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Intérim<br />
À la petite cuiller (1989)<br />
« Envoyer des bouteilles à la mer… »<br />
« Un disque incroyable d’un groupe<br />
anarchiste des années 1980. J'ai<br />
beaucoup joué Mobutu, un morceau<br />
lent avec une voix féminine qui<br />
dénonce le système politique qu’on<br />
retrouve dans beaucoup de pays<br />
africains. Les noms des musiciens<br />
n’étaient pas simples à identifier,<br />
ils utilisaient des pseudos, alors<br />
j’ai envoyé des lettres au hasard en<br />
remontant les Pages Blanches. Je<br />
suis resté sans nouvelle pendant un<br />
an, jusqu’à ce qu'un certain Michel<br />
m’écrive par e-mail. En déménageant,<br />
il était retombé sur un carton<br />
de ce disque et s’était remémoré ma<br />
lettre. Conclusion : ne jamais lâcher<br />
et envoyer des bouteilles à la mer. »<br />
VINCENT PRIVAT<br />
« Faites tous les<br />
bacs à disques ! »<br />
Le disquaire parisien que le monde entier nous envie<br />
partage quatre de ses plus belles trouvailles.<br />
Des années durant, Vincent Privat a reçu à domicile. Une adresse<br />
que les DJs des quatre coins du monde s’échangeaient, avides<br />
de ses découvertes musicales. Chineur depuis l’adolescence,<br />
ce digger chevronné s’est imposé comme une référence incontournable<br />
parmi les collectionneurs de vinyles. Du funk breton<br />
aux chants médiévaux, les disques rares qu’il débusque sont<br />
désormais accessibles à tous chez Dizonord, la boutique qu’il<br />
a ouverte dans le XVIII e arrondissement de Paris. C’est au comptoir<br />
de celle-ci qu'il partage avec nous sa philosophie du digging<br />
et quelques-unes des plus belles trouvailles qui ont forgé la réputation<br />
de ce passionné.<br />
Vincent Privat jouera ses meilleurs<br />
disques sur un sound-system d’exception<br />
à l’occasion du <strong>Red</strong> Bull Music<br />
Festival Paris le 29 septembre. Plus<br />
d’infos sur redbull.com/parisfestival<br />
Puzzle Pulsion<br />
Pygmalistique (1986)<br />
« Ne négliger aucun disque… »<br />
« Je chinais dans le stock d’un<br />
producteur de musique africaine<br />
en banlieue parisienne quand je suis<br />
tombé sur une pochette de ce<br />
disque de zouk hyper recherché.<br />
Si la pochette est vide mais qu’elle<br />
est neuve, c’est peut-être qu’il y a<br />
le disque quelque part. Alors on a<br />
vidé intégralement les deux box de<br />
stockage… 50m³ ! Ça nous a pris<br />
deux jours. Et c’est dans la dernière<br />
boîte, forcément, que j’ai trouvé une<br />
dizaine d’exemplaires du disque.<br />
C’est la première fois que je trouvais<br />
un vrai lot de disques rares en parfait<br />
état. Ça s’est vendu jusque<br />
380 € le disque. Règle numéro 1 :<br />
toujours finir le stock, faire tous<br />
les bacs, jusqu’au dernier disque. »<br />
Raphaël Toiné<br />
Femmes pays douces (1986)<br />
« Remonter la piste de l’artiste… »<br />
« Une autre méthode consiste à<br />
retrouver le contact de l’artiste. J’ai<br />
écrit au musicien antillais Raphaël<br />
Toiné et suis allé chez lui à Genève.<br />
Le train était hors de prix, je n’avais<br />
pas un rond à l’époque, mais je me<br />
disais que ça valait le coup. On a<br />
fouillé dans ses affaires, ressorti<br />
les photos d'époque, les articles de<br />
presse, il m’a raconté son histoire,<br />
des anecdotes incroyables. Mais<br />
impossible de mettre la main sur le<br />
disque. Soudain, un cri au bout de la<br />
pièce : Raphaël venait de retrouver<br />
200 albums neufs ! Chacun valait<br />
200 €, je les ai mis en vente à 50.<br />
Tout est parti en deux heures avec<br />
un simple post Facebook. On a partagé<br />
les bénéfices avec Raphaël.<br />
Et nous sommes devenus amis. »<br />
Afric’ Rhythm<br />
Sans Frontière (1990)<br />
« Appeler cent fois s’il le faut… »<br />
« Un jour, auprès d'un label, j’ai récupéré<br />
une boîte de K7 démos qu’ils<br />
avaient reçues, mais probablement<br />
jamais écoutées. Je m’étais gardé<br />
celle-ci pour la fin, avec sa pochette<br />
faite main, un dessin d’enfant colorié<br />
au feutre. Dès la première seconde,<br />
grosse claque : une musique électro<br />
africaine lo-fi entre Francis Bebey et<br />
Ata Kak. J’ai appelé des centaines de<br />
fois le numéro de téléphone figurant<br />
sur la jaquette, jusqu’à ce qu'on me<br />
réponde : le frère de l’artiste. Ils sont<br />
fâchés et il ne veut pas me donner<br />
son contact, à moins de débourser<br />
une certaine somme, ce qui me<br />
dérange, éthiquement parlant. La<br />
situation est donc bloquée... J’adorerais<br />
rééditer cette musique, mais<br />
contrairement à certains, je ne veux<br />
pas agir dans le dos de l’artiste. »<br />
MATHILDE AYOUB ANTOINE CARBONNAUX<br />
20 THE RED BULLETIN