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Mauvaises intentions #3 [80p. A4] - PDF (10.7 Mo) - Infokiosques.net

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28contribution...d’approfondir un peu plus l’incompréhension entre lesdifférents groupes sociaux qui sont amenés à se rencontreret parfois à s’allier dans les luttes.Nous pensons au contraire que c’est parce que les séparations,les contradictions sociales sont permanentes quel’apparition de luttes est inéluctable. La rencontre entre lesexploités devient alors possible et elle est elle-même unenjeu de la lutte. Rencontre entre tous ceux qui, communémentexploités, ne le sont pas de manière égale.Soi g n e t a ga u c h eLa défense publique d’un mode de vie nous pose finalementproblème en termes de tactique politique, c’est-à-diredans les alliances qu’elle esquisse. Suivant une tactiquedouble et opportuniste, le discours sur le mode de vie a étéutilisé pour séduire, non seulement grâce à l’idée de constituerun danger politique, mais aussi en donnant à tout prixdes gages de respectabilité, s’attirant ainsi la bienveillanced’une certaine gauche. Le discours sur le mode de vie devientalors un des opérateurs de sa recomposition.La récupération de l’affaire de Tarnac par la gauche estparticulièrement flagrante. Alors que dès le second jour del’affaire, les grosses centrales syndicales criaient à la provocation,et Sud 8 au terrorisme, celles-ci ont rapidement rejointla cohorte des démocrates, des partis et des intellectuelsde gauche, tous unis d’une seule voix pour dénoncer« les lois d’exception » incompatibles avec un « État dedroit démocratique ». Les références au « déni de démocratie» sont même allées jusqu’à une pétition d’intellectuelspubliée dans Le <strong>Mo</strong>nde appelant à la défense de cettesacro-sainte démocratie. Ceci a de quoi laisser perplexetant derrière ce terme fourre-tout se cache en réalité unsystème politique qui mime la défense de l’intérêt de chacuntout en consacrant le pouvoir d’une infime minorité.Ce qui disparaît alors dans cette course à la respectabilité,c’est la possibilité même de créer des liens de solidaritéavec tous ceux, qui, attaqués par l’État, ne peuvent ni neveulent donner de tels gages de respectabilité. Avec tousceux qui, de par leur condition, sont partie prenante de laconflictualité de classe.Viei lles c h i m è r e sLe discours sur le mode de vie crée de nouvelles séparations ets’avère d’autant plus incapable de casser les catégories crééespar l’État : « jeunes de banlieue », « anarcho-autonomes »...8 Dès le 12 novembre, Christian Mahieu de Sud Rail a cru bon de mettre en garde« ceux qui frisent la diffamation en voulant confondre terrorisme et action syndicale ».Depuis deux ans de façon récurrente, l’État dans ses déclarationsmédiatiques invoque les anarcho-autonomes commeresponsables de « débordements » dans des luttes sociales.Durant le mouvement contre le CPE, les affrontementsviolents, notamment devant la Sorbonne, sont attribuésdans la presse à des casseurs « anarchistes » ou « autonomes», nécessairement extérieurs au mouvement. Lapolice et les journalistes expliquent que ces affrontementsimpliquant des milliers de personnes ont été décidés etdirigés par une poignée d’individus. Et c’est tout l’intérêtde la figure de l’anarcho-autonome : incarner à elle seuleun ensemble de pratiques collectives illégales (tags, dégradations,affrontements...). Elle crédite aussi la thèse selonlaquelle les mouvements sont toujours initiés et contrôléspar une force visible (comme les syndicats) ou obscure (ennovembre 2005, les islamistes ont été présentés comme lesincitateurs des émeutes de banlieue). Après l’incendie ducentre de rétention de Vincennes en juin 2008, l’UMP accusele Réseau Education Sans Frontières et les collectifsde sans-papiers d’être responsables des révoltes à l’intérieurdes centres. De telles manœuvres visent à extrairedes luttes sociales certaines pratiques illégales en les attribuantà un extérieur. On voudrait nous faire croire qu’il neresterait qu’une alternative : la contestation dans un cadreinstitutionnel ou le « terrorisme ».L’antiterrorisme n’est qu’un de ces outils dont disposel’État pour contenir la contestation. Tentatives qui à termesemblent vaines, tant les révoltes relèvent d’un fait socialqui ne se laissera jamais circonscrire à un groupe, un milieuou une mouvance. 9Sab o ta g e , b l o c a g e , c o n f l i c t u a l i t éEn l’occurrence, les personnes de Tarnac ont été accusées desabotages, pratiques que l’on retrouve dans les mouvementssociaux et qui peuvent être l’expression de la conflictualitéde classe. Dans cette affaire, on a vu les médias, syndicalisteset politiques effrayés à l’idée que les sabotages des lignesSNCF aient été faits par des cheminots. Quel soulagementlorsque la police affirme avoir arrêté les responsables, soi-disantmembres d’une « cellule terroriste ». Rassurés, les représentantshomologués du mouvement social se lâchent :« terrorisme » pour Sud Rail, « provocation » pour la LCRqui affirme que « ces méthodes-là n’ont jamais été, ne sont paset ne seront jamais les nôtres ».A l’automne 2007, alors que les cheminots protestent contrela casse des régimes spéciaux, des sabotages sont commis sur9 Sur cette question, voir le texte de Léon de Mattis, « Anarcho-autonome », décembre2008, dans <strong>Mauvaises</strong> <strong>intentions</strong> 2, disponible sur http://infokiosques.<strong>net</strong>/mauvaises_<strong>intentions</strong>.

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