par le patient et le prescripteur. Ce <strong>de</strong>rnier sait que les traitementsapportent, dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, un sou<strong>la</strong>gement partiel et/outemporaire, alors que <strong>de</strong> nombreux patients, malgré une expérienced’échecs parfois longue atten<strong>de</strong>nt néanmoins <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong>s<strong>douleur</strong>s. L’évaluation <strong>de</strong> l’efficacité par le patient est une opérationcomplexe qui, en plus du sou<strong>la</strong>gement, va dépendre <strong>de</strong> plusieurs paramètrestels que les attentes du patient envers <strong>la</strong> molécule, l’attitu<strong>de</strong> duthérapeute telle que le patient <strong>la</strong> perçoit, les croyances du patient et <strong>de</strong>ses proches, l’expérience antérieure par rapport aux médicaments età <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die ainsi que <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ressentie avant l’introductiondu traitement. Une patiente explique ainsi lorsqu’on lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> si l’anti-inf<strong>la</strong>mmatoire prescrit pour <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s musculosquelettiquesa été efficace : « Quand je le prends le soir il me permet<strong>de</strong> me sentir mieux le matin, il n’est pas efficace au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>douleur</strong>, mais il n’a pas d’effet secondaire. J’ai moins mal, mais ce<strong>la</strong> neveut pas dire que c’est efficace.Efficace veut dire <strong>de</strong> ne plus avoir maldu tout. Ma sœur m’a dit que c’est un médicament léger, qu’il n’a pasd’effet secondaire, mais qu’il n’est pas très efficace ». Ce traitement nerépond pas à <strong>la</strong> définition d’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> patiente, mais si elle lepoursuit malgré tout, c’est qu’il n’est pas perçu par elle et sa sœurcomme un médicament potentiellement dangereux. Si tel avait été lecas, il est fort probable qu’elle n’aurait pas poursuivi le traitementmalgré le sou<strong>la</strong>gement ressenti.◗ Attentes et représentationsLA THÉRAPEUTIQUELe mé<strong>de</strong>cin prescripteur, en plus <strong>de</strong> ses connaissances pharmacologiques,doit être conscient <strong>de</strong>s attentes et <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong>s patientsquant à l’efficacité antalgique <strong>de</strong>s médicaments ainsi que <strong>de</strong>s attenteset <strong>de</strong>s craintes quant aux effets indésirables. Au vu <strong>de</strong> ces considérations,<strong>la</strong>prise en compte par le thérapeute tant <strong>de</strong>s représentations que<strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong>s patients face aux médicaments, apparaît comme une<strong>de</strong>s composantes essentielles dans <strong>la</strong> prescription médicamenteuse(tableau 2). Cette démarche <strong>de</strong>vrait permettre d’éviter certains malentendusou désaccords conduisant à une mauvaise observance médicamenteuse,voireà une absence d’observance,le plus souvent cachée auprescripteur. Les conséquences <strong>de</strong> tels malentendus risquent fortd’avoir un impact négatif sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion thérapeutique, <strong>la</strong> morbidité dupatient, sa qualité <strong>de</strong> vie, et sur les coûts <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé.136
Tableau 2. Quelques facteurs modifiantl’observance médicamenteuse• Connaissances, croyances, attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s patients, <strong>de</strong> leurs procheset <strong>de</strong>s thérapeutes• Évaluation individuelle <strong>de</strong> l’efficacité• Effets indésirables• Co-morbidités : anxiété, trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire…• Modalités <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise du traitement : nombre <strong>de</strong> prise quotidienne,taille <strong>de</strong>s comprimés…• Dépendance, abus médicamenteux ou d’autres substances■ THÉRAPIES COGNITIVO-COMPORTEMENTALESL’utilité d’intégrer une thérapie cognitivo-comportementale dans<strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s <strong>chronique</strong>s aété démontrée par <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s (Morley S et coll, 1999 ;McCracken LM,Turk DC, 2002).Il s’agit <strong>de</strong> thérapies <strong>de</strong> courte durée dont le but est <strong>de</strong> permettre auxpatients <strong>de</strong> mieux gérer les <strong>douleur</strong>s pour en atténuer les conséquencesphysiques et psychiques <strong>de</strong> manière à améliorer <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>vie et le mieux-être <strong>psychologique</strong> (tableau 3, page suivante). Il s’agitd’ai<strong>de</strong>r le patient à reprendre le contrôle, en se décentrant et en développant<strong>de</strong>s ressources pour faire face à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.Plusieurs techniquesindividuelles ou <strong>de</strong> groupes sont à disposition <strong>de</strong>s thérapeutes.Elles onttoutes leur utilité, et le thérapeute va choisir en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> problématique<strong>de</strong> chaque patient (Favre C et Cedraschi C, 2003).Bien que les biais liés aux difficultés méthodologiques comman<strong>de</strong>ntune certaine réserve, <strong>de</strong>ux méta-analyses concluent à une améliorationchez <strong>de</strong> nombreux patients souffrant <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s <strong>chronique</strong>s, àl’exclusion toutefois <strong>de</strong>s céphalées. Cette amélioration porte sur leurvécu affectif, <strong>la</strong> gestion cognitive et comportementale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, etpar là, l’activité et le fonctionnement dans <strong>la</strong> vie quotidienne (Morley Set coll, 1999 ; McCracken LM,Turk DC, 2002).LA THÉRAPEUTIQUE137