26.11.2018 Views

Essais & Simulations n° 135

Mieux faire dialoguer les bureaux d’études et les départements d’essais

Mieux faire dialoguer les bureaux d’études et les départements d’essais

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

dossier<br />

Imaginez un ingénieur travaillant sur<br />

la conception d’un lanceur spatial<br />

dépassant les 60 mètres de hauteur, ou<br />

même un objet de taille plus raisonnable<br />

comme une voiture, par exemple.<br />

Il lui est nécessaire de passer en revue,<br />

dans le détail, toutes les caractéristiques<br />

: volume, interactions entre les<br />

éléments, fonctionnalités techniques,<br />

manipulations nécessaires à la maintenance<br />

future... Cette revue minutieuse<br />

et complexe de sa maquette 3D sur un<br />

écran d’ordinateur en deux dimensions<br />

est réalisable, mais source d’incompréhensions<br />

et donc d’erreurs.<br />

En effet, le cerveau humain et les systèmes<br />

perceptifs sont conçus pour fonctionner<br />

dans un monde en 3D, et non pour<br />

appréhender un monde en 3D projeté sur<br />

un écran 2D. Il manque un aspect essentiel<br />

à la compréhension intuitive d’un tel<br />

projet : la dimension de la taille réelle, de<br />

la profondeur, du volume. Tous les participants<br />

du projet doivent alors se réimaginer<br />

cette troisième dimension et à quoi<br />

ressemblerait l’objet s’il existait en vrai, à<br />

taille réelle. Tout le monde n’ayant pas le<br />

même niveau de compréhension, cette<br />

réinterprétation sera potentiellement<br />

différente pour chacun, et la communication<br />

sera d’autant plus difficile. Tout le<br />

monde a déjà vécu ce type de problème<br />

lorsque l’on essaie d’imaginer à quoi<br />

ressemblerait un appartement sur plan<br />

une fois construit. Qui ne s’est jamais dit :<br />

« ah, je voyais ça plus grand » ? Difficile<br />

dans cette configuration pour cet ingénieur<br />

d’avoir une appréhension globale<br />

et à la fois précise de son projet haut de<br />

30 étages et donc d’identifier tôt le plus<br />

d’erreurs de conception possible, inévitables<br />

dans tous les projets d’ingénierie,<br />

quelle que soit la taille du produit.<br />

Le prototype virtuel<br />

à échelle 1 pour accélérer<br />

l’identification des erreurs<br />

de conception<br />

Maintenant, imaginons que ce même<br />

ingénieur dispose, toujours en phase<br />

de conception, de la possibilité d’accéder<br />

rapidement à un prototype virtuel<br />

à taille réelle de son projet. La visualisation<br />

virtuelle à l’échelle 1 lui permet<br />

désormais de se déplacer à l’intérieur de<br />

son lanceur, d’en voir clairement chaque<br />

élément. Encore mieux que « dans la<br />

vraie vie », il peut manipuler tous les<br />

objets de son modèle, les déplacer, les<br />

repositionner, faire des découpes, des<br />

annotations, effectuer des suppressions,<br />

modifier les dimensions…<br />

Cette visualisation immersive associée<br />

à la possibilité de réaliser des simulations<br />

en conditions réelles d’utilisation,<br />

lui permet en outre d’effectuer quantité<br />

de tests. Les erreurs, qui normalement<br />

n’apparaîtraient que plus tard<br />

dans le projet ou lors de l’exploitation,<br />

sont ainsi drastiquement réduites. Un<br />

problème repéré sur un prototype en<br />

réalité virtuelle dès la phase de conception<br />

peut être résolu immédiatement<br />

et le projet représenté pour validation<br />

dans un laps de temps très court.<br />

Application dans le secteur aéronautique<br />

Le prototype virtuel<br />

vaut mille images :<br />

l’interdisciplinarité<br />

au service de l’optimisation<br />

de la conception<br />

En effet, la réalité virtuelle permet<br />

également d’optimiser les prises de<br />

décisions. Décideurs, ingénieurs, designers,<br />

responsables marketing, opérateur<br />

de maintenance ou de ligne<br />

d’assemblage, futurs utilisateurs, prestataires<br />

externes, etc. : tout au long de<br />

la chaîne de conception, des centaines<br />

de parties-prenantes sont amenées à<br />

donner leurs avis et à valider les choix<br />

et options.<br />

Parce qu’elle permet de réunir tous<br />

les acteurs dès le début – y compris<br />

à distance – dans un environnement<br />

virtuel autour d’une visualisation<br />

réaliste du projet, la réalité virtuelle<br />

offre à tous les métiers un espace de<br />

dialogue pour partager connaissances<br />

et informations sur la base d’un référentiel<br />

commun grâce au pouvoir de la<br />

visualisation à taille réelle, qui permet<br />

une compréhension sans équivoque. ●<br />

Par Sébastien Kuntz,<br />

fondateur de MiddleVR<br />

Réalité virtuelle et retours sur investissements<br />

En utilisant la réalité virtuelle…<br />

• Le Cnes, le centre spatial français, a gagné un an sur un projet d’une durée de quatre ans<br />

• NVidia observe chez ses partenaires industriels une réduction de 60 à 65% des erreurs de conception<br />

• Safran Nacelles a finalisé un projet avec huit mois d’avance sur le calendrier initial de dix-huit mois<br />

avec une réduction de 40% sur le budget<br />

42I ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>135</strong> • novembre 2018

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!