Essais & Simulations n° 135
Mieux faire dialoguer les bureaux d’études et les départements d’essais
Mieux faire dialoguer les bureaux d’études et les départements d’essais
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dossier<br />
Imaginez un ingénieur travaillant sur<br />
la conception d’un lanceur spatial<br />
dépassant les 60 mètres de hauteur, ou<br />
même un objet de taille plus raisonnable<br />
comme une voiture, par exemple.<br />
Il lui est nécessaire de passer en revue,<br />
dans le détail, toutes les caractéristiques<br />
: volume, interactions entre les<br />
éléments, fonctionnalités techniques,<br />
manipulations nécessaires à la maintenance<br />
future... Cette revue minutieuse<br />
et complexe de sa maquette 3D sur un<br />
écran d’ordinateur en deux dimensions<br />
est réalisable, mais source d’incompréhensions<br />
et donc d’erreurs.<br />
En effet, le cerveau humain et les systèmes<br />
perceptifs sont conçus pour fonctionner<br />
dans un monde en 3D, et non pour<br />
appréhender un monde en 3D projeté sur<br />
un écran 2D. Il manque un aspect essentiel<br />
à la compréhension intuitive d’un tel<br />
projet : la dimension de la taille réelle, de<br />
la profondeur, du volume. Tous les participants<br />
du projet doivent alors se réimaginer<br />
cette troisième dimension et à quoi<br />
ressemblerait l’objet s’il existait en vrai, à<br />
taille réelle. Tout le monde n’ayant pas le<br />
même niveau de compréhension, cette<br />
réinterprétation sera potentiellement<br />
différente pour chacun, et la communication<br />
sera d’autant plus difficile. Tout le<br />
monde a déjà vécu ce type de problème<br />
lorsque l’on essaie d’imaginer à quoi<br />
ressemblerait un appartement sur plan<br />
une fois construit. Qui ne s’est jamais dit :<br />
« ah, je voyais ça plus grand » ? Difficile<br />
dans cette configuration pour cet ingénieur<br />
d’avoir une appréhension globale<br />
et à la fois précise de son projet haut de<br />
30 étages et donc d’identifier tôt le plus<br />
d’erreurs de conception possible, inévitables<br />
dans tous les projets d’ingénierie,<br />
quelle que soit la taille du produit.<br />
Le prototype virtuel<br />
à échelle 1 pour accélérer<br />
l’identification des erreurs<br />
de conception<br />
Maintenant, imaginons que ce même<br />
ingénieur dispose, toujours en phase<br />
de conception, de la possibilité d’accéder<br />
rapidement à un prototype virtuel<br />
à taille réelle de son projet. La visualisation<br />
virtuelle à l’échelle 1 lui permet<br />
désormais de se déplacer à l’intérieur de<br />
son lanceur, d’en voir clairement chaque<br />
élément. Encore mieux que « dans la<br />
vraie vie », il peut manipuler tous les<br />
objets de son modèle, les déplacer, les<br />
repositionner, faire des découpes, des<br />
annotations, effectuer des suppressions,<br />
modifier les dimensions…<br />
Cette visualisation immersive associée<br />
à la possibilité de réaliser des simulations<br />
en conditions réelles d’utilisation,<br />
lui permet en outre d’effectuer quantité<br />
de tests. Les erreurs, qui normalement<br />
n’apparaîtraient que plus tard<br />
dans le projet ou lors de l’exploitation,<br />
sont ainsi drastiquement réduites. Un<br />
problème repéré sur un prototype en<br />
réalité virtuelle dès la phase de conception<br />
peut être résolu immédiatement<br />
et le projet représenté pour validation<br />
dans un laps de temps très court.<br />
Application dans le secteur aéronautique<br />
Le prototype virtuel<br />
vaut mille images :<br />
l’interdisciplinarité<br />
au service de l’optimisation<br />
de la conception<br />
En effet, la réalité virtuelle permet<br />
également d’optimiser les prises de<br />
décisions. Décideurs, ingénieurs, designers,<br />
responsables marketing, opérateur<br />
de maintenance ou de ligne<br />
d’assemblage, futurs utilisateurs, prestataires<br />
externes, etc. : tout au long de<br />
la chaîne de conception, des centaines<br />
de parties-prenantes sont amenées à<br />
donner leurs avis et à valider les choix<br />
et options.<br />
Parce qu’elle permet de réunir tous<br />
les acteurs dès le début – y compris<br />
à distance – dans un environnement<br />
virtuel autour d’une visualisation<br />
réaliste du projet, la réalité virtuelle<br />
offre à tous les métiers un espace de<br />
dialogue pour partager connaissances<br />
et informations sur la base d’un référentiel<br />
commun grâce au pouvoir de la<br />
visualisation à taille réelle, qui permet<br />
une compréhension sans équivoque. ●<br />
Par Sébastien Kuntz,<br />
fondateur de MiddleVR<br />
Réalité virtuelle et retours sur investissements<br />
En utilisant la réalité virtuelle…<br />
• Le Cnes, le centre spatial français, a gagné un an sur un projet d’une durée de quatre ans<br />
• NVidia observe chez ses partenaires industriels une réduction de 60 à 65% des erreurs de conception<br />
• Safran Nacelles a finalisé un projet avec huit mois d’avance sur le calendrier initial de dix-huit mois<br />
avec une réduction de 40% sur le budget<br />
42I ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>135</strong> • novembre 2018