refait les calculs en incluant lespensions, on notera qu’1/3 des wallon-ne-s seraient enrisque de pauvreté, la différence (avec ou sans pension)se marquant surtout pour les 65 ans et plus.Avant tous lestransfertsAprès pensionsAprès tous lestransfertsEnfi n, pour terminer, rappelons que les résultats del’enquête SILC sur la pauvreté ne permettent pasde rencontrer les personnes qui vivent en situationd’extrême pauvreté (diffi ciles à localiser, à enquêter,à conserver d’année en année dans le panel).Les résultats qui ont été présentés ne refl ètent qu’unepartie des situations de pauvreté qui existent enWallonie et doivent, pour cette raison, être interprétésavec la plus grande prudence. Ils présentent néanmoinsun intérêt non négligeable car ils permettent d’apporterun ordre de grandeur et une base de discussion pourl’analyse.Ils permettent en outre d’identifi er, notammentau sein de la population wallonne, quels sont lesgroupes d’individus qui présentent un risque accru depauvreté.