Journal asmac No 3 - juin 2021
Ennui - Un sentiment exaltant Cardiologie - Nouvelles thérapies pour l’amyloïdose cardiaque Hématologie - Traiter les néoplasies sans chimiothérapie? Politique - La durée de travail doit baisser
Ennui - Un sentiment exaltant
Cardiologie - Nouvelles thérapies pour l’amyloïdose cardiaque
Hématologie - Traiter les néoplasies sans chimiothérapie?
Politique - La durée de travail doit baisser
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Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Nicola Rüegsegger a choisi Savognin aux<br />
Grisons. C’était un choix délibéré. Une<br />
phrase peu surprenante si on le connaît,<br />
car il aborde les choses de manière analytique<br />
et ciblée. Il a choisi Savognin parce<br />
que «c’était un petit hôpital de montagne<br />
éloigné qui couvrait toute la palette des<br />
prestations». Cela lui a d’ailleurs permis<br />
de trouver la discipline à laquelle il allait<br />
rester fidèle ...<br />
… la médecine d’urgence. Pourquoi?<br />
Je cherchais le défi et l’aventure. Au service<br />
des urgences, on apprend à traiter 70 à<br />
80% des problèmes médicaux fréquents. La<br />
confiance de mes collègues en mes capacités<br />
et l’indépendance nécessaire dès le début<br />
étaient cool et passionnantes. Par exemple<br />
lorsque la nuit, une agricultrice nous appelait<br />
parce que son enfant avait de forts<br />
maux de ventre. Dans de telles situations, il<br />
faut non seulement poser les bonnes questions,<br />
mais aussi trouver des réponses<br />
adaptées à la situation.<br />
D’excellentes expériences,<br />
semble-t-il …<br />
On peut directement traiter de nombreux<br />
cas, c’est ce qui est sympa dans la médecine<br />
d’urgence. De plus, les tâches administratives<br />
sont moins présentes que dans le<br />
secteur stationnaire. Je trouve cela très<br />
important. <strong>No</strong>us sommes formés pour les<br />
patientes et les patients. Pas pour être assis<br />
derrière un bureau.<br />
Le revers de la médaille?<br />
Evidemment, pour moi en tant que médecin<br />
fraîchement diplômé, c’était le saut<br />
dans l’inconnu, donc une vraie aventure!<br />
Effectuer seul le service de nuit déjà le<br />
deuxième jour …! Les choses se sont bien<br />
passées grâce à deux facteurs: je pouvais<br />
toujours poser des questions quand je ne<br />
savais plus quoi faire. Car il faut bien<br />
admettre qu’après les études, on ne sait pas<br />
grand-chose de concret. Et nous étions trois<br />
médecins-assistants avec une très forte<br />
cohésion. Sans cela, nous n’aurions pas pu<br />
assurer une couverture 24 heures sur 24.<br />
<strong>No</strong>tamment pendant la haute saison,<br />
quand les urgences étaient inondées par les<br />
accidents de ski ...<br />
Beaucoup de travail donc – ou même<br />
trop?<br />
Je devais assurer le service de piquet une<br />
nuit sur deux ou trois et être sur place en<br />
l’espace de dix minutes. A l’époque, je considérais<br />
que c’était acceptable. Dans d’autres<br />
circonstances, cela n’aurait évidemment<br />
pas été possible. Mais je n’ai pas non plus<br />
tout accepté.<br />
En effet, déjà comme étudiant du premier<br />
semestre, Nicola Rüegsegger a été<br />
confronté au thème des bonnes conditions<br />
de travail et de formation postgraduée<br />
dans les hôpitaux. Jusqu’à la fin de<br />
ses études, il a siégé comme délégué de<br />
l’Association Suisse des Etudiants en Médecine<br />
(swimsa) au Comité directeur et au<br />
Comité central de l’<strong>asmac</strong>. Sa motivation?<br />
«J’aimais l’ambiance chez vous. Car à<br />
l’<strong>asmac</strong>, il s’agit finalement aussi de faire<br />
bouger les choses et d’aider les médecins.<br />
Avec d’autres moyens et à un autre niveau.»<br />
Quels que soient les moyens et l’endroit:<br />
on ne peut pas simplement foncer à<br />
tête baissée.<br />
Même si en l’écoutant, on se demande<br />
comment cela peut fonctionner: d’un côté,<br />
ce gars agité à la longue silhouette, très direct,<br />
duquel les idées jaillissent en permanence<br />
et qui voudrait les mettre en œuvre<br />
plutôt hier qu’aujourd’hui pour avoir fini<br />
avant demain. Et de l’autre, cette grande<br />
association qui doit d’abord trouver le bon<br />
équilibre entre les intérêts et avis de ses<br />
membres avant de se mettre à l’ouvrage.<br />
Qui ressemble d’ailleurs souvent à une<br />
roue de hamster, car de nombreux efforts<br />
et discussions dans la politique de la santé<br />
tournent en rond jusqu’au moment où il y<br />
a enfin un changement et des améliorations.<br />
«Nicu le gérait bien et savait différencier<br />
les choses», se souvient Simon Stettler,<br />
directeur de l’<strong>asmac</strong> de longue date. Il<br />
l’a connu comme un gars honnête et bon.<br />
Comme authentique et battant.<br />
Revenons donc à l’hôpital de Savognin<br />
et à ce qu’il y a fait.<br />
Tu dis: «Je n’ai pas non plus tout<br />
accepté.» Quoi concrètement?<br />
Je savais sur la base de mon expérience<br />
dans votre association ce qui était conforme<br />
à la loi sur le travail et ce qui l’était moins.<br />
Je suis donc entré en contact avec le directeur<br />
de l’hôpital pour trouver des solutions<br />
à différents problèmes. La réaction a été<br />
positive. Ainsi, l’organisation de la pause<br />
de midi a rapidement été améliorée.<br />
Tu ne craignais pas de te rendre<br />
impopulaire?<br />
<strong>No</strong>n. Pourquoi? Mon intention était bonne:<br />
je me suis présenté avec mes revendications<br />
pour montrer que je me considérais comme<br />
le partenaire de l’hôpital.<br />
Il estime que l’on peut toujours changer<br />
et influencer les choses. Un éternel optimiste?<br />
Pour une fois, il lui faut un peu<br />
plus de temps pour répondre: «Oui, dans la<br />
mesure où je tente de trouver une approche<br />
positive.» Ce qui le dérange cependant:<br />
«Si on fait quelque chose seulement<br />
pour que ce soit fait, sans améliorer les<br />
choses. Si un système nous empêche<br />
d’avancer.» Il cite comme exemple le logiciel<br />
de l’hôpital. «Chacun saurait comment<br />
mieux faire et ce ne serait même pas<br />
si compliqué du point de vue technique.<br />
Mais on se dit simplement: on ne peut rien<br />
y changer!» Il trouve cela frustrant.<br />
<strong>No</strong>us savons cependant que Nicola<br />
Rüegsegger ne serait pas fidèle à lui-même<br />
s’il acceptait les choses sans broncher. Il<br />
veut faire mieux – il le voulait déjà lorsqu’il<br />
était étudiant. Cela a commencé à<br />
Bâle.<br />
Quel a été le déclencheur?<br />
A l’époque, il fallait télécharger soi-même<br />
les documents pour les cours depuis le<br />
serveur de l’université et les imprimer. Je<br />
me suis dit que cela serait plus simple et<br />
rapide avec une solution centralisée. Un<br />
collègue a donc développé un logiciel pour<br />
télécharger les documents. <strong>No</strong>us les avons<br />
ensuite imprimés, rassemblés et rapidement<br />
mis à disposition des étudiants. On<br />
pouvait utiliser ce service par un abonnement.<br />
Cela a tellement bien fonctionné qu’il<br />
en a résulté 20 emplois accessoires pour des<br />
étudiant(e)s.<br />
Quelles étaient tes connaissances<br />
informatiques à ce moment-là?<br />
Mon intérêt pour la technique remonte<br />
loin, au point qu’en deuxième année d’école,<br />
j’avais acheté pour 300 francs un ordina-<br />
«Moi, médecinassistant<br />
…»<br />
Dans sa série, le <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong> donne<br />
la parole à des médecins-assistant(e)s<br />
– anciens et contemporains, avec<br />
différentes biographies et de toute la<br />
Suisse. L’article veut dresser une<br />
image multidimensionnelle et personnelle<br />
de la formation postgraduée et<br />
du parcours professionnel. Déjà paru:<br />
Dina-Maria Jakob (n° 5/2018),<br />
Lisa Bircher (n° 1/2019), Jürg Schlup<br />
(n° 3/2019), Christoph Jans (n° 5/2019),<br />
Agathe Evain (n° 4/2020) et<br />
Herbert Aschwanden (n° 1/<strong>2021</strong>).<br />
Vous souhaitez y participer?<br />
Alors, écrivez à marti@<strong>asmac</strong>.ch.<br />
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3/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>