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62 <strong>LG</strong><br />
ÉDITION SPÉCIALE - BEST OF <strong>LG</strong> 200 - JUILLET 2017<br />
Rendre à l’artisanat<br />
ce qu’il vous a donné<br />
PAR CHRISTOPHE CHOHIN<br />
BÂTIMENT & CONSTRUCTION<br />
Le pâtissier Tom Oberweis a succédé le 15 juin dernier à<br />
Roland Kuhn à la tête de la Chambre des Métiers. Il est le<br />
premier artisan issu de l’alimentaire à être élu à la présidence<br />
de l’institution mais n’est pas intimidé par cette charge.<br />
Interview.<br />
Pourquoi avez-vous choisi d’être<br />
candidat à la présidence de la Chambre<br />
des Métiers?<br />
Cela fait 25 ans que je suis engagé pour l’artisanat<br />
en général et, comme vous vous en<br />
doutez, particulièrement pour les métiers<br />
de l’alimentation. J’étais toujours consulté<br />
par la Chambre quand il y avait des avis à<br />
rendre dans mon secteur. Je crois qu’il est<br />
important que des professionnels s’engagent<br />
pour l’artisanat, pour donner leur avis et le<br />
servir. Quand Roland Kuhn m’a demandé si<br />
j’étais intéressé par le poste, je lui ai d’abord<br />
dit qu’il fallait que j’organise ma société pour<br />
pouvoir me consacrer à une telle fonction. Il<br />
faut savoir rendre à l’artisanat tout ce qu’il<br />
vous a donné. Le bénévolat est important<br />
pour faire avancer les choses.<br />
Etes-vous contraint, de fait, de lâcher un<br />
peu les rennes de votre entreprise?<br />
Il faut dire que cela fait un certain temps<br />
que j’ai dû déléguer certaines tâches. Avec<br />
une entreprise qui compte désormais 380<br />
salariés c’est normal. Mais je garde une<br />
grande présence dans l’entreprise. De<br />
plus, dans mon métier on a la chance de<br />
commencer très tôt et d’avoir de longues<br />
journées. Cela nécessite d’avoir des collaborateurs<br />
qui prennent des responsabilités.<br />
Quelle est la situation de l’artisanat au<br />
Luxembourg?<br />
La conjoncture est bonne et l’artisanat<br />
tire son épingle du jeu. En témoignent les<br />
données structurelles: il y a plus de 7.000<br />
entreprises qui occupent environ 90.000<br />
personnes. L’artisanat est ainsi le premier<br />
employeur au Luxembourg. Dans l’artisanat,<br />
la majorité des créateurs d’entreprises sont<br />
des non-luxembourgeois. Ceci est indéniablement<br />
une richesse pour le secteur et<br />
notre pays et nous pouvons en être fiers. En<br />
même temps, il serait souhaitable que ceux<br />
qui ont été formés au Luxembourg prennent<br />
davantage la responsabilité de s’engager, et<br />
de créer leur société. L’esprit d’entreprendre<br />
et l’esprit d’initiative sont des valeurs sur<br />
lesquelles nous devons travailler.<br />
“Pas assez de<br />
terrains pour créer<br />
ou développer<br />
son activité”<br />
Que faut-il faire pour susciter davantage<br />
l’intérêt des résidents pour l’Artisanat?<br />
C’est notre rôle de promouvoir l’artisanat<br />
dans les écoles. Dès le départ, il faut<br />
montrer aux jeunes tout ce qui peut être<br />
entrepris. Aujourd’hui, on ne prend pas<br />
assez en compte les aptitudes des élèves<br />
lors de leur orientation, l’accent est trop<br />
souvent mis sur les langues si bien que des<br />
jeunes qui pourraient choisir l’artisanat<br />
ne le font pas. Par conséquent, la main<br />
d’œuvre étrangère, qui ne parle souvent<br />
qu’une langue, est importée. L’Etat et<br />
l’administration attirent aussi beaucoup de<br />
jeunes. Avec son programme de valorisation<br />
de l’artisanat pour les jeunes «handsup», la<br />
Chambre des Métiers montre la diversité et<br />
les perspectives de carrière qu’offre l’artisanat.<br />
Mais il faudra intensifier nos efforts<br />
dans ce domaine.<br />
Quels problèmes rencontrent les<br />
artisans au Grand-Duché?<br />
L’artisanat, avec une centaine de métiers,<br />
n’est pas homogène. Il existe toutefois des<br />
points communs à tous les métiers. A côté<br />
du défi de trouver des gens qualifiés, le<br />
manque de terrain à un prix abordable, soit<br />
pour créer son entreprise, soit pour la développer,<br />
est un réel problème. La Chambre<br />
n’arrête pas de le thématiser, mais jusqu’à<br />
présent sans grand succès. Une étude a été<br />
réalisée l’année dernière montrant que l’artisanat<br />
a besoin d’environ 100 hectares. Et<br />
quand bien même le terrain a été trouvé,<br />
vu les prix pratiqués, il est difficile pour<br />
certaines sociétés d’obtenir la confiance<br />
des banques. Le financement est une autre<br />
difficulté que rencontre le secteur et il est<br />
souvent un frein à la création ou la reprise<br />
d’une entreprise. Je trouve par conséquent<br />
très positif que dans le «Pakt Pro Artisanat»<br />
que nous avons signé avec la secrétaire<br />
d’Etat à l’Economie Francine Closener,<br />
une garantie de dernier ressort pour les<br />
mutualités est prévue. Cela permettra aux<br />
mutualités d’accompagner davantage de<br />
projets d’entreprise. Il faudra également<br />
réfléchir à d’autres pistes pour améliorer la<br />
situation du financement.