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The Red Bulletin Septembre 2019

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Intérim<br />

À la petite cuiller (1989)<br />

« Envoyer des bouteilles à la mer… »<br />

« Un disque incroyable d’un groupe<br />

anarchiste des années 1980. J'ai<br />

beaucoup joué Mobutu, un morceau<br />

lent avec une voix féminine qui<br />

dénonce le système politique qu’on<br />

retrouve dans beaucoup de pays<br />

africains. Les noms des musiciens<br />

n’étaient pas simples à identifier,<br />

ils utilisaient des pseudos, alors<br />

j’ai envoyé des lettres au hasard en<br />

remontant les Pages Blanches. Je<br />

suis resté sans nouvelle pendant un<br />

an, jusqu’à ce qu'un certain Michel<br />

m’écrive par e-mail. En déménageant,<br />

il était retombé sur un carton<br />

de ce disque et s’était remémoré ma<br />

lettre. Conclusion : ne jamais lâcher<br />

et envoyer des bouteilles à la mer. »<br />

VINCENT PRIVAT<br />

« Faites tous les<br />

bacs à disques ! »<br />

Le disquaire parisien que le monde entier nous envie<br />

partage quatre de ses plus belles trouvailles.<br />

Des années durant, Vincent Privat a reçu à domicile. Une adresse<br />

que les DJs des quatre coins du monde s’échangeaient, avides<br />

de ses découvertes musicales. Chineur depuis l’adolescence,<br />

ce digger chevronné s’est imposé comme une référence incontournable<br />

parmi les collectionneurs de vinyles. Du funk breton<br />

aux chants médiévaux, les disques rares qu’il débusque sont<br />

désormais accessibles à tous chez Dizonord, la boutique qu’il<br />

a ouverte dans le XVIII e arrondissement de Paris. C’est au comptoir<br />

de celle-ci qu'il partage avec nous sa philosophie du digging<br />

et quelques-unes des plus belles trouvailles qui ont forgé la réputation<br />

de ce passionné.<br />

Vincent Privat jouera ses meilleurs<br />

disques sur un sound-system d’exception<br />

à l’occasion du <strong>Red</strong> Bull Music<br />

Festival Paris le 29 septembre. Plus<br />

d’infos sur redbull.com/parisfestival<br />

Puzzle Pulsion<br />

Pygmalistique (1986)<br />

« Ne négliger aucun disque… »<br />

« Je chinais dans le stock d’un<br />

producteur de musique africaine<br />

en banlieue parisienne quand je suis<br />

tombé sur une pochette de ce<br />

disque de zouk hyper recherché.<br />

Si la pochette est vide mais qu’elle<br />

est neuve, c’est peut-être qu’il y a<br />

le disque quelque part. Alors on a<br />

vidé intégralement les deux box de<br />

stockage… 50m³ ! Ça nous a pris<br />

deux jours. Et c’est dans la dernière<br />

boîte, forcément, que j’ai trouvé une<br />

dizaine d’exemplaires du disque.<br />

C’est la première fois que je trouvais<br />

un vrai lot de disques rares en parfait<br />

état. Ça s’est vendu jusque<br />

380 € le disque. Règle numéro 1 :<br />

toujours finir le stock, faire tous<br />

les bacs, jusqu’au dernier disque. »<br />

Raphaël Toiné<br />

Femmes pays douces (1986)<br />

« Remonter la piste de l’artiste… »<br />

« Une autre méthode consiste à<br />

retrouver le contact de l’artiste. J’ai<br />

écrit au musicien antillais Raphaël<br />

Toiné et suis allé chez lui à Genève.<br />

Le train était hors de prix, je n’avais<br />

pas un rond à l’époque, mais je me<br />

disais que ça valait le coup. On a<br />

fouillé dans ses affaires, ressorti<br />

les photos d'époque, les articles de<br />

presse, il m’a raconté son histoire,<br />

des anecdotes incroyables. Mais<br />

impossible de mettre la main sur le<br />

disque. Soudain, un cri au bout de la<br />

pièce : Raphaël venait de retrouver<br />

200 albums neufs ! Chacun valait<br />

200 €, je les ai mis en vente à 50.<br />

Tout est parti en deux heures avec<br />

un simple post Facebook. On a partagé<br />

les bénéfices avec Raphaël.<br />

Et nous sommes devenus amis. »<br />

Afric’ Rhythm<br />

Sans Frontière (1990)<br />

« Appeler cent fois s’il le faut… »<br />

« Un jour, auprès d'un label, j’ai récupéré<br />

une boîte de K7 démos qu’ils<br />

avaient reçues, mais probablement<br />

jamais écoutées. Je m’étais gardé<br />

celle-ci pour la fin, avec sa pochette<br />

faite main, un dessin d’enfant colorié<br />

au feutre. Dès la première seconde,<br />

grosse claque : une musique électro<br />

africaine lo-fi entre Francis Bebey et<br />

Ata Kak. J’ai appelé des centaines de<br />

fois le numéro de téléphone figurant<br />

sur la jaquette, jusqu’à ce qu'on me<br />

réponde : le frère de l’artiste. Ils sont<br />

fâchés et il ne veut pas me donner<br />

son contact, à moins de débourser<br />

une certaine somme, ce qui me<br />

dérange, éthiquement parlant. La<br />

situation est donc bloquée... J’adorerais<br />

rééditer cette musique, mais<br />

contrairement à certains, je ne veux<br />

pas agir dans le dos de l’artiste. »<br />

MATHILDE AYOUB ANTOINE CARBONNAUX<br />

20 THE RED BULLETIN

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