8rappel des faitsdes affiches anarchistes grecques, deslivres et des brochures sur la lutte anticarcéraleen Europe ainsi qu’un tamponde la CAF de Seine-Saint-Denis.La troisième perquisition, étalée surdeux jours, a lieu à quelques centainesde kilomètres de Paris dans une maisondont Ines est copropriétaire. Lesflics emportent un numéro de L’Envolée(journal anticarcéral), des pétards etfeux d’artifice, ainsi que des draps, desverres, des brosses à dents et des objetsdu quotidien dans le but d’effectuerdes prélèvements d’empreintes digitaleset d’ADN. La maison est mise sousscellés, elle l’est encore aujourd’hui.Au cours de leur garde à vue, après plusieursrefus, Ines et Frank finissent paraccepter le prélèvement ADN. Selonles flics, le profil ADN d’Ines correspondraità un cheveu retrouvé sur undispositif incendiaire qui n’a pas prisfeu. Composé de plusieurs bouteillesd’essence et d’allume-feux, il a été découvertle 2 mai 2007 sous une dépanneusede police garée devant le commissariatdu XVIIIe arrondissement deParis. En plus de cette trace d’ADN féminin,4 autres masculins auraient étéretrouvés sur cet engin incendiaire.27 janvier 2008Ines et Frank sont entendus par la juged’instruction antiterroriste Marie-Antoi<strong>net</strong>teHouyvet. Très rapidement, EdmondBrunaud, un autre juge antiterroriste,travaille avec elle sur cette affaire. Cesdeux juges interrogeront les “mis en examen”et enverront des commissions rogatoiresqui permettront aux flics de réaliserdes perquisitions, des convocations, desarrestations et de multiples surveillances.Ines et Frank sont accusés de « transportet détention de substances incendiaires et/ouexplosives en vue de commettre des atteintesaux biens et/ou aux personnes et participationprésumée à une association de malfaiteursen vue de préparer des actes de terrorisme,en l’occurrence pour avoir participé auxactivités de la “mouvance anarcho-autonomefrancilienne” (MAAF), ces faits s’inscrivantdans le cadre d’actions concertées etviolentes visant à déstabiliser les structures del’Etat français. » Du fait de l’histoire de ladépanneuse, Inès est aussi inculpée pour« tentative de destruction de biens par l’effetd’une substance incendiaire ou explosive,d’un incendie ou de tout autre moyen de natureà créer un danger pour les personnes ».Frank déclare qu’il ne savait pas ce qu’ily avait dans le sac. Ines déclare qu’il s’agitbien de son sac et confirme que Frank nesavait pas ce qu’il y avait dans ce sac. Lechlorate de soude lui appartient, il lui sertà faire des fumigènes. Les plans de priso<strong>net</strong> les livres ne sont pas à elle. Elle lesa trouvés dans son appartement, qui estun lieu de passage pour beaucoup de personnes,et voulait s’en débarrasser. Quantà l’affaire de la dépanneuse, Ines nie touteparticipation à cette tentative d’incendie.Ines et Frank sont tous les deux placés endétention préventive à Fleury-Mérogis(91). Frank est sous mandat de dépôt correctionnel(c’est-à-dire par périodes renouvelablesde 4 mois) et Ines sous mandatde dépôt criminel (périodes d’un an).Ines et Frank sont chacun seuls en celluleet peuvent rencontrer les autres détenusen promenade et pendant les activités(quand ils en ont). Ils sont classés « Détenusparticulièrement surveillés » (DPS),ce qui leur vaut notamment un attirailsécuritaire spectaculaire pour tout déplacement.Des proches et toute personnevoulant rendre visite à Ines et Frank sontconvoqués chez les flics de la Section antiterroriste(SAT), au Quai des Orfèvresà Paris. C’est le groupe dirigé par Ménaraqui s’occupe des interrogatoires.17 avril 2008Le juge André se dessaisit du dossierau profit de la juge Houyvet. Lesdeux affaires relèvent désormais toutesles deux du domaine antiterroriste,et sont donc instruites à Paris.Les chefs d’accusation sont requalifiéspour Damien, Ivan et Bruno : la juge yajoute « en relation avec une entrepriseterroriste, en l’espèce la <strong>Mo</strong>uvance Anarcho-Autonome Francilienne ». Concrètement,à partir de cette date, toute nouvelle personnevoulant obtenir un parloir avec Ivanou Bruno est convoquée préalablementau quai des Orfèvres. Certains des parentsd’Ivan, Bruno et Damien y seront aussi interrogéspendant plusieures heures.fin mai 2008Contre l’avis du juge d’instruction,le JLD décide de ne pas renouveler lemandat de dépôt de Frank. Le parquet(ou procureur, représentant de l’État)ayant fait appel de cette décision, Frankpasse devant la chambre de l’instructionqui décide elle aussi de le remettreen liberté provisoire. Frank est alors libérésous contrôle judiciaire.6 juin 2008La chambre de l’instruction décide deremettre Ivan et Bruno en liberté etsont placés sous contrôle judiciaire.20 juin 2008De nouveau, Javier est arrêté au domicilede ses parents (Javier avait déjà étéarrêté le 21 mai puis relâché). Il est directementconduit devant le juge antiterroristeBrunaud, qui demande sa mise endétention et l’accuse d’« association demalfaiteurs en vue d’une entreprise terroristeet de tentative de destruction de bienspar l’effet d’une substance incendiaire ouexplosive, d’un incendie ou de tout autremoyen de nature à créer un danger pour lespersonnes ». Lors de sa dernière gardeà vue, les flics auraient aussi prélevé del’ADN sur un gobelet. Or il sembleraitque, cette fois-ci, ce profil ADN correspondraità l’une des traces ADN relevéessur l’engin incendiaire de la voiturede flics. Javier nie ce dont il est accusé. Ilest incarcéré à Fresnes sous mandat dedépôt criminel.Juillet 2008Bruno ne se rend pas à une convocationdu juge Brunaud, un mandat d’arrêt estimmédiatement délivré contre lui.14 août 2008Damien se rend à une convocationdevant la juge Houyvet. Celle-ci ademandé au mois de mai que soienteffectués des prélèvements ADN surses vêtements mis sous scellés lors desa garde à vue du mois de janvier. U<strong>net</strong>race ADN prélevée correspondrait
à l’un des ADN de la dépanneuse.La juge lui ajoute alors un chef d’accusation: « tentative de destruction debiens par l’effet d’une substance incendiaireou explosive, d’un incendie ou detout autre moyen de nature à créer undanger pour les personnes ». Au passage,la juge cherche de nouveau à obtenirl’ADN de Damien, ce qu’il refuse,expliquant son opposition au fichage.La juge demande son incarcération.Damien nie tout ce dont il est accusé.Il est emprisonné à Villepinte sousmandat de dépôt criminel.9 février 2009Inès est libérée par la chambre de l’instructio<strong>net</strong> placée sous contrôle judiciaireaprès plus d’un an d’incarcération.11 mars 2009Frank et Ivan sont convoqués devantle juge Brunaud pour « violation deleur contrôle judiciaire », ils sont accusésde s’être croisés et rencontrésalors que leur contrôle judiciaire leurinterdit de rentrer en contact. Ivan nese présente pas à la convocation, unmandat d’arrêt est immédiatementdélivré contre lui. Frank se rend à laconvocation et est incarcéré à la maisond’arrêt de la Santé.27 mars 2009Damien est libéré et placé sous contrôlejudiciaire.7 mai 2009Frank est libéré et placé sous contrôlejudiciaire.25 mai 2009Javier est libéré et placé sous contrôlejudiciaire.21 juin 2010Javier est convoqué devant le juge Brunaud.C’est à propos d’une vieille enquêtesur des sabotages SNCF pendantle mouvement anti-CPE, qui passealors en antiterrorisme. En septembre2009, un rapport indique que l’ADNde Javier aurait été prélevé sur une pairede gants en latex qui aurait été trouvéenon loin des lieux d’une tentatived’incendie contre la SNCF, datant du12 avril 2006, à Paris 19 ème . Le procureurrelève contre Javier, et contre « tousautres », des « présomptions graves »rappel des faits 9de détention et transport d’élémentsincendiaires, de tentative de dégradation,de dégradation et d’associationde malfaiteurs ; le tout en relation avecune entreprise terroriste. Cette enquêtesur le 12 avril s’inscrit dans le cadred’une enquête plus large concernantdes dégradations contre la SNCF « enbande organisée » (concrètement, desincendies sur des installations électriquesgérant le trafic des trains).20 décembre 2010Toujours sous le coup d’un mandatd’arrêt depuis juillet 2008, Bruno estarrêté à Paris et incarcéré à la maisond’arrêt de Fresnes.8 février 2011Egalement sous le coup d’un mandatd’arrêt, Ivan est arrêté à Paris et incarcéréà la maison d’arrêt de Fresnes.11 février 2011Bruno est libéré et placé sous contrôlejudiciaire.3 mars 2011Ivan est libéré et placé sous contrôlejudiciaire.Révoltes du « CPE ». La solidarité continue !juin 2010 – paris.indymedia.org – extraitsEn juin 2010, Javier est mis en examen pour une tentative d’incendie d’une armoireélectrique de la SNCF en mars 2006, au moment de la lutte contre le CPE...Encore une fois, si on qualifie des camarades d’être des terroristes,c’est simplement avec la volonté ferme de les isolerde luttes et de mouvements sociaux, et par là condamnertout acte de violence. La construction de ce nouvel « ennemiintérieur » est préparée depuis bien longtemps, et notammentdepuis le mouvement anti-CPE : la circulaire Datidu mois de juin 2008 formalise la définition de la mouvance« anarcho-autonome ». Elle vise clairement un ensemblede pratiques : les manifestations de solidarité devant leslieux d’enfermement et de tribunaux, les actes de sabotages,les tags, la volonté d’en découdre avec la police. Cette notepolicière et judiciaire attribue des pratiques à cette mouvancealors qu’elles sont des événements inscrits au sein demouvements sociaux et de la conflictualité des luttes.Mais revenons sur les luttes du printemps 2006...Il faut rappeler que le mouvement anti-CPE a été un mouvementd’ampleur, d’une étendue nationale et regroupantplein de gens différents (allant des étudiants, aux chômeurs,salariés, précaires, etc...). Les mobilisations ne sesont pas limitées à revendiquer le retrait d’un nouveaucontrat précaire, elles se sont aussi élargies à des critiquesdu travail et de l’exploitation.Au cours de ce printemps 2006, l’ébullition des pratiques delutte que ce soit chez les travailleurs, étudiants, chômeurs,précaires, ou au delà de ces catégories, a entrainé une transformationdu rapport à la « violence ». Des pratiques tellesque sabotages, manifestations sauvages ; blocages desvoies de circulation se multiplient. Ces actes, trop souvent