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Mauvaises intentions #3 [80p. A4] - PDF (10.7 Mo) - Infokiosques.net

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18antirépression & luttesn’engagent à aucune actionest intenable. Quand ons’est mobilisé pendantdes mois, dans une école,pour empêcher l’expulsiond’un parent sans papiers,il est difficile d’assister àson arrestation sans tenterde l’empêcher. C’est làquelque chose de courant,d’ordinaire même, que cene soit pas seulement parl’expression de son opinion,mais par un engagementplus tangible quel’on manifeste réellementson opposition. Quanddes gens se font arrêteret enfermer en centre derétention, ces prisons quine disent pas leur nom,quand des gens meurenten garde à vue, en taule, surdes chantiers, alors, pours’opposer à des décisionsque l’on n’accepte plus, ontlieu des manifestations,des émeutes, des rassemblements,des grèves, desconcerts devant les prisons,des distributions de tract,des sabotages… Toutes cespratiques, fort diverses, ontun point en commun : ellesvisent à briser le fonctionnementde ces dispositifsd’exploitation, de répression,d’enfermement.Mais agir ainsi, agir toutcourt, pourrait-on dire, entout cas agir autrement quedans les règles consensuellesde la démocratie, mè<strong>net</strong>rès vite à l’illégalité. Cene sont pas seulement lesdestructions et les dégradationsen tant que telles quisont illégales. Par exemple,après les différents mouvementsqui ont eu recoursà l’arme du blocage (en2003 contre la réforme desretraites, en 2005 contre laloi Fillon, en 2006 contrele CPE), une nouvelledisposition pénale est venueréprimer l’entrave à lacirculation des trains.Ce n’est pas pour autantque la légalité doit devenirun critère déterminant del’action. L’illégalité n’est pasune idéologie pour ceux quis’y livrent. L’action illégalen’est pas une fin en soi ouce qui pourrait donner unevaleur à l’acte. Il ne s’agitpas, par la « désobéissancecivile », de prétendre remplacerune norme par uneautre, d’opposer, à la légitimitéofficielle, une légitimitéconcurrente. En fait,c’est l’idée même de normelégale qu’il faudrait dépasser.Par la loi, telle qu’elleexiste dans le systèmeactuel, c’est l’interdit et ladomination qui s’affirment,et rien d’autre.Comme le rapport à laloi, il faut démystifier lerapport à la violence. Laviolence, dans le monde ducapital, est partout : dansl’exploitation au travail,dans la vie quotidienne,dans la répression, dansl’idée même d’Etat. Elleest aussi dans la manière des’opposer à lui, car à uneforce on ne peut qu’opposerune autre force, ou êtreréduit à rien. Renoncerpar avance à toute violence,comme la position« pacifiste » l’affirme, c’estsoit admettre d’emblée sonimpuissance, soit courir aumassacre : et bien souventles deux. Pas plus quel’illégalité, la violence n’estune fin en soi. La questionest de savoir comment agirefficacement et commentse construit un rapportde force. Il n’y a pas unesolution unique mais desexpériences multiples, deshistoires de solidarité, derésistance et d’attaque.Parmi tous ces moyens,le sabotage, le grain desable dans les rouages de lamachine. C’est une oppositiondirecte, physique,matérielle à une partie d’undispositif. Il s’agit d’attaquerl’ensemble à la foismatériellement et pour cequ’il représente politiquement.Il peut s’agir toutautant de mettre un sabotdans une chaîne de montage,de s’opposer physiquementà l’expulsion d’unsans-papiers dans un avion,de mettre du sucre dansle réservoir d’un engin dechantier, et de couper descâbles de relais TV. Cesactions trouvent leur senspar rapport à leur objectifet au contexte dans lequelelles prennent place.Le sabotage peut être trèsdiffus : au travail, à l’école,sur les chantiers, sur lesvoies de circulation. C’estla pièce intentionnellementmal usinée, c’est la marchandiserendue invendablepar une dégradation,c’est l’alarme incendieintempestive et le chewinggumdans la serrure… Ona noté plus de 27 000 actes« de malveillance » sur lesvoies de chemin de fer aucours d’une seule année,s’il faut en croire Le Figaro.Au-delà de leurs <strong>intentions</strong>,ces actes témoignent dela tension sociale et d’unesprit de résistance et derévolte face aux conditionsqui nous sont faites.Dans des moments d’oppositionplus collective, qu’ils’agisse de mouvementssociaux ou de campagnecontre tel ou tel aspect dela politique de l’Etat, le sabotageest un moyen d’actionefficace pour arriver àses objectifs. Il prend placedans l’histoire de la luttedes classes depuis ses origines.Les grèves, d’abordillégales, avaient pour effetde saboter la production.Plus récemment, dansnombre de mouvementssociaux, le sabotage effectifou la menace du sabotageont été utilisés : pendant lemouvement des cheminotsde novembre 2007, face àdes fermetures d’usinesdans la métallurgie, lachimie, etc.Dans ces moments collectifs,c’est souvent un enjeuimportant que l’acte desabotage soit assumé largement.C’est la politiquedu pouvoir que d’isolerles saboteurs et d’opposerleurs actes aux <strong>intentions</strong>des autres participants àla lutte : et c’est une forcedu mouvement que de seréapproprier ce qui parfoisn’a été fait que par quelquesuns, mais poursuitl’objectif commun.

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