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Mauvaises intentions #3 [80p. A4] - PDF (10.7 Mo) - Infokiosques.net

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32briser ses liens...que ce soit qui s’y apparente) est uneépée de Damoclès au dessus de latête de ceux et celles qui se croientencore libres. Mais précisément, ellene suffit pas à décrire ou même àdéfinir l’enferment ou le contrôle. Enfait, elle tend même à s’effacer avec leprogrès technique devant la myriaded’autres méthodes de contrôle et desurveillance qui se développent pourremplir plus parfaitement et plusrationnellement encore qu’autre foissa fonction. En effet, et principalementpour une question d’économie(même si l’essentiel des politiques,pour des contradictions liées àl’époque, en particulier en France, ypréféreront encore longtemps « labonne vieille prison »), des moyensde plus en plus modernes (et aussiplus coercitifs) se développent (telsque le bracelet électronique, les différentesformes de contrôle judiciaire,la signalisation génétique systématique— prélèvement ADN —, lesimple fait de repousser un procèssur 4 ou 5 ans avec tout ce que çaimplique, mais aussi au quotidien lescaméras de surveillance, la présencepolicière permanente, et ses annexes— vigiles et milices de quartier) quimême dans le cadre d’une démocratiepourraient rendre, si ils étaientpleinement appliqués, la prisonquasiment obsolète.Parce que tout ce qui caractérisaitautre fois la prison dans ce qu’ellea de plus essentiel s’est peu à peuappliqué et généralisé à la société : laclôture donc (à la base les entrepriseset les champs, puis pour les gares, leslycées, les universités, les hôpitaux etplus particulièrement psychiatriques,les centres fermés pour mineurs,etc.), la restriction des mouvementsdans un cadre géographique strict,l’individualisme de survie et l’espritde la discipline, le clanisme (laculture du clan tant dans la politique,et l’entreprise que dans la sous-cultureurbaine financée par l’industrieculturelle) qui renforce toutes les hiérarchies,le contrôle permanent desmouvements et des activités, et biensûr la sanction (les heures de colle oules rapports et suppression de boursedans l’éducation, les avertissementset les retenues sur salaire, les suppressionsd’allocations sociales, etc.).Tenter d’appréhender la réalité ducontrôle social et de l’enfermement(de la prison à la surveillance en général— qu’elle soit individualisée oudiffuse) en termes « d’infra- » ou de« super-structure » limite en fin decompte l’analyse à un postulat, celuique sous-tend la métaphore « verticale» : à savoir qu’il y aurait unebase et des fondations sur lesquellesquelque chose de « plus important »repose. Si cette vision des chosesrecouvre une partie de la réalité surdes cas particuliers, les structures dupouvoir se montrent en général pluscomplexes et surtout inter-actives.Pour l’exemple, on peut dire que lasociété de classe et l’État (aussi bienqu’un certain nombre d’oppressionsconnexes) reposent sur la prison.Mais cela n’aurait pas moins de sensde dire qu’il n’y aurait probablementpas de prison sans société de classe etsurtout sans État. En réalité, il s’agitde démontrer en quoi l’existence deces phénomènes historiques sont liés.La prison est politique« Il s’agit de dialectique — comme le diraitHegel, qui en raison d’État s’y connaissait —entre victoire partielle et capitulation totale. Queceux qui ne respectent pas cet esclavage nommédémocratie y soient préparés. » — In « La quadraturedu cercle ou la raison d’État » par Laconjuration des égaux, juin 2000.Parce que la prison existe d’abordpour remplir cette fonction decontrôle social, la prison est politique.Elle remplit une fonction dans« la vie de la cité ». Elle est le seulvéritable argument du flic, et pourcause elle est ce pourquoi il est à lafois « respecté », plus souvent craint,et généralement haï. D’autre part, ilest évident que si la plupart des « justiciables», des personnes condamnéeset par conséquent enfermées ousuivies par des contrôles judiciairessont de manière ultra-majoritaire desexploité-e-s, généralement issu-e-sdes franges les plus paupérisées duprolétariat de la périphérie des villesou des campagnes c’est bien quela prison joue un rôle absolumentessentiel dans la domesticationde classe qu’exercent à des degrésdivers la bourgeoisie industrielle etles classes intermédiaires contre leprolétariat. En réalité, d’un pointde vue strictement économique, laprison existe surtout pour maintenirl’existence même du prolétariat etd’autres réalités sociales oppressivesplus spécifiques. Elle scelle la divisionde classe.Donc, si comme les théoriciens anarchistesdu XIX e ou même Marx etEngels l’ont amplement démontrés,la loi est un produit de la scolastiqueet les droits de l’homme un codepénal pour la bourgeoisie, alors laprison et tous les contrôles qui luisont actuellement périphériques (ausens où ils en constituent historiquementune sorte de prolongement« biopolitique » : pour l’exempledes dispositifs tel que le contrôlejudiciaire ou le bracelet électroniquecomme « prison à la maison ») sontprofondément politiques.Et par conséquent : toutes les prisonnières,et tous les prisonnier-e-s sontpolitiques.L’argument selon lequel la sphère« revendicative » des actes de protestationsou de révolte posséderaitune dimension particulière qu’il faudrait« mettre en avant » est non seulementabsurde (parce qu’il évacuel’aspect politique des actes non-revendiquésde rébellion, de révolte, oude conflictualité sociale au quotidien— soit en ignorant leur existence,soit en négligeant leur importance)mais il est en fin de compte contradictoireavec les analyses générale-

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