LUMIERES N°42 MARS 2023
Interview croisée : Jacqueline OSTY, paysagiste, directrice de Osty et associés et Agnès JULLIAN, présidente de Technilum Dossier : Éclairage des établissements de santé - Cahier technique : éclairage des musées
Interview croisée : Jacqueline OSTY, paysagiste, directrice de Osty et associés et Agnès JULLIAN, présidente de Technilum
Dossier : Éclairage des établissements de santé - Cahier technique : éclairage des musées
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Lumières Interview croisée<br />
© Arnaud Duboys Fresney<br />
Jacqueline OSTY<br />
Directrice de l’agence de paysage et<br />
d’urbanisme Osty et associés<br />
© Nathalie-Oundjian<br />
Agnès JULLIAN<br />
Présidente de Technilum et présidente de<br />
la commission éclairage extérieur<br />
du Syndicat de l’éclairage<br />
Comment la lumière s’inscrit-elle dans les aménagements du paysage urbain ?<br />
Jacqueline Osty – Depuis que je travaille avec les concepteurs<br />
lumière, notamment avec Roger Narboni, de Concepto,<br />
mais aussi avec Les Éclaireurs, Noctiluca et Coup d’Éclat,<br />
j’ai toujours été frappée par le fait que l’éclairage peut révéler<br />
le territoire. La lumière offre une autre manière d’aborder<br />
les aménagements ; l’éclairagiste s’appuie sur des éléments<br />
du territoire et réveille les paysages, pluriel, urbain<br />
et rural. L’éclairage en donne une autre lecture, plus large,<br />
plus globale, c’est ce qui est important : on ne se focalise<br />
pas sur le détail, mais on considère les éléments dans leur<br />
ensemble, en retenant les choses essentielles et attractives<br />
qui construisent les lignes de force, les points de repère, les<br />
plans, les surfaces, etc. Quand je découvrais un lieu au début<br />
d’un projet, j’aimais bien que Roger Narboni m’accompagne<br />
: sa manière d’appréhender un lieu la nuit m’apprenait<br />
beaucoup, et cette lecture commune me semblait très<br />
constructive pour l’un et pour l’autre. Ainsi, au début d’un<br />
projet d’aménagement, ma réflexion porte sur la vision à<br />
la fois diurne et nocturne des lieux. Et cette lecture de nuit<br />
permet de percevoir de manière plus simple les éléments<br />
constitutifs de ce paysage, de ce territoire.<br />
Agnès Jullian – Je partage complètement cet avis. La lumière<br />
magnifie le paysage, et, en devenant matière, en modifie<br />
la perception, en jouant sur les effets, en dessinant des<br />
contours, en apportant de la douceur, ou de la rigueur, selon<br />
ce que le concepteur lumière veut exprimer, ou révéler<br />
du quartier. Il devient facile de créer des espaces ludiques et<br />
d’animer les centres-villes. La lumière, c’est la vie ! Éteindre<br />
au cœur de la ville n’a pas beaucoup de sens aujourd’hui,<br />
même au nom d’économies d’énergie. En tant que fabricant,<br />
et avec les maîtres d’œuvre, nous nous efforçons de<br />
nous imprégner de l’esprit des lieux, chaque projet est pensé<br />
in situ. Il ne s’agit pas de prendre le même matériel pour<br />
le réimplanter ici et là. Que ce soit de jour ou de nuit, il<br />
faut éviter de banaliser le mobilier d’éclairage et la mise<br />
en lumière. Nous pouvons toujours adapter, voire proposer<br />
du sur-mesure, en jouant sur les hauteurs des mâts, les<br />
configurations, les implantations, les finitions, les températures<br />
de couleur… Comme les paysagistes, nous travaillons<br />
essentiellement pour l’espace public, donc les collectivités<br />
locales, souvent avec des équipes de maîtrise d’œuvre pluridisciplinaires.<br />
Cela fait partie de notre ADN de créer des<br />
produits dans des contextes de lieux, d’aménagements ou<br />
de projets : plus de 60 % de notre production concernent<br />
la réalisation de solutions spécifiques. Historiquement,<br />
on a souvent dit de Technilum que c’était un fabricant<br />
« haute couture de l’éclairage », ce qui, pour la petite<br />
LUMIÈRES N° 42 - <strong>MARS</strong> <strong>2023</strong> - 7